Serez-vous Mamounia ou Royal Mansour ? Les deux hôtels mythiques de la ville ocre ont fait récemment peau neuve. A l’occasion d’une prochaine escapade, lequel choisirez-vous ?
Il était une fois un rêve. Filer vers les claires lumières de Marrakech (un peu moins d’un million d’habitants), capitale du sud-marocain, en optant pour une adresse de légende. D’un côté, la Mamounia qui depuis 1925 accueille tous les grands noms de la politique, du gotha et du show-biz. Et même les simples amoureux. De l’autre, le Royal Mansour, ouvert en 2010. Une œuvre d’art minutieusement exécutée par les plus grands talents du royaume, ébénistes, sculpteurs, tisseurs, ferronniers, peintres… Le modèle unique à ce jour d’un palais où l’exception a été instaurée comme règle absolue. Chacun son style, chacun ses fervents.
Royal Mansour/The Leading Hotels of the World
Il est au moins un domaine sur lequel les deux rivaux, en outre voisins à deux pas de la place Jemaa el-Fna, de la médina et du plus célèbre souk du Maroc : l’un et l’autre sont propriétés du royaume, via ses organismes d’état. Donc, de fil en aiguille, du palais royal qui accorde aux deux le privilège de se fournir en produits frais auprès du domaine agricole de Sa Majesté.
Premier regard
Premier regard. Il est bluffant des deux côtés. La Mamounia s’ouvre sur un gigantesque lobby au milieu duquel trône une grande sculpture réalisée en 1907. Un homme sur le dos de son chameau est armé d'une lance qu'il pointe sur un jaguar. Splendide. La décoration actuelle est signée Jacques Garcia, adepte du rouge et du noir, des recoins sombres et des envolées de lumière. Ambiance marocaine chic, mosaïques, tapis, marbre, fauteuils de cuir… Accueil aux petits soins. Une équipe dédiée veille devant les ascenseurs. Ses membres accompagnent le client partout où il souhaite se rendre. Le pacha, c’est lui.
Royal Mansour/The Leading Hotels of the World
On entre au Royal Mansour après avoir franchi une immense porte de bois sculpté. Elle ouvre sur des bassins bordés de lanternes et sur un hall qui installe l’effet wahou. Il ne cessera pas tout le temps du séjour. Artisanat marocain raffiné : plâtres sculptés, murs de cuir surpiqué, dentelles de fer et bronze ciselé, tadelakts lumineux ferrés au galet de rivière. C’est le lobby. Le temps d’être accueilli, tous les bagages ont déjà été transportés en chambre.
Les chambres
Elles font la grande différence entre les deux maisons. Le Royal Mansour est en effet conçu comme une médina close. Entouré d’un mur haut de 5 mètres, il abrite 53 riads. Autant de maisons traditionnelles d’une à trois chambres avec terrasse aménagée sur le toit où se trouve une petite piscine privée et des transats. Cette architecture fermée offre une intimité absolue. Rien n’oblige en effet à sortir de son habitation qui comprend salon, salle à manger et salles de bains. Noter que le service est assuré via un réseau de tunnels souterrains qui en assure la parfaite discrétion. Les partisans du « chacun chez soi » adoreront. Les claustrophobes redoutant les univers sombres (donc frais), moins.
Royal Mansour (Privilege)
A la Mamounia en revanche, 138 chambres dont 71 suites et une poignée de villas indépendantes, la lumière est reine. Surtout depuis les balcons et terrasses qui donnent sur l’immense jardin. Marrakech et son ciel clair, presque transparent, le vol des cigognes et les effluves d’orangers offrent alors le meilleur.
Alan Keohane / La Mamounia (Suite Al Mamoun)
Le jardin
Celui de la Mamounia couvre 8 hectares, deux fois la superficie du domaine du Royal Mansour. Le jardin de ce dernier vient d’être repensé. Il intègre enfin une piscine digne de ce nom (30 mètres de longueur) et offre le charme d’un décor de palmiers, d’oliviers et de bouquets fleuris. Paisible et intimiste.
Alan Keohane/La Mamounia
Les espaces verts sont depuis toujours une des institutions de la Mamounia. Planté d’orangers et de citronniers, le jardin est ici une promenade au romantisme sans égal. Plus de 70 jardiniers l’entretiennent. Il est par ailleurs agrémenté d’un potager bio et d’une extraordinaire allée aux cactus, plus de 80 essences différentes très joliment ordonnées.
La table
Le triple étoilé de Paris, Yannick Alleno (Pavillon Ledoyen) veille sur les cuisines du Royal Mansour. Le chef fait merveille. A la table française évidemment mais également à celle dédiée à la cuisine marocaine dont il a saisi les codes comme nul autre pour les magnifier. A la Mamounia, plusieurs restaurants, cuisine française, italienne ou marocaine, sont proposés aux résidents. C’est leur trilogie gastronomique préférée.
Royal Mansour/The Leading Hotels of the World
Le bar
Là encore, deux philosophies se complètent à merveille. A la Mamounia, le style anglais (Churchill vint souvent) avec ses fauteuils de cuir, ses boiseries sombres, ses lumières tamisées. Régulièrement, le blues et le jazz y sont à l’honneur, révélant la capacité du lieu à devenir un club chic à faire oublier la nuit.
Faustine Poidevin
Le bar du Royal Mansour, mise au contraire sur la grande lumière. Mais plus que tout, c’est le décor qui se révèle époustouflant : comptoir éclairé tapissé de fines lamelles de métal, miroirs incrustés de feuilles d’or rose, colonnes de marbre sculptées, mobilier art déco… Bluffant. Un autre bar, sycomore, nacre et tapisserie tissée, est réservée aux fumeurs de cigares et amateurs d’alcools fins.
Le Spa
Celui du Royal Mansour a fait la une de tous les magazines de décoration. Sa conception inspirée d’une volière, ferronnerie aérienne peinte en blanc, est une véritable œuvre d’art. Lumière, mobilier, salles de soins, il y a ici une déclinaison du blanc en mode majeur. Sur 2 500 m², il propose 101 soins. Invitation totale au lâcher-prise.
Le Spa de la Mamounia a retenu la tradition marocaine. Murs couverts de tadelakts, bleu Majorelle compris, bassins tapissés de mosaïques colorées, zelliges… Le savon noir et l’huile d’argan sont de rigueur.
Alan Keohane/La Mamounia
L’addition. Elle est forcément élevée. Mais curieusement, autant les deux établissements rivalisent sur le registre du luxe, de l’élégance et du service, autant le prix des chambres les distinguent franchement. Il va du simple au presque double, en faveur de la Mamounia. Le Royal Mansour n’a jamais caché que ses tarifs élevés étaient aussi le reflet de son excellence.