Eindhoven, c’est où ? Son club de football, le PSV Eindhoven, est l’un des meilleurs des Pays-Bas, et les amateurs de ballon rond savent depuis longtemps la situer sur une carte. Et vous ? Pas sûr... Pourtant, l’ancienne ville industrielle néerlandaise est aujourd’hui un véritable laboratoire créatif, foyer majeur du design en Europe. À découvrir absolument.
La Design Academy Eindhoven
Eindhoven est considérée comme l’un des épicentres mondiaux du design. Cette réputation repose en partie sur son école de design de renommée mondiale, la Design Academy Eindhoven. L’établissement, à mi-chemin entre art et design, fondé en 1947 et à l’origine tourné vers le design industriel, a acquis sa renommée grâce à l’excellence de ses anciens étudiants, pour certains réunis dans le collectif du Droog design – Gijs Bakker, Renny Ramaker, Maarten Baas, Piet Hein Eek.... Ils sont les stars des salons du design, de Milan à Miami. Aujourd’hui, l’école est à la pointe du social design, au service de causes politiques comme le réchauffement climatique ou la lutte contre la pauvreté ; le design y est pensé comme instrument d’innovation technique, sociale et environnementale. De jeunes designers du monde entier viennent se former à Eindhoven. Textile, photographie, céramique, objets : la formation est multidisciplinaire et les étudiants touchent à tout, libres d’expérimenter dans une approche du métier qui considère le designer comme un artisan. Beaucoup d’entre eux restent à Eindhoven à l’issue de leur formation, aimantés par les loyers abordables, l’accessibilité de vastes espaces de travail et l’écosystème industriel et technologique (l’Eindhoven University of Technology est elle aussi réputée comme une des meilleures écoles européennes). Ils insufflent à la ville une énergie nouvelle.
Le Strijp-S
Piet Hein Eek, pionner de l’upcycling, est aujourd’hui l’un des meilleurs représentants de la philosophie prônée par la Design Academy Eindhoven : recyclage et réinterprétation des matériaux. En 2010, il saisit l’opportunité de s’installer sur l’ancien site de recherche et développement de Philips, le Strijp-S. La ville est le siège historique de Philips – c’est ici qu’est né le premier magnéto à cassettes ! L’entreprise familiale fondée ici en 1891 par les frères Gerard et Anton Philips, devenue une des plus grosses multinationales européennes, a largement contribué au développement de la ville, des logements à loyers modérés érigés par la firme pour loger ses employés (recrutés dans tout le pays et dont le loyer était prélevé directement sur salaire) jusqu’au club de foot créé en 1913, en passant par les écoles, les hôpitaux et les parcs et espaces verts. Mais l’équipementier électronique a déménagé à Amsterdam au début des années 1990, et c’est ainsi qu’à deux pas du centre-ville, un terrain immense – 28 hectares – flanqué de la voie ferrée s’est trouvé désaffecté, ancien campus dédié à la R&D du groupe.
Sur trois hectares, Piet Hein Eek transforme le site en une « design factory » qui porte son nom. Ateliers d’artistes, showrooms de créateurs, galeries d’art et autres espaces d’exposition, néo-cantines, coffee shops et restaurants : le renouveau du Strijp-S, cœur battant de la scène créative de la ville, impulse une dynamique à un quartier devenu désirable. Strijp-S est l'un des symboles les plus évidents de la transformation d'Eindhoven. C’est aussi là que se trouve Area 51, l'un des plus grands skate-parks couverts d'Europe. On adore ! Skateboard, BMX, roller... tous les amateurs de sports de glisse sont là. Il y a des bowls, des rails, des rampes, des pyramides et des sections techniques pour les riders les plus expérimentés.
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La Dutch Design Week
Chaque année en octobre, la Dutch Design Week (DDW) transforme Eindhoven. C’est l’un des plus importants évènements européens consacrés au design contemporain, attirant des designers, des étudiants et des passionnés du monde entier. La DDW met en avant un éventail large de disciplines, allant de la mode au design industriel, en passant par l’architecture et le design graphique. Près de 3000 designers exposent leurs projets dans divers lieux de la ville, allant des galeries d'art aux usines désaffectées.
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Et aussi
Le Stedelijk Van Abbe museum - Le Van Abbemuseum, musée d'art moderne et contemporain, est l’un des plus engagés de la scène contemporaine européenne et dispose d’une des plus riches collections d'Europe. La collection permanente compte plus de 3 000 œuvres, couvrant une vaste période allant des débuts du XXe siècle à nos jours. Parmi les artistes emblématiques exposés, on trouve des noms tels que Pablo Picasso, Wassily Kandinsky et Marc Chagall. On y voit aussi les œuvres d’artistes contemporains tels Mike Kelley, Marlene Dumas et Yael Bartana. Les expositions temporaires du musée explorent des thèmes sociaux et politiques contemporains : le changement climatique, les migrations, les inégalités économiques... Elles mobilisent des approches interdisciplinaires, combinant art visuel, design et performance. Le musée se positionne également comme un laboratoire d’idées : des ateliers, des conférences et des débats sont régulièrement organisés, attirant artistes, penseurs et activistes du monde entier, explorant comment l'art peut contribuer à des sociétés plus équitables. Un lieu à découvrir absolument !
Le « Blob » - À quelques pas de la gare Eindhoven centraal, ce bâtiment futuriste, conçu par l'architecte italien Massimiliano Fuksas, est à la fois une attraction visuelle et un espace commercial. Avec sa structure en verre et en acier, le Blob (ou « binary large object », « objet binaire de grande taille ») contraste avec les austères bâtiments de brique rouge qui l’environnent, et semble défier les lois traditionnelles de l'architecture. Sa forme fluide évoque une goutte d’eau. L’édifice est conçu pour capturer la lumière naturelle qui se reflète sur ses surfaces incurvées. Les habitants de la ville en ont fait un point de rendez-vous. Il symbolise la manière dont Eindhoven marie design innovant et technologie. Le Blob est devenu une attraction majeure pour les amateurs de design.
Par
MARION OSMONT
Photographie de couverture : Grand Café, crédit : Piet Hein Eek