Ouvert en 1977, la même année que le Centre Georges Pompidou à Paris, le Musée d’Art Contemporain de Téhéran (TMoCA) est un pionnier. Mais, jusqu’à aujourd’hui, seule son architecture en béton brut, interprétation contemporaine des édifices zoroastriens du sud de l’Iran, en témoignait : ses Magritte, Degas, Bacon, et autres Picasso étaient relégués dans des réserves au sous-sol, et les salles utilisées à d’ennuyeuses expositions didactiques sous des néons blafards. L’exceptionnelle collection du TMoCA - de l’impressionnisme au pop-art, en passant par l’abstraction new-yorkaise – a été acquise dans les années 70, sous l’impulsion de Farah Pahlavi, épouse du chah, dans l’euphorie du boom des revenus pétroliers. Mais, en 1979, la révolution islamique qui destitue le chah condamne aussi le TMoCA, symbole de cette classe dirigeante cultivée et ouverte sur le monde, honnie par les religieux. Les toiles, jugées subversives par les mollahs, sont reléguées dans les sous-sols, où elle resteront près de quarante ans.
Le 7 mars dernier, 60 toiles de cette vaste collection, œuvres majeures de Paul Gauguin, Jackson Pollock, Mark Rothko, Andy Warhol, ou Francis Bacon, ont été exhumées des réserves, pour une exposition digne des plus prestigieux musées d’art moderne du monde. Une raison supplémentaire, s’il en était besoin, d’aller visiter l’Iran !