Au large de la Floride, ces îles filigranes posées sur une mer de cristal ont bien plus à offrir que l’image aseptisée de leur capitale Nassau. Les Îles Extérieures, l’autre visage des Bahamas, combinent nature brute, écotourisme réussi et plongées hors-norme. Embarquement immédiat.
Depuis Nassau, un saut de puce d’une demi-heure et le coucou se pose sur Eleuthera (liberté en grec). Dans sa chemise à fleurs, Abraham mène tranquillement son taxi vers l’embarcadère. Puis, le bateau taille la mer d’émeraude vers Harbour Island, un joyau de 4 km2. Sur le port de Dunmore Town (première capitale des Bahamas en 1648), la fanfare sonne l’arrivée du ferry. Les 1 500 habitants de l’île vivent aux rythmes de ses percussions. Aujourd’hui, elle répète pour le Junkanoo : un carnaval national qui à Noël, enflamme tous les Bahamas. Sortie de cet agréable tintamarre, Harbour Island respire la tranquillité. Ici, le véhicule le plus courant reste la voiturette de golf. On file ainsi le long du front de mer où chaque maison affiche fièrement son nom et ses couleurs. La Doll’s House (maison de poupée) joue le rose bonbon.
Peter Frank Edwards/REDUX-REA
Même choix de couleur en teinte pastel pour le sable fin qui borde la côte est de l’île (moins d’1 km de large). On rejoint cette plage de rêve après un détour par le Fashion Tree, photogénique arbre mort planté en plein lagon et devant lequel ont posé les plus grands top models de la planète, et nous ! Mais derrière cette silhouette glamour, l’île brille surtout par sa décontraction. Une cabane sur la plage, un sky juice (gin/lait de coco) à la main, et Lenny Kravitz qui passe incognito, en voisin. Si les habitants d’Harbour Island ont ouvert leur paradis aux visiteurs, ils n’en oublient pas pour autant la tradition, alors ce dimanche matin comme chaque semaine, le cœur gospel fait vibrer l’église. On poserait bien définitivement ses malles au Coral Sands, à l’instar du chef Ludovic Jarland qui a troqué la truffe de son Périgord originel pour la coco, et les réunit ici dans une subtile cuisine franco-bahaméenne. Mais l’appel du large l’emporte.
Des îles sauvages, un écotourisme réussi
Les Îles Extérieures, ont tant à offrir. Égrainées dans une mer peu profonde (Baja Mar comme l’avait nommée Colomb) – un doux enfer pour les navigateurs — ces gemmes à l’état brut sont pavées de belles intentions. D’abord, une nature sauvage à l’image de Cat Island, l’île la moins peuplée des Bahamas, altérant collines douces et plages de sable rose. Cadre royal pour les accros aux dégradés de bleu, émeraude, opale, jade dans lesquels on taquine le bonefish, poisson « fantôme » dont la chair translucide se fond à l’eau laiteuse. Plus au sud, un coup de powerboat (hors-bord surpuissant) suffit à rejoindre les Exhumas, confettis sauvages sur lesquels on partage un pique-nique avec les iguanes et les raies mantas, avant d’enfiler masque et tuba pour jouer les James Bond dans un incroyable aquarium naturel : la grotte sous-marine de Thunderball (tourné ici en 1965). Devant la qualité du spectacle, on comprend que Sir Sean Connery n’ait jamais plus quitté les Bahamas.
The Palm Beach Post/ZUMA/REA
Un grain de « liquid sunshine » (surnom donné à la pluie par les Bahaméens) sonne un nouveau départ, vers Andros. La plus grande île de l’archipel est aussi l’une des plus préservées. Vingt minutes de coucou suffisent à rallier Congo Town depuis Nassau. À peine le temps de plonger le regard dans les « trous bleus » ces mystérieux gouffres sous-marins, parfaitement circulaires, qui attirent les plongeurs sur la troisième barrière de corail du monde. Retour sur l’eau et cap sur le « Ti Amo », un écolodge en forme de déclaration à la mangrove. Au bout du ponton, une poignée de bungalows se fondent avec discrétion dans une végétation bordée d’eau translucide. Loin de l’agitation de Nassau, Andros livre le vrai visage des Bahamas.