Etats-Unis

Correspondance New-Yorkaise par Raymond Depardon

Correspondance New-Yorkaise par Raymond Depardon

En 1981, Christian Caujolle est nommé rédacteur en chef du service photo de Libération. Il ouvre les pages du quotidien à de nouvelles écritures, initie un autre rapport entre textes et images, pour donner une place centrale à la photographie, non plus considérée comme simple illustration, mais comme porteuse de sens et d’information.


A l’été 1981, il invite Raymond Depardon à une chronique quotidienne.De début juillet à mi-août, Libération consacrera chaque jour une pleine page de sa rubrique « international » à une photographie légendée de New-York. C’est la première fois dans l’histoire de la presse, en France et dans le monde, qu’a lieu une telle publication d’images, au jour le jour, entre carte postale et carnet de notes. Cette Correspondance inaugure « les années Libé » pendant lesquelles va s’inventer une nouvelle photographie de presse.C’est difficile à réaliser aujourd’hui, à l’ère de la photographie numérique et de l’Internet, mais la Correspondance, c’est aussi une aventure quotidienne  - Raymond Depardon doit chaque jour développer, tirer et expédier une photographie. Une aventure racontée par Christian Caujolle dans « Un bel été », en préface au livre, « Correspondance new-yorkaise. Les absences du photographe », publié dès 1981, et qui adjoint aux photographies de Depardon une réflexion sur l’acte photographique, signée Alain Bergala, critique aux Cahiers du Cinéma. 25 ans plus tard, Depardon et Bergala rééditent l’ouvrage, devenu un « classique » et depuis longtemps épuisé.

Ils ajoutent à l’édition originale des photographies inédites et une réflexion sur la photographie, revenant sur la période féconde des années 80, qui a vu un quotidien d’information consacrer durant tout un été une pleine page à une chronique photographique. 

 

> Correspondance new-yorkaise. Les absences du photographe. Avec Alain Bergala. Libération / Cahiers du Cinéma. 

 

Et aussi

> Manhattan Out, avec Paul Virilio, Steidl.En 1980, Raymond Depardon séjourne plusieurs mois à New York, il arpente les rues de la ville : « Je commençais à faire des photos tout en marchant, sans viser, avec mon Leica en bandoulière, sans prendre cela au sérieux, pour essayer d’avoir moins peur, pour m’approcher des gens (…) pour prendre confiance en moi. (…) Je marchais sans fin » raconte-t-il dans le prologue de « Correspondance new-yorkaise ». 25 ans plus tard, il (re)découvre ces images, qu’il n’avait pas aimées à l’époque. Une belle déambulation dans la ville, à travers une série de portraits frontaux.


> Le désert américain, Bibliothèque des arts, Hazan. En 1982, Olivier Froux, ami de Depardon, monteur de ses films Numéro Zéros, Reporters et San Clemente, meurt accidentellement. Quelques jours après son enterrement, Depardon retourne aux Etats-Unis, qu’ils avaient parcouru ensemble quelques semaines plus tôt. Le désert américain, c’est un livre de cinéaste pour un ami disparu, tel un plan séquence sur les paysages mythiques des westerns américains.

 

Photographie de couverture : Thierry L-Sturm