À mi-chemin entre l’Écosse, l’Islande et la Norvège, et malgré un intérêt touristique naissant, les Îles Féroé demeurent un archipel largement méconnu et inexploré. Et c’est tant mieux…
Des dix-huit îles principales constituant les Féroé, toutes ne sont pas habitées, loin s’en faut. Certaines n’abritent même qu’une poignée d’habitants, parfois une simple famille, vivant son destin insulaire en quasi-autarcie. L’archipel compte d’ailleurs plus de moutons que de citoyens, tant et si bien que les bovidés provoquent davantage de ralentissements sur les étroites routes asphaltées zigzaguant à travers les landes que vos semblables véhiculés.
La voiture demeure néanmoins le meilleur moyen de sillonner ses paysages de végétation rase, dûment secondée par un réseau de ferry inter-îles efficace à la belle saison et voguant même jusqu’au Danemark et l’Islande. De cette dernière, vous entendrez forcément parler en vous rendant aux Féroé. Mêmes noms de lieux imprononçables, mêmes camaïeux de gris dans le ciel, mêmes origines volcaniques que la grande voisine si populaire. Il serait presque tentant de décrire l’archipel comme une “Islande sans ses hordes de visiteurs”, s’il n’y avait pas en sus quelques traits de l’Écosse des Highlands.
Encore relativement inaccessibles, les Féroé sont un trésor brut qui se mérite. Il y pleut plus de 250 jours par an, ses brouillards sont épais, ses vents parfois violents. Pourtant, l’homme y vit depuis longtemps comme en témoignent encore les quelques vieilles pierres de Kirkjubour, sur l’île de Streymoy.
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Aujourd’hui, c’est principalement à Tórshavn que sont rassemblés les deux tiers des Féroïens. La plus petite “capitale” du monde (l’archipel est autonome mais pas indépendant du Danemark) est sans surprise le centre vivant de ce pays et le point de départ pour l’explorer. Grâce à leurs paysages marins ténébreux, leurs falaises vertigineuses et leurs fjords parfois ponctués de villages les pieds dans l’eau, ces îles sont propices à une contemplation lente et profonde. En arpentant les sentiers de randonnée, on s’off re ainsi une observation mouvante, sur les traces d’une faune aviaire abondante incarnée par le superbe macareux et le virevoltant huîtrier pie. À tout cela s’ajoutent des légendes et sagas locales qui renforcent davantage son aura mystérieuse de bout d’Europe.
Photographie de couverture : Alessio Mesiano