Croatie

La Croatie & ses iles

La Croatie & ses iles

Officiellement européenne, toujours slave et singulière, la Croatie. Dans les villes, l’Antiquité tutoie la Renaissance, Vienne converse avec Venise. Dans les îles – si nombreuses qu’on ne peut en faire l’inventaire, plus d’un millier de confettis sur l’Adriatique – criques sauvages, mer topaze, éclats des bougainvilliers.

 

Zagreb

Zagreb, maisons baroques et senteurs d’encens aux portes des églises, et, dans la ville basse, le long des larges avenues aux immeubles cossus, le grondement régulier du tramway, le brouhaha riant des terrasses combles. Et aussi : le souvenir d’Orson Welles, qui tourna ici son adaptation du Procès de Kafka ; le goût du macchiato, qu’on déguste en terrasse, comme il se doit. 

ambiance de la ville a Zagreb

Berthold Steinhilber/LAIF-REA

 

Zadar

Zadar, la vieille ville se pelotonne sur la presqu’île. Des pavés blancs chauffés par le soleil, un petit port où les  bateaux de pêche jettent leurs taches de couleur. On s’assoit à une terrasse de café peuplée ici aussi, quelque soit l’heure d’une foule d’épicuriens tranquilles. Et quand on a trop chaud, on s’en va au bout de la rue, piquer une tête dans l’eau turquoise. L’après-midi s’étire, elle se dilate dans ces aller-retours entre l’eau et la terrasse, entre la terrasse et l’eau ; et la petite amertume de la bière croate vient habiller la douceur du début de soirée.

Mer à Zadar

Getty Images

 

L'archipel des Kornati

A 2 heures de bateau de Zadar, on hésite entre l’archipel des Kornati – autant d’îles que de jours dans l’année, 365 déserts jetés à la mer : des rochers ponctués d’oliveraies, et, le long des sentiers de randonnée, des criques à la beauté brute – et l’île de Pag (qu’on ose à peine qualifier d’île : quelques centaines de mètres seulement la sépare du continent) paysages désertiques, arides, lunaires. Et un fromage de brebis très salé, très bon, qu’on ne trouve nulle part ailleurs.

L'archipel des Kornati

Samuel Zuder/laif 

 

Split

Split, au creux de la baie, bâtie sur un rêve romain, labyrinthe de places et d’arcades où s’improvisent – là encore – des terrasses. L’empereur Dioclétien (qui fut grand persécuteur de chrétiens, certes, mais avait aussi des côtés plus sympathiques : il fut le premier des empereurs à renoncer volontairement au pouvoir) a voulu pour sa retraite un lieu de repos et d’équilibre ; quelque chose en est resté, une douceur de vivre. Au Moyen-Age, des maisons sont construites, le palais craque aux jointures et devient ville. Fleurs aux fenêtres, linge sur un fil : la vie s’épanouit au coeur du palais antique – plus de deux mille personnes y habitent aujourd’hui, sans s’apercevoir, semble-t-il,  qu’elles sont classées au Patrimoine mondial de l’Unesco. On aime l’immense portique ouvert sur la large place de la République, les terrasses bruissantes de la Riviera, frangée de palmiers et de glaciers.

Split - Dalmatie - Croatie

Felix Ledru/Picturetank

 

Hvar

A 2 heures de ferry  de Split,  la plus précieuse des dalmates, Hvar. La route serpente et surplombe une garrigue d’oliveraies et de champs de lavande, de vignobles quadrillés de murets de pierre sèche. Quelques minuscules villages endormis sur leurs rêves d’eau turquoise, maisons en pierre blanche qui étincellent sous le soleil, criques soyeuses d’eaux bleues. Et, au coeur de ce paysage resté sauvage, la ville de Hvar, le Saint-Tropez croate : les jolies filles déambulent dans les ruelles du vieux port, la marina déborde de yachts et de trois-mâts. Et, faisant face au port, l’archipel des Pakleni – un bateau-taxi nous emmène sur un de ces îlots, où l’on investit une petite maison de pierre, à quelques pas de la mer, entre forêts de pins et jardins exotiques cultivés par la famille Meneghello, propriétaire de l’île depuis des générations, qui y a introduit des essences rares du Mexique – ici, à 15 minutes des bars tendance de Hvar, pas de voitures, 10 villas ou bungalows… et le bleu de la mer.

Plage à Hvar

Getty Images/iStockphoto

 

Dubrovnik

Dubrovnik, c’est une rue, le Stradun qui fend la citadelle de part en part, d’une porte à l’autre, façades à persiennes à demi soulevées ; c’est une couronne de remparts – dont les escaliers de pierre font, selon l’adage local, la beauté des jambes des femmes – longue promenade, d’où l’on admire les rues grouillantes, les toits de tuiles sur le bleu de la mer. Dubrovnik, c’est le couvent des frères franciscains, la plus ancienne synagogue séfarade en activité,  le Palais du Recteur – élu pour un mois, il vivait là reclus pour mieux peser ses décisions. C’est un marché, petites dattes enfilées en couronnes parfumées et pêches blanches sur les étals ; une crème glacée en terrasse ; c’est la mer radieuse – bleu cobalt de l’Adriatique.

Rues de Dubrovnik

Berthold Steinhilber/LAIF-REA

 

Presqu’île de Peljesac

 La route traverse des vignobles cernés de collines le long d’une langue de terre de 65 kilomètres. Le ferry longe jusqu’à Korcula les falaises couvertes de thym. La vieille ville est un Dubrovnik en modèle réduit : un axe principal nord-sud, en dos d’âne, d’où descendent des ruelles en arêtes de poisson, droites à l’ouest pour accueillir les alizés rafraîchissants en été, courbes à l’est pour faire barrage aux vents glacés en hiver. Et sur l’île, des forêts et des maquis, des vestiges romains, des anses cristallines, des criques où mouillent quelques voiliers, et partout, des vignes, qui font partie du paysage depuis l’Antiquité – c’est ici que l’on élabore le grk  – oui, vous avez bien lu, le grk, un vin tout en légèreté, malgré son appellation dénuée de voyelles, et qui égaie la salade de poulpe dégustée à l’ombre des tonnelles.

Presqu’île de Peljesac

Zatletic/Fotolia

 

l’île de Mljet

On peut préférer rejoindre l’île de Mljet, la plus verte des îles adriatiques. Un premier lac, bleu très profond ; un second, tout aussi bleu, et sur ce lac, un embarcadère, une île. Sur cette île, les Bénédictins – qui avaient le sens de la solitude – édifièrent le couvent Sainte-Marie, joyau sobre du XIIème siècle. Chemins bordés d’ifs et de pins d’Alep, tintamarre des cigales, criques solitaires où l’on se baigne dans l’eau scintillante… C’est ici, paraît-il, que la  nymphe Calypso tenta de retenir Ulysse, décidée à lui faire  oublier Ithaque. On n’a pas croisé Calypso – dommage : on se serait bien laissé convaincre.

bateau à Mljet

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