Au départ de Moscou, embarquez pour une croisière à bord d’un train mythique, destination finale : Pékin. Un voyage hors des frontières sur la plus longue voie ferrée au monde, à travers l’immensité de paysages exceptionnels, à la rencontre des peuples de Sibérie, de Mongolie et de Chine.
Moscou, gare de Kazan
Après la démesure architecturale, on a hâte de découvrir son cocon de 7m2. Embarquement à bord de l’Or des Tsars. Destination finale : Pékin, près de 7 600 kilomètres au sud-est. Durant neuf jours, ce train privé va revisiter la voie du Transsibérien. Un nom qui en réalité fait référence à tous les trains empruntant ce mythique tracé de la fin du XIXe, reliant Moscou à Vladivostok. Volonté exacerbée du tsar Alexandre II et de ses successeurs de rapprocher les richesses de l’Extrême-Orient et les soupçons d’or et d’ivoire préhistorique de cet immense territoire à l’est de l’Oural. Là où par la route postale du Trakt transitaient alors en traîneaux les caravanes de soieries, thés et fourrures rares. Épopée de plusieurs mois rétrécie grâce à une entreprise titanesque, quinze ans et près 150 000 hommes, face à une région extrêmement hostile.
Ce soir, l’aventure du train privé l’Or des Tsars s’annonce douce
Le compartiment Bolshoi Platinum offre deux couchettes, un cabinet de toilette privé, une armoire, une télévision et une petite table sur laquelle on pose Dostoïevski, Tesson et Maylis de Kerangal, prêt à affronter cette « Tangente vers l’est ». Le quai s’éloigne. On ignore encore qu’à 60 km/h le temps défilera vitesse grand V. Nuit bercée par le roulement des bielles. À Kazan, capitale du Tatarstan, la Volga coule paisiblement, oubliant le siège d’Ivan le Terrible, lancé à la conquête de la Sibérie, terre hostile des Sibir : « peuples dispersés », au climat infernal : -50 °C l’hiver, 35 °C l’été, infesté de moustiques, d’ours et de loups mais supposée renfermer de fabuleuses richesses. Des gisements d’or et de diamants qui aujourd’hui encore suscitent l’envie (Moscou a récemment révélé la découverte dans les années 70 d’un cratère d’astéroïde renfermant des milliers de milliards de carats !)
Le train reprend sa course vers Ekaterinbourg, symbole de la fin tragique des tsars, posé à l’est de l’Oural. Débute alors l’immense plaine de la Sibérie occidentale, piquée de bouleaux. La radio de bord annonce Novossibirk. Sur les quais, les regards se brident. Les bouleaux font place aux conifères de la taïga., On imagine Michel Strogoff face aux hordes tartares mais aussi, plus terrifiante encore, l’atmosphère glaciale du goulag décrit par Dostoïevski et Soljenitsyne. Face à l’inimaginable on se raccroche au confort de sa capsule roulante. Les couleurs des isbas, reprennent celle du caviar rouge arrosé de vodka. Comme chaque jour les montres sont avancées, noyant un peu plus les repères. Sur le quai d’Irkoutsk, une femme arbore une écharpe de zibeline dont le commerce fit les beaux jours de la ville, véritable « Far East » avant l’arrivée du Transsibérien en 1898. Chaque jour, à chaque étape, on découvre un peu plus l’épopée de sa construction.
L’oeil bleu du Baïkal
Ce soir on troque la couchette pour l’hôtel, et demain le train pour le bateau. Une brève parenthèse sur les eaux du Lac Baïkal. « La perle de Sibérie » est un lieu sacré dans le chamanisme - encore très présent dans la région - mais également pour toute la Russie qui puise dans ce lac, le plus profond au monde, 80 % de ses besoins en eau douce. Marché aux poissons de Listvianka, dégustation d’omul fumé. Traversée jusqu’à Port Baïkal. La croisière sur rail reprend au fil des rives, sur une voie interdite aux trains réguliers. Privilège de tsars face à sa majesté bleutée. Oulan-Oude : capitale de la Bouriatie et porte d’un autre monde. Une steppe rase remplace la forêt, les clochers orthodoxes se font stûpa. Enfin la Mongolie et Oulan-Bator, étrange capitale où sous la statue de Gengis Khan, le téléphone portable à remplacer l’urga. Bientôt l’immensité reprend ses droits
Stefan Volk/LAIF-REA
Désert de Gobi
Terres brûlantes, alternance de jaune et de noir. Au loin une caravane de chameaux, une yourte isolée et un puits perdu dans l’ aridité. Puis le contraste d’une rangée de peupliers - la Ceinture Verte qui protège la Chine des sables du Gobi - annonce la frontière chinoise. Pékin n’est plus qu’à 700 kilomètres, changement de train imposé par la volonté des Tsars de limiter les invasions par un espacement des rails différent. Le voyage se prolonge néanmoins jusqu’à Pékin et encore bien longtemps dans le souvenir des voyageurs.
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Photographies : C.Tubbs, Stefan Volk/LAIF-REA & Taylor Weidman/REDUX-REA