Population
620 739, en 2021.
Langue Officielle
Le monténégrin.
Langues parlées
Le monténégrin a le statut de langue officielle. Toutefois, le serbe, le croate, le bosniaque et l’albanais, sont reconnues langues d’usage officiel. Le monténégrin, le serbe, le croate et le bosniaque sont mutuellement intelligibles. Le monténégrin s’écrit soit avec un alphabet latin, soit avec l’alphabet cyrillique. Afin de marquer la singularité de la langue nationale par rapport au serbe, les autorités soutiennent l’alphabet latin. Toutes choses n’étant pas aussi tranchées que certains le souhaitent. Ainsi, 20% des serbophones seraient des Monténégrins.
Peuples et Ethnies
En 2020, les plus nombreux sont les Monténégrins (47%) et les Serbes (30%). Assez loin derrière viennent les Bosniaques (8%), les Albanais (5%), les Croates (1%) et les Roms (0,8%). Il est à noter que la diaspora monténégrine, toutes composantes confondues, serait forte d’environ 800 000 personnes, 70 000 résidant en Serbie (différents dispositifs ont visé à limiter l’influence que cette diaspora pourrait avoir sur la vie du pays).
Religions
72% des Monténégrins sont orthodoxes. Ils appartiennent pour la plupart à l’église orthodoxe serbe, mais les autorités semblent vouloir promouvoir une église orthodoxe monténégrine, encore embryonnaire. Les musulmans (sunnites) sont environ 16%. Les catholiques viennent ensuite, autour de 3,5%. La communauté juive compte quelque 400 personnes. Pas de religion d’Etat.
Fête Nationale
13 juillet (reconnaissance par le congrès de Berlin en 1878).
Calendrier des fêtes
- 1er janvier : nouvel an.
- 7 et 8 janvier : Noël orthodoxe.
- En mars/avril : semaine sainte.
- 27 avril : jour de la Constitution.
- 1er et 2 mai : fête du Travail.
- 9 mai : jour de la Victoire (contre le nazisme).
- 21 et 22 mai : fête de l’Indépendance.
- 13 juillet : fête nationale.
- 29 novembre : fête de la République.
- 25 décembre : Noël catholique.
Les dates des fêtes musulmanes sont mobiles.
Politique
Le Monténégro, république parlementaire, est régi par la constitution de 2007. Parlement monocaméral à 81 membres, élus pour un mandat de cinq ans à la proportionnelle (des dispositions spéciales permettent la représentation de minorités même peu importantes en volume). Le parlement détient le pouvoir législatif, qu’il partage toutefois avec le gouvernement, et même le corps électoral. Le premier ministre est nommé par le président (élu pour cinq ans au suffrage universel direct). A la tête du gouvernement, il dirige l’exécutif. Aux termes de la constitution, le pouvoir judiciaire est indépendant.
Histoire
Admettons que, même si des traces de peuplement plus anciennes existent, ce sont les Grecs qui, à partir du VIIIe siècle avant JC, lancent l’histoire de ce qui deviendra le Monténégro. De leurs comptoirs, ils ont noué des contacts avec la population illyrienne. On pirate joyeusement le long des côtes, ce qui exaspère les Romains. Lesquels prennent le contrôle de la région au IIe siècle avant JC. Ils assainissent la situation, mais l’Imperium se rompt. La ligne de partage entre les empires d’Occident et d’Orient passe en plein Monténégro. Ce qui ne sera pas sans incidences sur l’esprit du pays. Enfin, de tout cela les Goths n’ont cure, ni les Avars qui ravagent en passant, Ve et VIe siècles. Pendant ce temps, Rome a passé la main et des Slaves se sont discrètement installés dans la mosaïque des peuples. Constantinople est aux manettes.
Les Slaves montent en puissance, ils profitent des, ou se soumettent aux, aléas du contexte élargi : papauté romaine, empire byzantin, ambitions bulgares. Byzance prend le pas sur Rome au VIIIe siècle ; Rome sur Byzance au XIe. Dans ces remuements, un grand-duché slave émerge, la Rascie. Dans le périmètre de celle-ci, entre les bouches de Kotor et le lac de Shkodër, une entité se singularise, la principauté de Dioclée. En 1077, le pape en reconnait l’indépendance ; son prince, Mihailo Vojislavljevic, devient roi. Un siècle plus tard, la Dioclée est à nouveau sous tutelle de la Rascie. Qui se transforme peu à peu en empire serbe. Dans ce nouveau cadre, la principauté dite de Zeta prend le relai de la Dioclée. Le terme Crna Gora - monte negro - désigne au début du XIVe siècle une partie de cette Zeta. Quasi-indépendance et sujétion alternent au gré des fortunes de guerre. A-t-on vu arriver le nouveau cador ottoman ? Toujours est-il qu’en 1479, il est là. Une nouvelle période commence.
Le maillage turc n’est pas très serré. Un relief bousculé contrarie la régularité administrative. Parallèlement, au XVIe siècle, le pouvoir traditionnel régional passe au métropolite de Cetinje. Une lignée de princes-évêques orthodoxes prend en main la destinée du pays. Au début du XVIIIe siècle, l’un d’entre eux appelle au meurtre de tous les musulmans du Monténégro. Ce sont les Vêpres monténégrines. Tant d’énergie anti-ottomane séduit la Russie qui, de son côté, entreprend d’enfoncer la Porte. Les tsars vont soutenir la consolidation de la petite principauté. Au milieu du XIXe siècle, le prince-évêque Daniel 1er Petrovic-Njegos met fin à la conjonction des pouvoirs politique et religieux. Il remporte à Grahovo une victoire décisive sur les Turcs. Sa francophilie, par contre, met à mal l’alliance russe. Toujours les tensions est-ouest. En 1859, des frontières monténégrines sont officialisées par une commission internationale. Quelques soubresauts plus tard, en 1878, au congrès de Berlin, l’empire Ottoman déclinant reconnaît l’indépendance de la principauté du Monténégro. Laquelle, dotée d’une constitution libérale, devient un royaume en 1910.
En 1912 et 1913, le Monténégro prend part aux guerres des Balkans contre la Turquie. Puis à la 1ère Guerre mondiale côté alliés. A la fin de celle-ci, l’Assemblée démet le roi et vote le rattachement du pays au royaume de Serbie, 28 novembre 1918. Ce qui lui vaut de rallier la Yougoslavie quelques années plus tard. Les choses ne se font pas sans déchirements. La 2nde Guerre mondiale voit les Italiens, puis les Allemands, tenter d’installer un ordre à leur façon. Ce sont finalement les communistes de Tito qui imposent le leur. Une République socialiste du Monténégro est l’un des éléments de cette deuxième Yougoslavie (et les bouches de Kotor sont intégrées à la riviera socialiste). Jusqu’à appartenir à une troisième et ultime mouture, avec la seule Serbie, de 1992 à 2003. La Communauté d’Etats de Serbie-et-Monténégro va ensuite exister trois ans. Le 3 juin 2006, la partie monténégrine proclame son indépendance.
Personnalités
- Nicolas 1er, 1841-1921 : Prince souverain du Monténégro de 1860 à 1910, roi de 1910 à 1918, Nikola Petrovic-Njegos, ancien élève du lycée Louis-le-Grand, a présidé à la modernisation de son pays au tournant du XXe siècle. Il lui a en particulier octroyé une constitution libérale. Engagé sur tous les fronts au cours de décennies remuantes, il se range du côté des alliés pendant la 1ère Guerre mondiale. Déchu à la fin de celle-ci par le parti proserbe, il s’en va méditer sur l’ingratitude des peuples au Cap d’Antibes. Où il meurt. Sa dépouille est rapatriée à Cetinje en 1989.
- Milo Dukanovic, né en 1962 : Elu à la présidence, pour la troisième fois, en 2018, après avoir été aussi quatre fois premier ministre, Milo Dukanovic, né à Niksic, est le poids lourd de la politique monténégrine. Clairement, on ne peut se passer de lui. Il est l’un de ces hommes forts issus de l’ancienne Yougoslavie. Nationaliste lucide, politicien business business, il soutient activement le tournant monténégrin de son pays. Et la procédure de son intégration à l’Union Européenne (dans un esprit sans doute proche de celui de Viktor Orban).
- Bojana Popovic, née Petrovic en 1979 : Olivier Krumbholz voyait en elle l’une des premières joueuses de sa génération. Le handball féminin est un peu une spécialité monténégrine et madame Popovic fut superlative parmi de très bonnes. Arrière gauche, sa carrière en club s’est partagée entre la Yougoslavie 3e formule (4 fois championne) et le Danemark (6 fois championne). Avec l’équipe nationale, elle décroche une médaille de bronze (Yougoslavie) aux championnats du monde de 2001 et une médaille d’argent (Monténégro) aux JO de 2012. La situation politique durant sa carrière en a sans doute limité le plein essor.
- Miodrag Duric, dit Dado, 1933-2010 : Il nait à Cetinje, y passe la guerre et perd sa mère. Ce qui le marque profondément et hante son travail postérieur de peintre, graveur, dessinateur (sans que celui-ci puisse se réduire au ressassement de la douleur). C’est la rencontre de Jean Dubuffet et du galeriste Daniel Cordier qui lui permet d’intégrer le milieu artistique parisien dans les années cinquante et d’y trouver sa place. A New York, il rencontre la plasticienne cubaine Hessie, qu’il épouse. Ils s’installent à Hérouval - Montjavoult, Oise. Où il poursuivent leur vie d’artiste.
- Jean de Plan Carpin, 1182-1252 : Il nait en Ombrie, mais il meurt à Antivari, aujourd’hui Bar, dont il est évêque, après une longue carrière de diplomate. Le fait saillant de la vie de ce franciscain est le voyage qu’il fit à la cour du khan mongol Ögödei comme légat du pape Innocent IV. Il ne rencontre d’ailleurs pas Ögödei - mort avant-même le départ de Jean - mais son fils et successeur Güyük, auquel il remet les lettres du souverain pontife et fait un offre de conversion. Refusée. Alors, il rentre. La relation qu’il écrit de sa pérégrination est le premier témoignage européen de première main sur le monde mongol.
Savoir-vivre
Le pourboire est à l’appréciation des clients. Pour toute personne intervenant dans le cadre des prestations achetées par notre intermédiaire, il ne se substitue jamais à un salaire. Néanmoins, il est d’usage un peu partout dans le monde de verser un pourboire lorsqu’on a été satisfait du service.
Pour les chauffeurs, nous vous conseillons, au minimum, l’équivalent de 2 euros [?] par jour et par personne. Le double pour les guides.
En ce qui concerne le personnel local - serveurs, porteurs, etc. - les usages varient. Le mieux est d’aligner votre pourboire sur le prix d’une bière, par exemple, ou d’un thé, d’un paquet de cigarettes. Il vous donne un aperçu du niveau de vie et vous permet, comme vous le faites naturellement chez vous, d’estimer un montant.
La tradition du corso perdure : la promenade, en fin d’après-midi, sur le cours principal du village, du quartier ou de la ville, est un rendez-vous social important (et l’occasion de faire des rencontres). D’ailleurs un certain formalisme est de bon goût. On s’habille, par exemple, pour sortir. Pas de laisser-aller. Jusqu’au petits déchets qu’on serait tenté d’abandonner dans la rue : non ! Pour ce qui est de la politique, et beaucoup de choses ont une charge politique, n’en parler pas, sinon pour être d’accord avec son interlocuteur.
Cuisine
Sa situation a rendu le Monténégro sensible aux influences méditerranéenne et balkanique (ce qui signifie aussi turque, par le fait de l’empire ottoman). Les popeci, escalopes de veau ou de porc - toujours l’ambivalence - farcies au fromage sont un plat éminemment populaire. Le kacamak, une espèce d’aligot, est une préparation de pommes de terre, de farine de maïs, de fromage et de lait. On y ajoute du miel ou du lard, selon. Et on remarque que les ingrédients de base - pomme de terre et maïs - sont d’origine américaine. C’est le fromage sans doute qui est indigène. Dans le lac de Skadar, la carpe prospère. Les habitants du coin en profitent à la poêle, avec un mélange de fruits vinaigrés. On peut manger avec, comme avec beaucoup d’autres choses, de l’ajvar, un condiment fait de piment et d’aubergine. Et illustrons l’empreinte ottomane par une trilogie classique que tous les Balkans ont adoptée : le burek, feuilleté viande ou fromage, la sarma, feuille de chou farcie, les baklavas - ici, plutôt aux noix et aux amandes.
Street food. La pljeskavica et les cevapi sont deux versions d’un même plat : mélange de viandes hachées - agneau et bœuf en général - et d’oignon, grillé et servi dans un pain pita avec quelques condiments. On trouve ça à presque tous les coins de rue. La première se présente comme un steak haché, les seconds sont façonnés en rouleaux. Et ça fait toute la différence. Et tout le débat !
Boisson
Afin de parer à toute éventualité, on boira de l’eau minérale en bouteille. Ou de la bière - la Niksicko, brassée à Niksic, étant la marque nationale. Ou du lait fermenté, des jus de fruit, des sodas. Le pays produit des vins de bonne tenue, à partir surtout du cépage vranac pour les rouges ; krstac, vieux cépage indigène, pour le blanc. Le premier accompagne particulièrement bien le jambon fumé. L’hydromel, medovina, est cher aux Slaves. La loza est une eau de vie de vin, que l’on boit - attention ! - en apéritif.