Olinda, joyau de l’architecture coloniale, Recife, au cœur de la modernité : deux villes voisines et dissemblables, pour voyager du baroque au contemporain.
Si Rio et Bahia sont tournées vers la mer, Recife, elle, se nourrit des énergies conjuguées de l’océan Atlantique et des terres du Nordeste – la plupart de ses habitants en sont originaires, fiers de leur culture paysanne. Est-ce ce métissage entre Atlantique et Sertão qui impulse à Recife ce tempo vibrant ? La troisième ville du pays est un pôle économique de premier rang – avec une croissance annuelle de 10 % ! -, c’est aussi la scène privilégiée de toutes les cultures alternatives. Sa formidable énergie est palpable sur ses plages, dans ses bars et ses salles de concert. C’est comme si la terre bougeait sous nos pieds, comme si la ville même était électricité - pour apprécier Recife, lâchez prise, laissez-vous porter par son énergie !
Erik Jan Ouwerkerk/HH-REA
Pour commencer la journée en couleurs, on se perd dans le grand marché de San José, avec ses étals généreux de pitayas, d’acérolas et de goyaves. Dans la chaleur qui monte, on file à Brasilia Teimosa, l’ancienne favela rénovée en un bruissant quartier populaire, pour déjeuner de crevettes sautées au citron vert, avec pour horizon océan et fleuve Capi Baribe. En début d’après-midi, cap sur la plage de Boa Viagem… Barbecues, parties de volley, baignades, les pernambucanos, démarche assurée et verbe haut, viennent chaque jour y animer le cœur vibrant de leur ville. On reste là jusqu’au début de soirée, où s’ajustant au rythme de la foule, on passe de bar en bar pour boire un jus de maracuja ou une caipirinha. Puis, laissant la plage à ses concerts géants, on termine la soirée au Bar Central, le lieu de rassemblement de la communauté bohème, où artistes et intellectuels réinventent chaque nuit la scène mangue contemporaine. Le mangue beat, mix de musique traditionnelle du Pernambuco, de rap, reggae, et d’électro, ne pouvait naître qu’ici, à Recife, dans cette ville fondée sur des marécages, gagnant sur la mangrove – mangue en portugais. Chico Science, son initiateur, prônait une création ancrée dans la culture populaire et ouverte sur le monde, à l’image de la forêt de mangrove, dont les arbres se déploient en ancrant leurs racines dans la vase. Un symbole qui pourrait être étendu à la ville, fière de ses traditions et pourtant résolument tournée vers l’avenir, au cœur du Brésil du XXIème siècle, le Brésil de tous les possibles.
The New York Times/REA
Le lendemain, à Olinda, on vérifie l’assertion de Chico Science : « a melhor vista de Recife é de Olinda, e vice-versa », qu’on peut traduire par « le meilleur point de vue sur Recife est à Olinda, et vice-versa », avant de se plonger avec délices dans un autre Brésil, celui des colonies portugaises. La belle endormie exhibe ses splendides églises baroques serties d’une nature exubérante – manguiers, arbres à pain, bougainvilliers et flamboyants. Les enfants courent dans les rues pavées en faisant voler des cerfs-volants, les dames discutent assises sur le perron de leurs maisons colorées ; à la tombée de la nuit, on s’enivre des sons mêlés de Olinda, cantiques échappés des églises, cuivres et tambours des orchestres de fevro, et cris des vendeurs ambulants d’acarajé.
Les bonnes raisons d’aimer Recife
Profiter du carnaval avant le carnaval quand, dès début janvier, tambours et fanfares impulsent à Olinda et à Recife le rythme du frevo
Visiter la maison du grand anthropologue Gilberto Freyre, auteur du livre Maîtres et Esclaves
S’endormir, bercé par les mouvements du hamac, dans le patio d’une pousada
Visiter l’église Notre-Dame du Rosaire des Hommes Noirs
Profiter de l’océan, protégé de ses ardeurs par le récif de corail
Découvrir la région natale de Lula, dont il est parti pour São Paulo à l’âge de 7 ans, avec sa mère et ses frères et sœurs
Faire une balade à cheval dans les paysages arides de « l’outback brésilien », le Sertão.