Art nouveau en France, Modernisme en Espagne, Liberty en Italie, Jugendstil en Allemagne, Szecesszio en Hongrie : autant de termes qui désignent le même courant, qui se manifeste également en Russie, aux Etats-Unis, en Amérique latine – l’Art nouveau est polymorphe et international.
Au-delà des formes différentes, un mouvement en réaction contre le cadre de vie de la fin du XIXème siècle, constitué de copies et de redites des styles classiques, néo Louis XVI, néo Rococo : le temps des styles « néo quelque chose » est révolu. Il s’agit, à l’aube du XXème siècle, de développer un style qui corresponde aux besoins et aux exigences de l’homme moderne. C’est une déflagration, portée par des hommes jeunes – Guimard a à peine 30 ans quand il dessine le métro parisien. C’est un souffle d’air frais sur les façades des immeubles et dans les intérieurs bourgeois, qui un siècle plus tard, conserve toute sa modernité. Notre sélection de 5 villes Art nouveau à visiter.
1
Bruxelles, Belgique
C’est ici que l’Art nouveau s’imposa à partir de 1890. L’hôtel particulier construit pour Victor Tassel par Victor Horta en 1893 est LE manifeste de cet art total qui englobe tous les aspects de la vie : Horta a tout dessiné, architecture et mobilier, jusqu’aux motifs des tapis. Un peu plus loin, on visite le musée Horta, installé dans les deux étroites maisons que l’architecte avait édifié pour son habitation et son atelier, splendeurs de fer, de verre et de courbes.
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2
Riga, Lettonie
Riga recèle une pléiade de joyaux architecturaux – un patrimoine injustement négligé pendant toute la période soviétique. Dans la rue Alberta, l’une des plus belles concentrations d’édifices Art nouveau au monde, de part et d’autre, le courant ornemental, plantes et fleurs, liserés sculptés dans la pierre, et le courant, plus rigoriste, du romantisme national. Et au n°12, on visite le musée d’Art nouveau, où l’on apprend que Mikhaïl Eisenstein, le père du réalisateur du Cuirassé Potemkine, a réalisé de nombreux édifices de la ville.
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3
Glasgow, Ecosse
Charles Mackintosh, James Hebert Mc Nair et les sœurs Frances et Margaret MacDonald forment le collectif « The Four ». Ils contribuent, au sein de l’Ecole de Glasgow, à définir l’Art nouveau : verticalité, emploi du noir et blanc, aplats, stylisation géométrique des motifs d’inspiration végétale et celte. On visite la Mackintosh House, reconstitution de la maison où Charles Mackintosh et son épouse Margaret MacDonald vécurent de 1906 à 1914. Et dans le salon de thé créé par Mackintosh pour la femme d’affaires miss Cranston, Mackintosh at the Willow, récemment rénové, assis sur une des chaises à très haut dossier emblématique du designer, on savoure un thé sous un lustre monumental, transportés au début du XXème siècle.
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4
Budapest, Hongrie
Quand en 1873 Buda et Pest sont réunies pour former la capitale de la Hongrie, la ville s’empare de l’art Nouveau pour affirmer son identité nationale. Le Musée des Arts appliqués mêle des éléments typiquement art nouveau à des ornements d’inspiration orientale, manière d’évoquer les origines magyar des Hongrois – c’est le manifeste de la Sécession. Un peu plus loin, le Palace Hotel a inspiré le Grand Hotel Budapest du film de Wes Anderson. On adore la façade de l’ancien magasin de jouets Bazar Arkad, ornée de chevaux à bascules et soldats de plombs. Et aux thermes de l’hôtel Gellert, édifiés sous les ottomans, partiellement détruits puis restaurés au style Sécession, on se prélasse dans des eaux fumantes à 38°C, avec, au travers des volutes de vapeur, un panorama grandiose sur Budapest.
Thermes de l’hôtel Gellert - Source : Instagram
5
Reus, Espagne
Gaudi n’est pas le seul architecte Art nouveau en Espagne, laissons Barcelone aux touristes ! Lignes courbes, motifs végétaux, céramique colorée, arabesques : à Reus, dans le sud de la Catalogne, on découvre les œuvres d’un autre maître du modernisme, Lluis Domenech i Montaner. On admire les vitraux et les hauts plafonds richement ornementés de l’institut Père Mata, ancien hôpital psychiatrique, dont on visite le pavillon des distingués, réservé à l’époque aux malades fortunés. La Casa Rull a été édifiée pour un notaire, la Casa Gasull pour un riche marchand d’huile d’olive. Et sur la place du marché, on visite l’exubérante Casa Navas, une bonneterie toujours dans son jus, et aux mains de la même famille.
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Par
MARION OSMONT
Photographie de couverture
NIKADA