Iran

48 heures à Yazd

48 heures à Yazd

L’arrivée à Yazd désoriente : immédiatement séduits, mais sans plus trop savoir où l’on est – Inde, Pakistan, Afghanistan, Afrique ? Est-ce le vent chaud et sec, l’architecture de désert, la peau mate des passants – ou tout à la fois – qui convoque le souvenir de voyages anciens ? On pense à Jaisalmer, on pense au Soudan. On pose nos valises dans une ancienne maison qâdjâre, en face de la mosquée du Vendredi. Là, on s’installe dans le patio, on laisse l’après-midi s’étirer jusqu’au soir – raffinement d’une eau de rose que l’on boit très fraîche, et plus tard, délice d’un fesenjaan servi dans une jolie vaisselle de céramique – on aime la sonorité du nom et les saveurs acidulées, grenade et noix mêlées.

Un peu à l’écart de la ville, deux dakhma, tours du silence, se font face ; au petit matin, on grimpe au sommet de l’une d’entre elles : jusque 1976, les adeptes de Zarathoustra y déposaient leurs morts, laissés au ciel et aux vautours. Grande émotion à être assis là, seul, au sommet de l’un des plus anciens édifices funéraires qui soient. De retour dans l’ancienne cité, la ville semble dépeuplée, on ne perçoit aucune activité derrière les hauts murs d’argile, et il faut attendre la fin de l’après-midi, quand la chaleur décroit, pour observer la vie reprendre ses droits. Des gamins riants qui s’échappent d’une cour, portant des piles de coussins plus lourds qu’eux : un pique-nique s’organise sur une terrasse voisine ; des adolescents par grappes de trois sur des scooters ; deux femmes très maquillées, juchées haut sur des talons aiguilles rouges et portant tchador, qui s’engouffrent dans un taxi, et s’amusent de notre air étonné face à cette juxtaposition incongrue.

Le soir venu, on assiste dans une zur-khoneh, maison de force, à l’entrainement de jeunes lutteurs : des garçons chétifs tournent sur eux même à la manière de derviches, puis font tournoyer au dessus de leurs tête des masses de 40 kilos. C’est une sorte de capoeira chiite, un art martial qui se travesti en danse pour tromper l’ennemi, inventé au moment de l’invasion arabe : à Yazd, on est vraiment ailleurs.

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