Il suffit parfois d’un détail pour voir naître une envie de voyager. Un souvenir, une chanson, un héros. Et si le cinéma sait faire rêver le spectateur, il sait aussi se muer en un formidable ambassadeur du monde. Que l’intrigue soit vraie ou légendaire, que le personnage principal soit incarné par un enfant, un animal ou un petit Gaulois à moustache, l’écran vous transporte où il veut. De la jungle indienne aux fonds marins australiens, des forêts scandinaves aux rives du Nil, installez-vous confortablement et préparez votre passeport, voici le top 10 des films pour faire le tour du monde en famille.
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Japon : Le voyage de Chihiro
Envisageant un voyage au Japon en famille, les parents sont souvent surpris de constater que cette destination a moins de secrets pour leurs enfants que pour eux-mêmes. Comme celle des États-Unis en son temps, la culture japonaise s’est massivement répandue dans le monde entier au cours des dernières années. Via le manga et les jeux vidéo d’abord, mais aussi grâce aux films d’animation qui ont révolutionné le genre. Voyage initiatique entre un Japon d’hier et de demain, peuplé d’ancêtres à l’aura mystique et interrogeant aussi bien sur les valeurs familiales que sur la société de surconsommation, le Voyage de Chihiro est un chef-d’œuvre à la fois dramatique et esthétique. Et si l’univers du Studio Ghibli en général et celui d’Hayao Miazaki en particulier sont empreints de fantaisie, ils n’en restent pas moins de formidables ambassadeurs d’une fascinante culture aussi bien ancrée dans ses paysages hétérogènes que dans ses coutumes millénaires.
Samuel Berner / Unsplash.com
2
Mexique : Coco
Musical à souhait et tout autant bariolé, Coco est une ode à la nature profonde du Mexique. La collaboration entre Pixar et Disney, souvent heureuse, livre ici l’histoire de Miguel, un jeune guitariste qui devra s’affranchir du roman familial pour réaliser son rêve. À la faveur d’un Día de Muertos pas comme les autres, Coco convoque tout à la fois le Réalisme Magique, la passation transgénérationnelle et la musique mexicaine au sens large, des airs mariachis à ceux de banda ou de ranchera. Malgré quelques passages graves (forts réussis au demeurant), Coco est un conte joyeux qui dit beaucoup des traditions de ce trait d’union entre les Amériques. De sa vibrante capitale Mexico aux vestiges aztèques en passant par ses plages caribéennes ou Pacifique, le Mexique fascine petits et grands. Comme un Pixar.
3
Kenya : Le Roi Lion
Iconique, incomparable, inégalable… Le Roi Lion est pour beaucoup le sommet de la longue histoire de Disney. La cime du rollercoaster façon Walt, qui va et qui vient sur nos écrans depuis plus d’un siècle. Qu’on approuve ou non ce constat, force est de remarquer qu’il y a bel et bien eu un avant et un après Le Roi Lion. Nous ne parlons pas ici des très dispensables #2 et autres suites de film, toujours un peu décevantes, mais véritablement d’un phénomène de société qui a marqué un tournant dans la culture des années 90 comme dans l’histoire des films d’animation. Mais là où Le Roi Lion fit encore plus fort, c’est qu’il donna envie à des millions de spectateurs de sillonner l’Afrique de l’Ouest. Si le film ne mentionne aucune indication géographique quant à son lieu d’intrigue, ses vastes plaines herbeuses, sa pléthorique faune allant bien au-delà des Big Five et ses hauts plateaux rocailleux évoquent assurément le merveilleux Kenya. Iconique, incomparable, inégalable… voilà des louanges qui lui vont tout aussi bien.
Olivier Romano
4
Laponie : Klaus
Le « film de Noël » est un genre à part, largement éculé tout au long de l’histoire du cinéma. Un peu comme on retrouve Mariah Carey sur toutes les ondes quand arrive le mois de décembre, l’industrie cinématographique produit annuellement des divertissements autour de la thématique des célébrations de fin d’année. Voici donc Klaus, un exemplaire du traditionnel « film de Noël » fort bien réussi, ce qui ne va pas toujours de soi. Si rien n’indique précisément si le héros est norvégien, finlandais ou plus vraisemblablement suédois, le film emmène le jeune Jesper Johansson et les spectateurs sur une île isolée du cercle arctique. En Laponie si vous préférez. Et qui dit Laponie dit maison du Père Noël. L’intrigue, aussi drôle que touchante, incarne à merveille les paysages scandinaves dans toute leur splendeur hivernale : nuits scintillantes d’étoiles, épaisses forêts de conifères et infini manteau blanc. Rien ne manque dans sa hotte.
5
Islande : La vie rêvée de Walter Mitty
Qui n’a jamais rêvé de vivre La vie rêvée de Walter Mitty ? Le film, tiré d’un livre de 1939, narre l’histoire de Walter, timide employé du service négatif du mythique magazine Life. Walter fantasme une vie plus trépidante que son morne quotidien et trouvera l’aventure en parcourant le monde à la recherche d’un négatif perdu. Si l’intrigue nous emmène d’abord au Groenland, c’est ensuite en Islande que l’on débarque à bord d’un chalutier. Les splendides panoramas naturels islandais agissent alors comme un révélateur pour le héros. Comme ils agissent sûrement auprès de nombreux voyageurs qui découvrent ses paysages tantôt verdoyants, tantôt lunaires, ses longues routes désertiques, ses falaises fracassées par la houle et ses capricieux volcans aux noms tout autant impétueux.
Moritz Feldmann / Unsplash.com
6
Australie : Le Monde de Nemo
Soyons réalistes : pour se rendre jusqu’en lointaine Australie, l’avion demeure le moyen le plus rapide. À moins que, comme Marin et Dory, vous ne vous laissiez emporter par le fameux Courant Est-Australien. Dans Le Monde de Nemo, le CEA conduit nos héros depuis la mer de Tasman jusqu’à Sydney dans un grand ballet migratoire. Car l’Australie, c’est l’aventure ! Sous-marine bien sûr, à travers l’univers fascinant de notre poisson-clown préféré. La Grande Barrière de Corail, sanctuaire de vie, de couleurs et de biodiversité, est à portée de palme au large du Queensland. Mais l’Australie, c’est aussi une île-continent aux paysages incroyablement variés, du Centre Rouge désertique aux forêts tropicales du Kakadu Park. C’est enfin l’occasion de poser un œil neuf sur l’expérience citadine, à Melbourne, Adélaïde ou à Sydney, où se dénoue favorablement l’intrigue du Monde de Nemo. La boucle est bouclée.
7
Égypte : Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre
Bien avant l’œuvre de Chabat, petits et grands se sont passionnés pour les aventures d’Astérix et Obélix en Égypte via une bande dessinée d’abord puis son adaptation en film d’animation. Et si l’affection que portent les Français pour les deux Gaulois est sans commune mesure dans sa dimension transgénérationnelle, il en est de même avec le pays qui nous intéresse ici. L’Égypte fascine, l’Égypte intrigue, l’Égypte change à jamais la perception du voyageur qui foule ses pierres. Comme les héros d’Uderzo et Goscinny, il faut emprunter les eaux du Nil pour en capter l’essence millénaire. Dans un sens ou dans l’autre, ses rives concentrent la vie au milieu de paysages désertiques. Remonter le Nil, c’est aussi remonter le temps, de temple en temple. C’est côtoyer un peuple fier de ses glorieuses racines et embrasser l’une de ces régions qui ont fait l’histoire du monde tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Boby
8
États-Unis : Little Miss Sunshine
Pépite d’humanité comme le cinéma indé américain sait en produire de temps en temps, Little Miss Sunshine vous embarque pour 1300 km de road-movie à bord d’un van jaune canari à travers l’Ouest américain. Tout irait pour le mieux si le pitch s’arrêtait là. Oui mais voilà, la famille Hoover est hautement dysfonctionnelle, entre la dépression de l’oncle, la loose chronique du père, un grand-père acariâtre et le vœu de silence de l’ainé. La mère courage porte à bout de bras cette famille comme le rêve d’Olive, la petite dernière : devenir Little Miss Sunshine lors du prochain concours de beauté à Los Angeles. D’Albuquerque, les Hoover traversent alors tant bien que mal ce fascinant Ouest américain, ses routes longilignes, ses paysages minéraux, son soleil de plomb et ses motels cheap. Culte et inspirant.
Birgit Sfat
9
Chine : Mulan
Sorti en 1998 entre les masculins et musculeux Hercule et Tarzan, Mulan a habilement su jouer des coudes pour devenir l’un des plus emblématiques personnages du panthéon Disney. Comment ? En campant un faux soldat mais une vraie brave à l’heure de défendre son père comme son Empereur. Des méandres de la Grande Muraille aux palais de la capitale impériale, des hautes montagnes enneigées aux paysages bucoliques, sans oublier une bonne dose de références aux traditions et aux ancêtres : aucune nuance de l’arc-en-ciel chinois ne manque à l’appel. Tiré de la légende d’Hua Mulan, le film d’animation est une superbe réussite qui donne encore aujourd’hui une insatiable soif d’Empire du Milieu à n’importe quel jeune voyageur qui le regarde.
10
Inde du Sud : Le livre de la Jungle
Comme son nom l’indique, Le Livre de la jungle fut d’abord un livre de Rudyard Kipling avant de devenir un grand classique d’animation Disney en 1967. S’il en faut peu pour être heureux, gageons qu’un voyage en Inde du Sud y est quand même pour beaucoup. Les enfants, comme les grands qui le sont restés, adorent marcher sur les traces de Mowgli, Bagheera, Kaa ou Baloo. Ce dernier doit d’ailleurs ses traits et sa présence au casting à l’ours lippu, ursidé originaire du sous-continent indien, et non à l’ours brun que l’on croise dans nos contrées européennes. Il faut se satisfaire d’une nécessaire cohérence après tout, si toutefois l’on fait abstraction de l’anthropomorphisme et d’une forme de prosopopée qui règnent dans cette jungle indienne. Si la majorité de l’intrigue se déroule dans ce cadre luxuriant et fantastique, c’est toute l’Inde du Sud qui vous tend une liane.
Par
OLIVIER ESTEBAN
Photographie de couverture : Claire Guarry