A l'image de l'âme russe, tout ici est extrême. Comme pour se caler sur la démesure géographique de ce pays qui n'en finit pas, en Russie on fait tout en plus grand, on chante, on rit, on pleure, on vit plus fort.
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Manger du caviar à la louche
le temps où cela ne coûtait pas grand chose est bel et bien révolu. Mais le caviar, ici, reste bien plus abordable que chez nous. Quel caviar choisir? Oubliez le caviar de la mer Caspienne, qui produisait 90% du caviar. Décimées par la surexploitation et par la pollution des eaux, les esturgeons sauvages de la grande mer intérieure sont menacés d'extinction, et leur caviar sauvage interdit à la vente depuis une dizaine d'années. Vous pourrez goûter l'osciètre, l’acipenser schrenckii, ou essayer le béluga, le caviar le plus cher au monde, car il existe très peu d'esturgeons de cette espèce, et qu'il faut plus de vingt ans pour pouvoir en extraire les œufs : seulement 300 kilos de caviar béluga sont produits annuellement.
Le fin du fin, c'est l'almas, qui signifie en russe « le diamant », un caviar particulier, encore plus haut de gamme, qui provient également du béluga : ses œufs blancs, presque translucides, constituent le caviar le plus cher au monde. Oublions la louche et prenons une petite cuillère, en nacre – la seule matière qui n'altère pas le goût de cet or noir.
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Une architecture futuriste surannée
L'URSS a produit les immeubles surdimensionnés, en pierre raide, qui bordent les grandes avenues des cités. Mais aussi, à partir des années soixante, au moment de la guerre froide des étoiles entre les deux super-puissances, toute une série de bâtiments sixties, ode à un futur radieux, comme des vaisseaux spéciaux qui se seraient incongrûment posés au sein de la ville. L'Institut cybernétique ou le Terminal des passagers de Saint-Pétersbourg, la maison Melnikov à Moscou, et, ici ou là, une station de métro, un arrêt de bus, nous emmènent illico dans un vieux film de science fiction.
Photographie : Vasily Baburov
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Passer une journée dans le musée de l'Ermitage
ou deux, tant le musée est riche (il propose d'ailleurs des entrées sur 2 jours). En soi, l'ensemble des bâtiments qui le composent - le théâtre de l’Ermitage, le Vieil Ermitage, le Nouvel Ermitage et le Petit Ermitage, et enfin le palais d’Hiver - presque tous situés au bord de la Neva, c'est déjà un joyau, que L'UNESCO a inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'Humanité.
Ensuite, la richesse des collections est vertigineuse : L'Ermitage, c'est le plus grand musée du monde en termes d'objets exposés, (plus de 60 000 pièces dans près de 1 000 salles tandis que près de trois millions d’objets sont conservés dans les réserves), et, avec ses 16000 œuvres, la plus importante collection de peintures, de Rembrandt à Rubens, de Matisse à Gauguin, de Léonard de Vinci à Pablo Picasso.
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Prendre le transsibérien
Dans sa version classique, vous le prendrez de bout en bout, de Moscou à Vladivostok. Dans l'option internationale, vous irez de Moscou à Pékin, en passant par la Mongolie, arrêt à Oulan Bator. Si vous prenez le chemin des écoliers, vous stopperez à chaque gare, enfin, pas toutes, il y en a des centaines, mais vous pourrez prendre le pouls des villes qu'il traverse, tout du long des 9288 kilomètres de son périple. Au kilomètre 956, visitez les églises de Kirov; au kilomètre 2138, la ville de Tioumen, verte sur les rives de la Toura; au 3336, Novossibirsk, globalement grande et moche, mais avec sa jolie gare verte, et, face à un monumental Lénine, le plus grand théâtre-opéra du pays, plus grand encore que le Bolchoi; au kilomètre 4098, Krasnoïarsk, au bord du fleuve Ienisseï, et son architecture variée.
Si vous avez un peu de temps, après toutes les heures dans le train, allez vous dégourdir les jambes face aux parois rocheuses de la réserve naturelle de Stolon; Au Kilomètre 5185, c'est Irkoutz, "le Paris de la Sibérie", une étape majeure. En reprenant le train, surtout ne somnolez pas : les vues sur les forêts et sur le lac Baikal sont à couper le souffle. Faites une pause à Slioudianka, au kilomètre 5311, à la pointe du lac Baïkal, pour aller faire un tour sur ses eaux; au 5641, il faut s'arrêter de nouveau, à la gare d'Oulan Oude, capitale de la Bouriatie, et aller s'avancer dans les steppes, voir les monastères bouddhistes et les grands cercles chamaniques, un avant goût de Mongolie; au 7723, on s'arrêtera à Chimanov, parce qu'on est dans l'oblast d'Amour; au kilomètre 8351, nous sommes à Birobidjan, dans l'oblast autonome juif, construit dans les années 1920 et dont la place centrale est ornée d'un immense chandelier à sept branches. Kilomètre 9288 : voilà Vladivostok. On le refait dans l'autre sens ?
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Vérifier si la Place Rouge est aussi belle que dans la chanson de Bécaud
La Place Rouge est-elle vide? Peu de chance, sauf si vous voulez nous faire mentir (alors, allez-y une nuit de pluie froide à 3 heures du matin). La Place Rouge est-elle blanche? Là, cela peut se faire, un petit matin d'hiver. Mais, rouge et pleine, et sans Nathalie comme guide, elle est tout aussi somptueuse, bordée des murs rouges du Kremlin, avec tout au fond, les bulbes multiples de la Cathédrale Saint-Basile.