De Belgrade, la capitale, à l’esthétique paneuropéenne disparate, jusqu’à la flamboyante et multiculturelle Subotica, en passant par Novi Sad, bordée par le Danube, le territoire distille ses charmes antiques tout en ne manquant pas de s’inscrire dans le présent.
Belgrade : entre art nouveau et effervescence balkanique
Au centre de l’Europe, ce pays à l’histoire mouvementée et riche reste encore peu visité. La Serbie est pourtant une pièce importante de la mosaïque slave du sud et un avant-poste orthodoxe. Une situation qui détermine toute une sensibilité et une authenticité certaine, sinon une Weltanschauung (conception du monde).
Ainsi débarque-t-on à Belgrade et descend-on à l’Hotel Moskva. Art nouveau certes, mais avec une touche différente. Pas celui de Vienne (Jugendstil), ni celui du Céramic Hôtel parisien. On pense plutôt à la lettone Riga et à l’Art moderne russe. Car Belgrade appartient à une géographie esthétique paneuropéenne. La ville s’offre à nous et nous étourdit de turbo-folk, la pop des Balkans des années 1980-90.
Nevena Lucik
Un voyage entre histoire et authenticité
L’exploration pousse jusqu’à descendre le Danube en speedboat vers la Roumanie, les Portes de Fer et la forteresse médiévale de Golubac. À moins de remonter le fleuve jusqu’à Novi Sad. La Serbie moderne y est née. L’intelligentsia nationale du XIXe siècle y a tracé les voies de l’avenir. En témoignent encore la Matica srpska (l’institution scientifique et culturelle la plus ancienne de Serbie), le lycée Jovan Jovanovic Zmaj, construit en 1900, ou l’ensemble thermal Jodna banja.
La nation se concevait mens sana in corpore sano. Enfin, plus au nord, à la frontière hongroise, Subotica, Kaiserlich und Königlich (“impériale et royale”, en allemand) distille ses charmes intacts. Une belle agrafe entre le monde balkanique et l’empire central. En entrant dans le restaurant de fast-food qui a pris la place de l’ancien Café de l’Hôtel de Ville, on a un petit pincement en imaginant ce que cela fut. Si l’on vient s’étonner, peut-être obtiendra-t-on réparation…
Photographie de couverture : Dietmar Denger/LAIF REA