Sous les projecteurs depuis une dizaine d’années, Lisbonne s’impose comme l’une des capitales les plus « cool » d’Europe. À l’esprit décontracté commun aux villes bordées d’eau, s’ajoute sa personnalité attachante qui s’exprime à travers l’architecture, la gastronomie, la musique, les couleurs et la lumière si particulières de cette ville… Alis Ubbo, havre enchanteur, comme l’appelaient les Phéniciens, a tout pour plaire mais ne s’en vante pas. C’est sans doute ce qui la rend si séduisante. 24 heures à Lisbonne ? A la fois frustrant et suffisant pour tomber sous le charme.
08h00
Débuter en douceur
Paris ou Rome ont leurs cafés, Lisbonne a ses kiosques. Sémaphores colorés qui rayonnent à travers la ville. Tout bon Lisboète n’envisage pas de débuter sa journée sans un passage au quiosque do refresco de la place ou du parc le plus proche afin de siroter son galão (le cappuccino portuguais).
Olivier Romano
09H00
Marcher entre les lignes
Aux commandes de la reconstruction de Lisbonne, dévastée par le tremblement de terre de 1755, le marquis de Pombal a tracé un modèle architectural qui s’exprime dans les larges allées rectilignes de la Baixa (ville basse). Le palais du marquis, dans le quartier d’Oreias, réunit quant à lui tous les codes du baroque et du rococo.
Olivier Romano
10h00
Céder à la tentation
Certains clichés lisboètes ont la peau dure …et le cœur tendre. Résister aux plaisirs crémeux des Pastéis de Belém, une institution depuis 1837, relève pourtant du péché. Bien sûr, il faudra affronter la file d’attente (on arrive donc le plus tôt possible) et par pure provocation, on opte pour le pastéis de bacalhau (beignet à la morue).
Karsten Moran/REDUX-REA
11h00
Mettre cap sur l’art contemporain
Changement d’ère à l’ouest quartier de Bélèm. Sur les rives du Tage, là même où les premières caravelles embarquaient vers le Nouveau Monde, s’est posé le MAAT, un ovni architectural réunissant sous sa coupe ondulée, art contemporain, architecture et technologie.
12H00
Feuilleter un peu d’histoire
Derrière l’une des nombreuses façades d’azulejos du Chiado, repose la plus ancienne librairie du monde. Fondée en 1732 par deux Français, la Livraria Bertrand, rassemble des milliers d’ouvrages sur les étagères sculptées de six salles voutées. La dernière, dédiée à l’écrivain Fernando Pessoa, abrite un café dont les recettes sont extraites des ouvrages de cuisine à disposition.
13h00
Faire le plein de vintage
Lisbonne n’a pas attendu la tendance « old is the new cool » pour mettre en lumière les savoir-faire artisanaux du pays. Des maisons comme A Vida Portuguesa sont passées maîtres du vintage en réunissant sous un même toit plus de 6000 objets et produits du terroir, iconiques ou revisités. La petite boutique Principe Real Enxovais, spécialisée dans le linge de maison brodé depuis 1960, continue, elle, a séduire les âmes élégantes depuis Grace Kelly.
14h00
Déjeuner à la Cantina
Ancienne zone industrielle de l’Alcântara au XIXe siècle, le LX Factory est un îlot créatif réunissant ateliers design, concept stores, et restaurants. La Cantina en est l’un des points névralgiques qui a réhabilité l’espace et le mobilier de l’usine Mirandela. On déguste une cuisine locale et en partie réalisée au feu de bois.
Olivier Romano
15h00
Défier la gravité avec Siza
Imaginé pour l’Exposition Universelle de 1998, Le Pavillon du Portugal est à la fois une prouesse technologique et l’une des œuvres les plus significatives de l’architecte Alvaro Siza Viera (Pritzker Price 1992), chef de file de l’architecture contemporaine portugaise. Une voile de béton horizontale de 1400 tonnes, qui rappelle celles des caravelles du XVe siècle.
16h00
Plonger dans l’art contemporain
Le musée national du Chiado, niché dans un couvent du XIIIe siècle et rénové sous le coup de crayon de l’architecte Jean-Michel Wilmotte, expose sculptures, dessins, peintures et photographies d’artistes contemporains portugais, des plus célèbres aux plus underground.
17H00
Flasher sur le street-art
Les murs de la capitale portugaise constituent un formidable terrain d’expression pour les artistes urbains du monde entier. Parmi les œuvres les plus émouvantes, les portraits géants du Portugais Vhils, réalisés dans le quartier de l’Alfama.
©Vhils/Bruno Lopes
18H00
Se faire une toile en plein air
Capitale cinégénique et cinéphile, Lisbonne se vit aussi sur grand écran. Bastion du cinéma d’auteur, la Cinemateca Portuguesa, à Principe Real, réunit expositions et projections jusque sur sa terrasse.
20h00
Réveiller ses papilles
Depuis quelques années déjà, la gastronomie portugaise attise les appétits du monde entier. Entre les traditionnelles sardinhas des tascas (le bistrot portugais) et la cuisine moléculaire, on goûte une cuisine nouvelle, riche de saveurs naviguant de l’océan à l’arrière-pays. Le cadre est, lui aussi, souvent saisissant : un ancien Palais (Pharmacia à Santa Catarina), une usine de conserve revisitée (Prado à Baixa). Un panorama formidablement riche qui se reflète dans les assiettes lisboètes.
Prado à Baixa - Instagram
21H00
Cueillir les cerises sur les toits
La Ginjinha ou Ginja, une liqueur de griottes typiquement lisboète, se boit « com o sem elas » (avec ou sans fruits) et s’apprécie d’autant plus qu’on est perché comme une mouette sur l’un des nombreux roof-top de la ville. Un concept que Lisbonne semble avoir inventé tellement les vues sur le Tage sont belles, particulièrement lorsque le soleil y plonge. La preuve au Topo Martim Moniz, l'un des plus beaux rooftops de Lisbonne, qui surplombe le quartier ancien de Mourari.
22h00
Succomber au fado
Pas de Lisbonne sans fado ! Avant de partir, on partage la saudade de celles et ceux qui donnent voix à l’âme du pays. Entre autres, au Mesa De Frades dans l’Alfama pour son ambiance retro, ou encore à la Tasca do Chico, dans le Bairro Alto, où les fadistes amateurs croisent au hasard les stars du genre.
00h00
S’essayer au zouk Bass sur le Tage
L’heure de se défouler a sonné ! Et Lisboa la festive ne manque pas d’opportunités. Les noctambules électriques ont rendez-vous sur les rives du Tage, au Lux Fragil, dans les pas de la chanteuse Pongo, révélation de ce rythme endiablé qui puise ses racines en Angola.
Par
EMMANUEL BOUTAN
Photographie de couverture
JEROME GALLAND