Longtemps de mauvaise réputation, souvent délaissée par les voyageurs pressés de s’échapper vers les plages des Caraïbes, Bogota vaut pourtant plus qu’une escale. La capitale colombienne affirme désormais haut et fort sa belle énergie et son art de vivre, et ne cesse de se réinventer. Son quartier colonial se visite à pied, ses villages sur les collines sont en mouvement perpétuel. Ses scènes gastronomique et culturelle, effervescentes, en font l'une des villes les plus créatives du continent américain. Une journée à Bogota suffit pour mesurer à quel point la ville mérite que l’on s’y arrête.
8h
En piste !
On le lit fièrement affiché sur les murs de la ville : « Bogota n’a pas de plages, mais elle a des pistes cyclables ! ». Chaque dimanche, les avenues embouteillées cèdent leur place aux cyclistes et les rues de Bogota sont littéralement envahies de vélos. Les principales artères de la ville sont fermées à la circulation automobile ; joggeurs et cyclistes investissent zones piétonnes et pistes cyclables : la Ciclovía sillonne la ville sur 540 kilomètres ! On fait comme eux. Les plus sportifs peuvent pousser jusqu’au col de l’Alto de Patios – à partir de la Calle 88, on franchit rapidement les 3000 mètres d’altitude. Les autres peuvent faire une halte sur le chemin, pour boire un jus de mangue frais.
9h
Paloquemao, café et élixirs
On flâne dans les allées de Paloquemao, immense marché aux étals qui déborde de fruits colorés – c’est le ventre de Bogota, on pourrait y passer des heures. On y prend un petit déjeuner sur le pouce : on croque des arepas, gourmandes galettes de maïs et fromage, on sirote un café colombien. On y achète aussi des beaux paniers en vannerie et des flacons d’élixirs aux pouvoirs divers : s’attirer la chance, faire revenir l’être aimé, repousser la maladie.
10h
Candelaria, baroque et street art
C’est ici qu’en 1538 a été fondée Santa Fe de Bogota par les conquistadors espagnols, sur les terres des Indiens Muiscas. Bohème et coloniale, la Candelaria est un entrelac de ruelles pavées et de petites places, avec ses églises et ses façades pastel, ses balcons ouvragés – elle se visite à pied. Elle recèle une foule d’édifices de style baroque et colonial. La place Simon Bolivar à elle seule rassemble les styles néo renaissance (l’Hôtel de ville), néoclassique (la cathédrale de l’Immaculée conception) et contemporain avec les cubes de béton brut du Palais de justice. On aime aussi l’architecture Bauhaus de l’édifice de l’université de la Salle. Dans certaines rues, les fresques de street art couvrent les murs, qui racontent l’histoire du conflit armé, et la paix.
Simon Mayer/Adobe Stock
11h
Botero, tout en rondeurs
Ses œuvres sont reconnaissables au premier regard, Fernando Botero a peint tout au long de sa vie des hommes et des femmes tout en rondeurs. Certaines de ses œuvres sont conservés dans les collections internationales les plus prestigieuses, comme au MoMA ou au Guggenheim Museum à New York. Le musée Botero, créé suite à une donation de l’artiste à l’État colombien, abrite 120 de ses toiles, exposées dans une vaste demeure coloniale au cœur de la Candeleria. Fernando Botero était également collectionneur et le musée présente aussi une centaine de toiles des grands maîtres européens : Picasso, Chagall, Renoir, Claude Monet, Pissarro, Joan Miró, Salvador Dalí… Une des plus vastes collections d’Amérique latine.
13h
Comme un Bogotanais à Bogota Chapinero Alto
Niché dans les collines de l’est de Bogota, Chapinero Alto est un quartier verdoyant, à l’écart de la frénésie de la ville. Autrefois résidentiel, il abrite aujourd’hui les scènes design et culinaire, en plein essor. On aime ses rues escarpées aux maisons en brique rouge, au style parfaitement british, ses façades de style Tudor et ses vues sur les sommets enneigés des Andes. Ses galeries et boutiques, cafés et restaurants célèbrent la biodiversité du pays et les cultures précolombiennes. La plupart des tables sont regroupées dans ce que les Bogotanais appellent la Zona G, comme « Gourmet », entre les calles 68 et 74 : on y trouve le meilleur de la cuisine colombienne contemporaine. Après le déjeuner, on peut partir en balade sur le sentier Quebrada La Vieja. En seulement quelques minutes de marche, la ville laisse place à la nature, on est pleine forêt tropicale : magique !
15h
Bogota arty
Dans le quartier de San Felipe, plébiscité par les galeristes pour son atmosphère et ses loyers accessibles, on flâne dans les petites rues à la découverte des artistes colombiens et latino-américains, débutants ou confirmés. On visite la galerie FLORA ars+natura dirigée par Jose Roca, ancien curateur de la Tate Modern, qui fait dialoguer art et nature, et l’Institut de Vision qui revendique une posture engagée, féministe et écologiste.
17h
Eldorado
Le musée de l’Or héberge la plus importante collection d'orfèvrerie préhispanique du monde : 34 000 pièces d'or, 30 000 autres artefacts en céramique, coquillage, pierres précieuses et os... Le point d'orgue de la visite est la salle immersive, où une myriade de masques, statuettes et bijoux scintillent dans la pénombre au son d'une musique lancinante – un tableau qui illustre les liens entre or et rituels.
mehdi33300/Adobe Stock
18h
Funiculaire ou téléphérique
Bogota est perchée à 2600 mètres, mais la silhouette du Monserrate domine la ville avec ses 3512 mètres de haut. Avant l’arrivée des conquistadors espagnols, la colline était occupée par les Indiens Muisca. Au XVIIe siècle, les conquistadors édifient au sommet un sanctuaire. Détruit en 1917 par un tremblement de terre, il est remplacé par une basilique. Derrière ses murs à la blancheur immaculée, l’édifice accueille le Christ déchu, une statue représentant Jésus descendu de sa Croix. Posée à côté de l’autel, la statue, à laquelle on attribue la réalisation de nombreux miracles, attire les foules de pèlerins. Si on ne croit pas aux miracles, on peut aussi faire l’ascension pour la vue à 360° sur la ville, tentaculaire – l’expression « s’étendre à perte de vue » semble avoir été inventée pour elle – et sur la végétation exubérante alentour. Les plus courageux grimperont les 15 000 marches qui crantent la colline, les autres préféreront le funiculaire ou le téléphérique.
Par
MARION OSMONT
Photographie de couverture : Brian Kyed/Unsplash