Dans ce pays où l’objet et le savoir-faire ont gardé une dimension immense, dénicher prend tout son sens. Marrakech, escale essentielle dans la vie d’un chineur, est un labyrinthe où il faut savoir se perdre. Aujourd’hui, l’ancienne cité caravanière préserve un artisanat millénaire tout en absorbant la modernité et les influences extérieures pour créer des lieux et des objets totalement dans l’air du temps.
6h30
La rumeur de la médina monte jusqu’au toit-terrasse de La Villa Nomade. Jus d’orange frais et confitures maison. Le souk de Bab El Khemis, le “marché aux puces” de Marrakech, est à un quart d’heure à pied.
7h15
Une femme enroulée dans un châle rouge vif déballe plats à tagine, théières émaillées, bouilloires et pelotes de laine, premier coup de cœur brut.
8h00
Le regard s’arrête sur un vieil entonnoir à huile en bois et un pilon rafistolé d’une pièce de boîte à sardines, qui lui donne un cachet unique. Première “négo” et satisfaction de décrocher à prix raisonnable une pièce quasi intouchable chez un antiquaire.
9h00
Direction le souk Chouari, celui de la vannerie et du bois. Flash sur des panières tressées aux teintes pistache et mastic. La technique est traditionnelle, l’allure contemporaine. On prend.
9h30
Même coup de cœur pour une série d’ustensiles en bois de citronnier finement sculptés.
11h00
La chaleur monte, libère l’odeur de cire. La ruche s’agite. Pause macchiato, sur la terrasse perchée du Café des épices.
12h30
Reboostés pour explorer la ville, côté boutiques.
13h00
Découverte d’un artisanat dépoussiéré chez Anitan Rugs, face au jardin Majorelle : tapis lumineux aux motifs modernes, bols peints à la main.
14h00
Le fil rouge d’un artisanat revisité mène à L’Atelier +Mitchi, qui mixe les talents d’une Japonaise et d’un Marocain : paniers rehaussés d’anse de cuir, porte-verres en métal recyclé.
15h00
Passage obligé par le Trésor des Nomades. Un antre où il faut être sélectif mais qui cache de belles choses : céramiques du Rif, pots à huile, et porte sculptée remplissent le coffre.
16h30
Sur la route d’Essaouira, razzia sur des tabourets tressés de laine colorée.
18h00
Fin de journée en beauté à la Maison de la poterie artisanale, avant un dernier thé à la menthe au Nomad, le QG de la place des Épices.
Notre dénicheuse à Marrakech
Françoise Dorget
Parmi les pays qu’elle a parcourus pour assouvir sa passion de l’objet et ce sixième sens pour les adapter en douceur à nos intérieurs, le Maroc tient dans le cœur de Françoise Dorget une place à part. En témoignent sa maison perdue dans la campagne d’Assilah et sa connaissance pointue des tapis.
Top 3 des objets à rapporter
Poterie du Rif
Incontournables, qu’il s’agisse d’un plat à tagine ou d’un pot de fleurs, qu’elles soient anciennes ou récentes, ces pièces uniques sont façonnées à la main par les femmes des tribus du nord du pays, selon une technique du colombin (sans tour) transmise de génération en génération.
Ustensiles en citronnier
Coupelles, spatules, couverts : le bois de citronnier traditionnellement utilisé par les sculpteurs prend aujourd’hui des formes innovantes. Plus simples, plus légères, elles apportent clairement un zeste de modernité à ces objets du quotidien.
Couverture en laine
Le textile marocain fait lui aussi sa révolution. Fini la laine qui râpe, les gammes de coloris limitées et l’accumulation de motifs. On trouve aujourd’hui – comme pour les tapis – des matières agréables au toucher, affichant des couleurs neutres et des lignes sobres.
Photographies
JEROME GALLAND