L’Azerbaïdjan, c’est, dans le désordre, des édifices futuristes à faire pâlir les architectes de Dubaï, des caravansérails et des moucharabiehs, des vestiges d’architecture soviétique, des steppes hérissées de derricks pétroliers, des paysages lunaires entre cratères et Caspienne. Revue de détail.
Bakou est une ville multiple
La vieille ville, où persistent des empreintes zoroastriennes, sassanides, arabes, perses, ottomanes, et qui convoque tous les éléments d’une cité orientale : caravansérails, moucharabiehs en bois où grimpe la vigne, hammams et minarets, palais dont les patios abritent hibiscus, oliviers et pistachiers ; la ville d’inspiration européenne aux larges avenues et façades blanches haussmanniennes ; et enfin, la ville moderne, où l’architecture soviétique recule face à des gratte-ciel toujours plus nombreux. Là, certsaines stations de métro semblent importées de Moscou, d’autres évoquent la pyramide du Louvre ; les Flame tower, dont l’architecture ne dépareillerait pas à Dubaï, teintent les nuits de leurs 10 000 diodes. Autre emblème de cet urbanisme accéléré, le Centre culturel Heydar Aliyev, du nom – et à la gloire – de l’ancien président : gigantesque bâtiment qui déploie musée, bibliothèque et salle de congrès sur 100 000 m2. Dessiné par l’architecte irako-britannique Zaha Hadid, c’est un très bel édifice, tout blanc, tout en courbes, sans aucun angle droit, à la fois curiosité architecturale et musée – quelque peu décalé, avec une historiographie pour le moins orientée : un étage est consacré à l’exposition des cadeaux offerts au président par les chefs d’Etat étrangers !
Gunnar Knechtel/LAIF-REA
A la sortie de la ville, littoral de la Caspienne, paysage dantesque : steppes hérissées de derricks pétroliers, et longées de pipeline. Dans ce décor quasi irréel, on se prend pour James Bond – la scène d’ouverture de Le monde ne suffit pas a été tournée ici. A Gobustan, le paysage se fait lunaire : la voiture avance cahin-caha sur une route d’un désert montagneux, teintes de miel et courbes rondes. Sol craquelé, cratères de volcans de boue éructant sur fond de mer Caspienne – et les peintures rupestres et pétroglyphes chasseurs, danseurs, pirogues surmontées de croix … Le beau musée voisin permet de tout apprendre de nos lointains ancêtres. Dans la péninsule de l’Absheron, gorgée de naphte, paysages non moins extraordinaires : une colline qui brûle continuellement – paysage peut-être à l’origine du culte du feu pratiqué ici depuis des temps immémoriaux, comme en témoignent les vestiges du temple zoroastrien Ateshgah.