Port atlantique cosmopolite et capitale économique du Maroc, souvent délaissée par les touristes, Casablanca est une ville dynamique et créative. Son patrimoine est exceptionnel, avec, entre autres le plus riche ensemble Art Déco au monde, entre splendeur et décadence : au début du XXème siècle, elle a été un véritable laboratoire architectural. Mais sa culture est vivante : théâtre, musique, graff, c’est le coeur artistique du pays. Que faire à Casablanca en 1 journée ? Du souk de la nouvelle médina à la corniche, balade à travers la ville blanche.
08h00
S’éveiller sur le port
Le port de Casablanca, à mi-chemin entre la médina ancienne et la ville nouvelle, sa perspective sur l’océan et le grand large. Peu après le lever du soleil, on hume l’ambiance, on observe les pêcheurs remballant leurs filets, et au loin les navires de la marine nationale et les grands navires marchands, leur cordage complexe et leur camaïeu de teintes rouille.
10h00
Flâner Art Déco...
Autour de la Place Mohamed-V, foule de monuments Art Déco. On admire la Banque du Maghreb avec son imposant portail en fer forgé, sa cage d’escalier en marbre, et son plafond de verre à carreaux, qui à lui seul justifie la visite. Juste à côté, la préfecture a des airs de palais andalou. l’ABC et le Rialto, où ont chanté Edith Piaf et Maurice Chevalier, sont toujours des salles de spectacle et de cinéma. La poste, ses zelliges bleu lapis-lazuli qui enserrent les boîtes à lettre d’époque en cuivre rend nostalgique d’un époque où les courriers n’étaient pas électroniques.
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11h00
Découvrir le travail de Jean-François Zevaco
Arpentant la ville, on part à la découverte du travail de Jean-François Zevaco (1916-2003), l’un des plus importants architectes marocains. La villa Suissa, à l’intersection des trois avenues principales de la ville, aujourd’hui un peu noyée entre les enseignes mondialisées, est extravagante de plasticité graphique, entre flèches et terrasses incurvées. Dans le quartier Fida, la mosquée Assounna, construite dans les années 70, conjugue lyrisme brésilien de Niemeyer et brutalisme du Corbusier. On adore l’extraordinaire petit marché de la rue d’Agadir, dessiné en 1972 : jeu de préau de béton empilés, et cellules de ventes individuelles en découpes de béton circulaire, futuristes. Aujourd’hui encore, on y vend du poisson, on y répare l’électroménager en échange de quelques dirhams.
13h00
Déjeuner de couscous et cornes de gazelle à la médina nouvelle
Dans les années 20, Casablanca amorce un développement économique fulgurant, il faut loger les paysans qui arrivent par milliers, attirés par les perspectives économiques. A la demande de Lyautey, l’architecte Albert Laprade conçoit une médina à loyers modérés – unique médina occidentale, la cité concilie les formes de l’habitat traditionnel et le confort à l’européenne, rapidement investie par artisans et commerçants, qui l’occupent encore aujourd’hui. Sous les arcades ombragées, on fait emplette de cuirs et de céramiques – on peut négocier ici plus qu’à Fès ou Marrakech. Un peu plus loin, en promenade dans les ruelles, on craque pour le couscous berbère, aérien, de Chez Zayna. Après un thé à la menthe, pour les plus gourmands, la pâtisserie Bennis est réputée comme la meilleure du pays. En bas d’une étroite cage d’escalier, un espace de vente minuscules, du sucre et du miel, savoureux.
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14h00
Arpenter les anciens abattoirs
Dans le quartier populaire de Hay Mohammadi, une friche fermée en 2002 s’est muée en fabrique culturelle. L’édifice des abattoirs désaffectés, bâtis en 1922 par Georges-Ernest Desmarest, combinant style néo-mauresque et modernisme, est impressionnant de monumentalité. Les bâtiments articulés autours de vestes cours, toujours équipés de leurs machines d’abattage accueillent désormais street artistes, designers, danseurs et circassiens. La Fabrique culturelle des anciens abattoirs est un lieu atypique, unique au Maroc, épicentre de la culture underground casaoui.
16h00
Découvrir la jeune création à la Villa des arts
A quelques pas du parc de la Ligue arabe, installée dans une belle demeure art déco datant de 1934, Les escaliers en marbre et les ornements de fer forgé mettent en valeur le fonds contemporain de la fondation ONA. Les artistes majeurs de la nouvelle peinture marocaine – Ahmed Cherkaoui et Jilali Gharbaoui, Mohammed Chebaa… – y sont à l’honneur.
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17h00
Visiter l'église Notre-Dame-de-Lourdes
Haut vaisseau de béton brut, l’église Notre-Dame-de-Lourdes a été achevée en 1956. On la visite pour les vitraux dus à Gabriel Loire, maître verrier à Chartres qui contrastent avec le revêtement de bois du coeur.
18h00
Visiter la mosquée Hassan II
Achevée en 1993 après de nombreuses années de chantier, la mosquée Hassan II, qui plonge ses monumentales fondations dans l’océan est une prouesse architecturale. C’est aussi la plus vaste mosquée du monde musulman, si l’on excepte le sanctuaire à ciel ouvert autour de la Kaaba à la Mecque. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur que l’on prend vraiment conscience du gigantisme : la grande salle – 20 000 m² – peut accueillir 25 000 fidèles en prière. Son minaret, haut de 210 m, est visible à des centaines de kilomètres au large, pour symboliser un islam hospitalier et salutaire. C’est l’une des seules mosquées marocaines à autoriser les visiteurs non musulmans à pénétrer dans son enceinte. Au crépuscule, les familles se pressent sur son parvis, véritable aire de jeu pour les enfants. Les couples se baladent le long du rivage.
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20h00
Dîner sur l’Atlantique
Au sortir de la mosquée, on emprunte la Corniche pour dîner au bord de l’Atlantique. Tout au bout de la corniche, à proximité du phare, une assiette de mer aux accents méditerranéens, avec une vue spectaculaire sur l’océan. Et on se dit que demain, on ira jusqu’à la plage.
21h00
Boire du champagne au Ricks’ Café
Bien sûr le Rick’s est un lieu fréquenté des touristes, un pastiche qui n’a que peu à voir avec le Casablanca de Ingrid Bergman et Humphrey Bogart – entièrement tourné en studio en Californie – mais un pastiche plutôt convaincant : architecture traditionnelle immaculée, avec ses portes cintrées et ses sols de mosaïque. Le pianiste joue As Time Goes By, le champagne et les mojitos sont servis dans des verres semblables à ceux du film de 1942. Alors on cède au fantasme hollywoodien.
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Par
MARION OSMONT
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