Cuba

Actualité Cuba : Mieux comprendre la situation avec Thibaud Perdrix

Actualité Cuba : Mieux comprendre la situation avec Thibaud Perdrix

Date de mise à jour : 17 / 12 / 2014 

 

Le 17 décembre dernier, Barack Obama et Raul Castro annonçaient la normalisation des relations entre leurs deux pays. Depuis, pas une semaine sans l’annonce d’une nouvelle mesure symbolisant ce rapprochement. Pourtant, alors qu’un troisième cycle de pourparlers s’est ouvert à la Havane le 16 mars, les négociations progressent pas à pas.  On fait le point sur les changements attendus avec Thibaud Perdrix, directeur Amérique Latine chez Voyageurs du Monde. 

 

Qu’est-ce que le rapprochement entre les deux pays a déjà modifié pour les Cubains et les Américains ?

Les réformes déjà actées augmentent le montant de devises que peuvent envoyer à Cuba les Cubains américains, le plafond est passé de 500 à 2000 dollars par trimestre – une mesure importante, quand on sait que l’économie cubaine repose sur l’aide des émigrés ; elles facilitent les déplacements des Américains sur l’île (mais pas encore pour le touriste américain qui n’a d’autre but que de visiter Cuba) ; elles facilitent les télécommunications – qui jusqu’à aujourd’hui transitaient par un autre pays, et donc coûtaient extrêmement chers, pour une  liaison de qualité médiocre.

 

Et pour les voyageurs ?

Un exemple me vient à l’esprit : Carthagène des Indes, en Colombie, sur la côte Caraïbe – dont on dit qu’elle est la soeur jumelle de La Havane. En fait, c’est La Havane, version rénovée.  Les maisons arabo-andalouse sont des bijoux architecturaux – jusque dans les années 90, elles étaient complètement délabrées, laissées à l’abandon. Quand un groupe hôtelier a transformé un couvent en hôtel de luxe, ça a été le début d’un cercle vertueux : les propriétaires, qui n’entretenaient plus leurs maisons, ont compris qu’ils pouvaient en tirer des revenus, et ont entamé des travaux de rénovation ; et on a pu valoriser ce patrimoine architectural sublime. La venue d’investisseurs privés, quand elle sera possible – ce n’est pas encore le cas – permettra  (entre autres) une valorisation du patrimoine dans la vieille ville de La Havane et dans les autres villes coloniales, Trinidad, Santiago… Malgré l’implication du gouvernement,  des rénovations sont plus que nécessaires.

 

Certains craignent une « américanisation » de Cuba …

Cela fait longtemps que Cuba n’est plus un système communiste pur et dur. Les Cubains sont entrés dans une logique de consommation depuis une dizaine d’années déjà. Le développement du tourisme, et les échanges qu’il rend possibles entre Cubains et Occidentaux, y sont d’ailleurs pour beaucoup. Mais Cuba ne va pas se transformer du jour au lendemain, on ne va pas changer comme ça 50 ans de mentalité communiste. Et je n’ai pas d’inquiétude sur ce que  les Cubains vont faire de leur île - sur l’environnement par exemple, ils disposent déjà d’un grand nombre de lois de protection, très efficaces. Cuba c’est l’Amérique Latine, Cuba ce n’est pas, et ce ne sera jamais les Etats-Unis – Cuba est latine, comme Puerto Rico, pourtant US, reste latine.  Sa langue, sa culture, sa musique, son histoire sont tournées vers l’Amérique latine. Cela va être intéressant de voir comment Cuba va évoluer dans les prochaines années – encore une fois, c’est une évolution qui va prendre du temps ! Et je crois qu’il faut faire confiance aux Cubains. Les Cubains sont des Caribéens ! C’est un peuple qui va rester chaleureux, musicien, latino. C’est certain. 

 

Interview réalisé par Marion Osmont, rédactrice Voyageurs du Monde