Singulières mais fraternelles, reliées mais parfois distantes les unes des autres, les îles du Japon conjuguent tout un pays au pluriel. Des confins septentrionaux côtoyant la russe Sakhaline à son extrémité occidentale d’où apercevoir le littoral taïwanais, l’archipel japonais s’étend, s’étire même, pour déployer des paysages, des climats et des histoires aussi hétéroclites que fascinants. Une infinie richesse qui ne cesse de surprendre les voyageurs lors de leur voyage au Japon.
- Hokkaido
- Honshu nord : Tohoku
- Honshu centre : Tokyo et Kanto
- Honshu ouest : Kyoto, Osaka
- Okinawa
- Kyushu
- Les îles Goto
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Hokkaido
Deuxième des îles japonaises en superficie, Hokkaido remporte cependant le titre de l’île la plus septentrionale de l’archipel, en baignant les mêmes eaux que Sakhaline. Cette qualité n’aurait pu être rien d’autre qu’un particularisme géographique. Il n’en est rien tant cette position lui confère des atouts et une culture unique, incarnée par la présence de la minorité aïnoue, descendante des premiers peuplements de l’archipel. Bordée par la mer d’Okhotsk au nord et celle du Japon au sud, Hokkaido n’est pas pour autant un atoll esseulé. Par un tunnel sous-marin, l’indispensable Shinkansen fait le lien entre Hakodate, sa porte d’entrée, et le reste de l’archipel nippon. Ainsi, voyageurs étrangers et vacanciers autochtones atteignent facilement ses trésors. Quels sont-ils au juste ? Couverte par un massif forestier en relief sur près de trois-quarts de sa superficie, l’île offre un cadre naturel de premier plan aux randonneurs, skieurs et autres campeurs. Son climat frais attire en été, sa neige abonde en hiver et ses montagnes ne sont pas avares en onsen et stations thermales renommées. Et ses villes ? Fleuries à Furano et Biei, au pied du parc national de Daisetsuzan, quadrillée comme une cité nord-américaine à Sapporo, capitale régionale où déguster bière et ramen avec envie. Un Japon intensément sauvage qui, bien que proche du reste de l’archipel par le train, tient à ses particularismes distinctifs.
@Boysitti/adobe Stock
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Honshu Nord (Tohoku)
Honshu est, de loin, la plus grande île de l’archipel. Un vaste territoire hétéroclite entre mer du Japon et océan Pacifique. Intéressons-nous ici à sa partie septentrionale. Et comment dit-on «nord-est» en japonais ? Tohoku. Tohoku, comme le nom de cette région faisant le lien avec le centre d’Honshu et Hokkaido. Les paysages ne sont d’ailleurs pas sans rappeler sa voisine du nord, avec leur lot de panoramas enneigés, de onsen réconfortants, de sites naturels en relief. On y apprécie tout autant une certaine fraîcheur estivale. Ces conditions lui ont longtemps conféré un rôle agricole important à l’échelle nationale. Aujourd’hui, si l’électronique et l’industrie tiennent le premier rôle économique, son attrait touristique croît d’année en année. La randonnée, le ski et toutes autres activités en plein air y sont prisées. L’été venu, les matsuri, ces festivals traditionnels aux cortèges dansants et enchanteurs, offrent une immersion culturelle intense et sont une façon fort gaie de visiter les différents temples de la région. Outre ses terres fertiles, ses eaux poissonneuses alimentent une délicieuse gastronomie régionale aux principes bien affirmés : whiskies, viande de cheval et langue de bœuf sont parmi ses meilleurs produits. Bien sûr, de Sendai à Akita, en passant par Aomori, le Shinkansen assure un trait d’union rapide et sûr.
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Honshu Centre (Tokyo et Kanto)
C’est peu dire que cette région s’est taillé une place centrale au Japon. Elle incarne, de fait, le centre géographique de la nation. Une centralité qu’elle matérialise aussi par ses multiples attributs : région la plus peuplée, la plus industrialisée, la plus visitée. N’en jetez plus ! Située à l’est d’Honshu, elle englobe sept préfectures qui s’étendent des contreforts du Chichibu-Tama-Kai National Park à l'ouest et du Tohoku au nord, jusqu’aux eaux du Pacifique à l’est, et dévoile une vaste plaine densément urbanisée. Dans sa manche, un autre atout nommé Tokyo. Porte d’entrée du pays, la capitale attire, fascine, regorge, surprend… et bien davantage encore. Plusieurs jours vous seront nécessaires, mais pas suffisants, pour en découvrir les grands traits. Ses musées, ses quartiers, ses temples et jardins, ses jours comme ses nuits… Ses possibilités semblent infinies. Mais le Kanto ce n’est pas que Tokyo. C’est aussi Nikko, que l’on aime autant pour ses vestiges de l’époque Edo que pour ses parcs à thèmes. C’est également Hakone, d’où partir explorer le mont Fuji ou seulement admirer l’iconique volcan depuis un onsen. Kanto, c’est tout autant l’immense port de Yokohama, au sud de Tokyo, qu’Enoshima et Kamakura, où trouver l’apaisement spirituel ou thermal.
@Pia Riverola
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Honshu Ouest (Kyoto, Osaka)
La partie occidentale d’Honshu, aussi appelée Kansai ou Kinki, est la seule autre région à pouvoir se mesurer au Kanto en matière de poids démographique, culturel et économique. Ses six préfectures rassemblent en effet des mégapoles comme Kyoto, Osaka ou Kobe. Mais au lieu de montrer ses muscles, la région mise sur son histoire qui en fait le poumon spirituel et culturel du pays. C’est d’ailleurs à cette région que l’on doit les théâtres nô et kabuki, les marionnettes bunraku ou la très codifiée cérémonie du thé que l’on découvre à Uji, épicentre national de tout ce qui a trait à une théière en porcelaine. Ancienne capitale impériale, Kyoto est un must see dont on ne fera pas l’économie tant sa richesse est grande en matière de temples anciens, sanctuaires, pèlerinages et autres jardins zen. C’est ici que la mémoire des geishas est la plus prégnante. Autre ancienne capitale nippone (sous le nom de Heijo-kyo de 710 à 784), Nara présente davantage de cerfs en liberté que de geishas et c’est là l’une de ses adorables particularités. Ils vous accompagneront à travers les jardins de cette ville «à taille humaine», à l’échelle japonaise. Les gastronomes auront coché la case «Osaka» tout en haut de leur liste. La cité, si elle présente de solides attraits culturels tels que le château Osaka-jo ou le sanctuaire shinto Sumiyoshi Taisha, est avant tout réputée pour sa cuisine et notamment ses okonomiyaki. Non loin, Kobe a exporté son nom dans le monde entier grâce à son bœuf délicieux et hors de prix. Enfin, les préfectures de Shiga et de Wakayama sont surtout visitées pour leur dimension naturelle, notamment forestière et montagnarde.
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Okinawa
S’il est généralement la star des déplacements japonais, cette fois-ci, le Shinkansen ne vous sera d’aucun secours. On accède à Okinawa en avion, après 2h30 de vol depuis Tokyo par exemple. Situé en mer de Chine orientale, l’archipel baigne des eaux limpides aux confins méridionaux du Japon. Il est son jardin semi-tropical, son Hawaï nippon, sa destination paradisiaque domestique. Vous l’aurez compris, Okinawa présente un visage grandement distinct du reste du pays. Ses plages dorées, ses eaux translucides et ses fonds marins en font le cadre idéal pour des activités insulaires de type snorkeling et plongée sous-marine. Aussi, de nombreux Japonais en font leur lieu de villégiature ou de voyage de noces. À une centaine de kilomètres de Taïwan, Yonaguni cache sous ses eaux une mystérieuse formation rocheuse dont l’origine partage encore les scientifiques. Au large de l’île de Taketomi, c’est une résurgence d’eau chaude qui fascine les plongeurs. Les baleines à bosse préfèrent quant à elles les eaux du parc national des îles Kerama. De retour sur la terre ferme, on profite des installations urbaines d’Okinawa Honto, du parc national Iriomote-Ishigaki surnommé la petite Amazonie pour sa dense forêt, ou des couchers de soleil sur Miyakojima. On profite surtout de découvrir une gastronomie locale délicieusement basée sur les légumes et les fruits de mer, qui fait des habitants de l’archipel de fréquents centenaires.
@Carol Sachs
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Kyushu
La plus méridionale des îles principales japonaises n’est séparée d’Honshu que par un étroit détroit entre Shimonoseki et Kitakyushu. Aussi, il est relativement aisé de s’y rendre, en train, en automobile ou en ferry. C’est néanmoins à pied que l’on découvre le mieux les massifs volcaniques toujours actifs qui ont fait sa réputation. Randonneurs ou néophytes amateurs de phénomènes géologiques se rejoignent sur les sentiers du Sakurajima, l’un des plus actifs du Japon, et du verdoyant mont Aso, le plus grand volcan actif du pays. Cette activité magmatique souterraine n’est pas sans conséquence en surface. Aussi, Kyushu est fameuse pour ses bains d’eau bouillonnante, notamment les vertueuses sources de Beppu Onsen ou de Unzen Jigoku. Un certain art de l’eau chaude que l’on conjugue différemment à Fukuoka, où déguster un excellentissime ramen tonkotsu, ce bouillon de porc épais et crémeux à souhait. La préfecture de Saga vous proposera une double plongée historique, à l’heure des premiers peuplements de l’île sur le site archéologique de Yoshinogari à Kanzaki, puis à la grande époque de la porcelaine d’Arita (XVII et XVIIIe siècles). Plus proche de nous dans le temps, le nom de Nagasaki résonne encore comme le dramatique point final de la Seconde Guerre mondiale. Kyushu demande indubitablement du temps pour l’explorer. Prenez-le.
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Les îles Goto
Dépendant administrativement de la préfecture de Nagasaki, l’archipel des Goto est un chapelet d’îles au sud de Kyushu. Ici, le tourisme de masse n’a pas posé son empreinte bruyante et encombrée. Ici, vous arriverez sûrement par Fukue-jima, son île principale, et Goto sa ville la plus importante. Vous en profiterez alors pour explorer cette cité au passé féodal, comme le prouvent son château et la résidence du clan Goto, ainsi que les maisons de samouraïs à proximité. Mais c’est pour d’autres raisons que vous avez peut-être entendu parler de l’archipel. En 2016, Martin Scorsese dans son film Silence, a retracé le destin martyr des chrétiens japonais, dont beaucoup ont trouvé refuge dans ces îles. Si 0,3% des Japonais se revendiquent chrétiens, ils sont ici autour de 15%. En témoignent les nombreuses églises d'Imochiura, de Mizunoura et de Dozaki. Cette quête spirituelle est couplée d’une communion intense avec la nature. Outre la randonnée, la pratique du vélo est fort populaire à l’heure d’arpenter les sentiers du mont Onidake ou du cap Osezaki.
Par
OLIVIER ESTEBAN
Photographie de couverture : @Romain Laprade