La Guadeloupe déploie ses ailes de papillon sur la mer des Caraïbes. Elle offre des plages de sable blanc, des plages de sable noir, et, dans la forêt tropicale, l’apaisement du grand silence végétal.
Sur l’aile droite du papillon, Grande-Terre, la balnéaire, longues plages de sable blanc protégées par les barrières de corail, lagon turquoise. Lever du soleil sur la Pointe des Châteaux, la Caraïbe hésite entre les tons pastel, la mer refuse de choisir entre vert et bleu, le ciel est mauve, et la texture des nuages évoque l’enfance (une masse rose, cotonneuse, comme la barbe à papa des fêtes foraines), un sentier caché pour rejoindre la plage encore déserte, une baignade dans la lumière du matin.
9 heures, soleil haut dans le ciel, on prend la route pour le lagon de la Porte d’Enfer, le long du chemin, les cases colorées sont saturées de lumière. Et partout, des champs de canne à sucre – même l’air qu’on respire paraît sucré. Canne, sucre, eau-de-vie, peuplement de planteurs et d’esclaves… est-ce l’île qui a précédé le rhum ou le rhum qui a précédé l’île ? Odeur âcre des fruits-à-pain, peau brune des fruits de l’avocatier, contraste en rose et vert de la goyave, rondeur lisse de la mangue, pommes-cannelle et pommes-liane, grenades et cajous : la première halte dans un jardin nous rappelle pourtant qu’il n’y a pas que la canne à pousser en cette île fertile.
Dagmar Schwelle/LAIF-REA
Basse-Terre, l’aile gauche du papillon, la sauvage, canopée et cacao. Du vert, du vert, du vert. Un vert si dense qu’on a l’impression de s’en nourrir. Un vert qui désaltère, corps et esprit. Forêt tropicale, sentiers pierreux, exubérance des plantes géantes. Chaleur épaisse, une baignade dans la rivière, eau fraiche, douce. Et derrière l’écran de ses vapeurs sulfureuses, le vieux volcan de la Soufrière. Forêt d’altitude, inextricable enchevêtrement de lianes, de mousses et d’arbres-fougères qui court jusqu’à l’autre forêt les pieds dans l’eau : la mangrove de palétuviers. Et sur les plages, sable noir des terres volcaniques. La Boucan, Pointe-Noire, La Bouillante, Malendure, les noms s’égrènent, qui disent aussi le caractère tellurique du paysage – et donnent envie de poursuivre le voyage…