Polynésie

L'archipel des Tuamotu

L'archipel des Tuamotu

Posé entre ciel et Pacifique, ce fin collier d’atolls s’étire sur plus de 1800 km. Un chapelet de perles dessinées en pointillés pour mieux marquer la frontière entre le lagon et les profondeurs. Le nirvana des plongeurs se trouve là, parmi les raies manta, les requins et les barracudas.


Rangiroa

Vous viendrez d’abord pour la mer. Normal, la terre ici n’est qu’accident, quelle terre d’ailleurs ? L’île surgie de la mer est retournée aux flots, l’atoll n’est qu’une bande étroite, concession que Dieu Océan ne laisse aux hommes que s’ils sont sages. Parfois, tournons la tête, à gauche l’océan, à droite le lagon, il faut baisser les yeux pour se convaincre qu’on ne marche pas sur l’eau. Vous viendrez pour la mer, la mer ne vous décevra pas. Si vous plongez, vous découvrirez une des plus riches faunes au monde. Si vous ne plongez pas, un masque et un tuba suffisent, se laisser dériver et descendre la passe, on croirait un aquarium, barracudas, requins, dauphins, poissons multicolores, poissons clowns et napoléons, en bancs serrés ou solitaires. Vous traverserez le lagon vers des turquoises encore plus fous, des récifs surgis de la mer en sculptures sophistiquées. Vous viendrez pour la mer, et vous reviendrez pour les hommes, pêcheurs, rameurs, boulistes, et musiciens, joueurs de guitare et de ukulélé.

Rangiroa

Ma Felipe/iStock/Getty Images Plus

 

Tikehau

Elle fut longtemps à l’abri de l’Occident. Il fallut attendre le XIXème siècle pour que l’atoll soit mentionné par le marin russe Otto von Kotzebue. Mais on le laissa tranquille, l’atoll put continuer à somnoler, à fabriquer du sable blanc et rose, fin comme une poudre pour le teint. 1977 le relia au reste du monde, l’aérodrome fut construit – une piste posée sur la mer, on croirait amerrir plutôt qu’atterrir, flanqué d’une petite maison au bord de l’eau, comme une maquette pour poupées. C’est à la fin des années 1980 que Tikehau sortit un peu de l’oubli, lorsque le commandant Cousteau y fit une grande expédition, dans ce qu’il définit comme l’île la plus poissonneuse au monde. La Calypso est repartie, mais les poissons sont bien restés. Immense piscine naturelle de 26 kilomètres de large, le lagon de Tikehau abrite des raies-aigle, des bancs denses de barracudas et de thons, requins-marteau, requins-gris, tortues, dauphins… tellement qu’on ne sait plus où poser les yeux.

Tikehau

Motu Ninamu

 

Fakarava

On ne peut s’y perdre que dans ses pensées, en rêvassant face au lagon. Fakarava n’a qu’une seule route, et encore, juste sur une petite portion de l’atoll. Le “ kilomètre zéro” est au centre du village de Rotoava, qui rassemble la majeure partie des 800 habitants de l’atoll. Le bitume stoppe à l’aéroport, ensuite c’est une piste de sable, et tout au bout, plus de route, juste une borne dans le sable, qui marque le “kilomètre dix et demi”, la large passe de Garuae. Ici les coraux sont somptueux, bien vivants, chatoyants. Les poissons se bousculent, loches, mérous, barracudas, raies aigle et raies manta, requins marteau tigre ou pélagiques, tortues et dauphins, les perles noires, vertes et bleues grossissent lentement, dans les fermes qui semblent avoir poussé naturellement, comme des grands arbres solitaires sur l’eau du lagon.

Fakarava

M lenny/E+

 

Manihi

Vous verrez des perles un peu partout en Polynésie, mais c’est ici la mer nourricière, ici que fut créée la première culture perlière de toute la région. Le lagon est ponctué de fermes sur pilotis, petits accidents gris au dessus de l’eau turquoise. L’atoll est oval comme un ballon de rugby, fine frange affleurant à peine à fleur d’eau. Car l’eau est tout ici, comme pour les icebergs, ce que l’on voit n’est qu’une infime partie des choses. C’est sous l’eau que tout se passe. Lentement, car sous l’eau le temps change d’échelle. Les mouvements se font doux, harmonieux, même la chasse du barracuda est chorégraphie. La lumière filtre les couleurs et d’un coup, schlack ! Le soleil donne un coup de projecteur sur un corail mauve, un poisson jaune, un coquillage géant. Sous l’eau, à l’abri de l’huitre nourricière pour 18 mois, bat le cœur de l’île, les perles qui font rêver le monde et vivre la plupart des quelques 400 habitants de l’atoll.

Manihi

Patrick Le Floc'h

 

Nukutepipi

Plages de sable rose et vastes étendues de corail blanc, on pourrait se perdre dans cette immensité. Pourtant, Nukutepipi est le septième plus petit atoll de l’archipel de Tuamotu. Île privée idyllique pouvant héberger jusqu’à 52 personnes, ce micro-atoll abrite une faune et une flore foisonnantes. Ce qui donne lieu à une production de miel parmi les plus délicats. Une douceur qui n’a pas échappé aux nombreux honeymooners qui viennent célébrer leurs noces en admirant les couchers de soleil.

 

Photographie de couverture

VERONIQUE DURRUTY