Ville désordonnée, mouvante, chaotique, où le passé guette à chaque coin de rue, Alger est de celles où l’on aime se perdre. Passionnément. Notre sélection de livres à avant de partir, ou à emporter, pour lire sur une terrasse de la Kasbah, face à la Méditerranée.
Nos richesses
Kaouther Adimi, Seuil
Deux histoires s’imbriquent dans Nos Richesses, celle, romanesque mais bien réelle, d’Edmond Charlot, premier éditeur d’Albert Camus, celle, fictionnelle, de Ryad et Abdallah. La librairie « Les vraies richesses », créée en 1935 à Alger par Edmond Charlot, poumon de la vie culturelle de l’Alger colonial, a survécu à la seconde guerre mondiale, à la guerre d’Algérie, à la décennie noire des années 90, et existe toujours au 2 bis rue Hamani. La minuscule boutique qui a accueilli Saint-Exupéry et Gide, aujourd’hui annexe de la Bibliothèque Nationale d’Alger, est toujours consacrée au livre et à la littérature. Fascinée par l’histoire de ce lieu, l’écrivaine a imaginé un récit fictionnel pour dire l’importance de l’œuvre de l’éditeur Edmond Charlot, et au-delà, de la littérature. Alger 2017, Ryad doit vider l’ancienne librairie achetée par un promoteur. Il se heurte à la résistance de Abdallah, dernier gardien des lieux, et de tout le quartier. Avec ce roman, Kaouther Adimi fait revivre une grande aventure intellectuelle du siècle dernier dans l’Alger d’aujourd’hui.
Climats de France
Marie Richeux, Sabine Wespieser
Climat de France, c’est le nom de la cité construite par l’architecte français Fernand Pouillon dans les années 50 sur les hauteurs d’Alger, dans le quartier de Bab El-Oued. Marie Richeux, journaliste à France Culture, a grandi en banlieue parisienne, dans une cité similaire, édifiée par le même Fernand Pouillon à Meudon la Forêt. Elle se plonge dans la vie de ceux qui habitèrent et habitent ces lieux, en France et en Algérie, pour, à sa façon, s’emparer de la question franco-algérienne.
L’Art de perdre
par Alice Zeniter, Flammarion
Française d’origine algérienne, Alice Zeniter nous emporte dans la quête de ses origines en racontant la guerre d’Algérie du côté des « perdants ». Alice Zeniter est petite-fille de harki : son grand-père, paysan kabyle, se range du côté de l’armée française. Quand il est contraint de fuir l’Algérie en 1962 avec sa famille, ils sont devenus des parias. À leur arrivée en France, ils sont parqués dans des camps de transit dans le sud de la France. De leur pays qui ne veut plus d’eux, ils ne transmettront rien à leurs enfants. A travers une fresque puissante, Alice Zeniter raconte, entre France et Algérie le destin des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé douloureux - mais L’Art de perdre est aussi un roman solaire sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et injonctions.
Jours tranquilles à Alger
par Mélanie Matarese et Adlène Meddi, préface de Kamel Daoud, Editions Riveneuve
Elle est Française, il est Algérien, ils sont mariés et vivent à Alger. Rédacteurs en chef de El Watan week-end, ils sont les observateurs privilégiés de la société algéroise et algérienne. A travers un recueil de chroniques douces-amères, ils racontent l’Algérie contemporaine. Au-delà de son président malade et de son opacité politique, ils s’attachent à montrer l’énergie et les aspirations de sa jeunesse.
Théorie d’Alger
Sebastien Lapaque Actes Sud / Barzakh
Un voyage érudit et amoureux dans Alger, où l’écrivain ne cesse de revenir. Il y est question du présent de l’Algérie, de la passion populaire pour le football, des rues en pente de la Casbah, des débits d’alcool clandestins tenus par des Kabyles. Le lisant, on emprunte ses chemins pour déambuler dans le passé et le présent de la ville blanche.
Par
MARION OSMONT
Photographie de couverture
RONAN GUILLOU