Il est des dilemmes plus doux que d’autres. Par exemple, se demander quelle île choisir en Polynésie pour son prochain voyage. Mais si doux soit-il, un dilemme reste un dilemme ! Avec plus de 100 îles étendues sur plus de 2000 km, la Polynésie française est un trésor sans limite. Des Australes aux Marquises en passant par les Tuamotu et l’archipel de la Société, voici quelques pistes pour y voir presque aussi clair que dans un lagon.
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Tahiti
Plus grande île de Polynésie, Tahiti ne fait souvent qu’un avec son archipel dans l’imaginaire commun. On va « à Tahiti » pour dire « en Polynésie ». Ce n’est pas faux en soit, car la principale île polynésienne est la porte d’entrée aéroportuaire obligatoire pour n’importe quel voyageur international, qu’il transite par la west coast américaine ou l’Asie. Elle est surtout une bonne introduction à la culture de l’archipel ainsi que le meilleur endroit pour se poser la question : quelle (autre) île choisir en Polynésie ? Mais avant d’aller explorer le Pacifique par la mer ou par les airs, prenez le temps de sillonner Papeete, centre névralgique de l’archipel de la Société, où trouver de très bons hôtels et les excellentes tables qui vont avec. Tahiti nui et son extension Tahiti iti sont aussi à découvrir côté terre où des randonnées vous mènent de cascades vertigineuses en points de vue fort en beauté.
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Moorea
L’île sœur de Tahiti n’est située qu’à 28 km de Papeete, ce qui fait de Moorea le lieu de villégiature favori des Tahitiens avides de changer d’air le temps d’un week-end. Pour jouir à votre tour des charmes de l’île, il vous faudra emprunter un ferry ou un avion, si vous voulez diviser votre temps de trajet par deux. Vue du ciel, Moorea prend la forme d’un trident ou d’un oiseau aux ailes déployées. Sur celles-ci vous trouverez la baie de Cook à l’est et la baie d’Opunohu à l’ouest. Au centre, les voilà dominées par le mont Rotui lui-même tapissé d’un vert intense. Le lagon est ouvert sur le large par douze passes et permet de nombreuses possibilités aquatiques en famille, qu’elles incluent un tuba, des pagaies ou, mieux encore, du bouturage de corail.
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Bora Bora
Quelle île choisir en Polynésie ? Pour une lune de miel les pieds dans l’eau, c’est Bora Bora qui semble tout indiquée. Que vous optiez pour un hôtel de luxe ou une pension plus intimiste, l’île au nom double saura vous recevoir. On a tout dit sur Bora Bora, sur son lagon à l’intense camaïeu de bleus, sur ses plages de sable blanc, ses couchers de soleil romantiques et son cadre général absolument paradisiaque. Tout est vrai bien sûr. Mais Bora vaut mieux encore que cette parfaite carte postale. Trip en bateau à la journée, déjeuner sur un motu privé, soins traditionnels polynésiens ou farniente total, voilà de quoi agrémenter votre futur « From Bora with love ».
Gregoire Le Bacon / Tahiti Tourisme
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Rangiroa
Direction l’archipel des Tuamotu et les îles Palliser, à 1h de vol au nord de Papeete. D’en haut, Rangiroa prend les traits d’une baleine à double narine. Double comme les deux passes nommées Avatoru et Tiputa, au nord de l’atoll, qui permettent d’accéder à son lagon. Les deux chenaux naturels constituent d’excellents spots de plongée et leur proximité vous permettra d’éviter d’avoir à choisir entre l’un ou l’autre. Les fonds marins de Rangiroa sont prisés des plongeurs qui rencontrent ici raies mantas, dauphins, napoléons et même requins. La visite d’une ferme perlière dissipera sûrement le mystère entourant la création naturelle de cette bille nacrée. De retour sur la terre ferme, vous ne manquerez pas de prendre quelques clichés des esthétiques Sables Roses ou de goûter au vin local, le vin de Tahiti, dont la rareté et l’histoire méritent bien une dégustation.
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Fakarava
Reconnu « réserve de biosphère » par l’Unesco en 2016, Fakarava est lui aussi un atoll des îles Tuamotu. Le deuxième plus vaste de Polynésie après Rangiroa – et donc l’un des plus préservés. Sable blanc et rose, sens de l’accueil exacerbé chez le quasi-millier d’habitants, vie culturelle traditionnelle vivace, l’île-atoll n’a rien d’une belle endormie. Mais c’est généralement pour ses fonds marins que l’on visite Fakarava. Ici aussi deux passes, Garuae et Tumakohua, servent de porte d’entrée dans le lagon. Et quel lagon : 1100 km² de terrain de jeu quand la terre émergée ne représente que 16 km². Barracuda, mérou, requin marteau et tigre, raie aigle et manta, l’animation sous-marine est l’une des plus intenses au monde et attire un tourisme en bouteille qui n’en croit pas son masque.
Frédéric Legrand / Tahiti Tourisme
6
Taha’a
Retour dans l’archipel de la Société. Entourée par Bora Bora et Raiatea avec qui elle partage le même lagon, Taha’a est perlée par un chapelet de motus où il fait bon séjourner et profiter d’un climat propice au farniente. L’île en forme de fleur présente un visage authentique et la vie s’y écoule doucement, à un rythme qui colle bien à la tranquillité qui règne parmi la petite communauté de 5000 insulaires. En pratiquant le snorkeling ou la plongée bouteille, vous constaterez le caractère poissonneux de son lagon translucide. Taha’a est aussi réputée pour ses vanilleraies où tout apprendre sur cette petite gousse magique et où constituer un petit trésor à rapporter chez vous. Sa végétation préservée et son dénivelé doux en font également un terrain de randonnée idéal.
7
Raiatea
D’un saut de puce en bateau, sur les eaux du même lagon, vous voici à Raiatea. Et d’un saut dans le temps, vous voilà revenu à la période du premier peuplement de l’archipel. Berceau des Polynésiens, Raiatea fut le point de départ de l’expansion de ces navigateurs hors pair, jusqu’à Hawaii et la Nouvelle-Zélande. Il règne donc sur l’île un parfum originel, incarné par le marae de Taputapuatea. Vous apprendrez qu’un marae est un lieu sacré, un espace social et cérémonial très important dans la vie culturelle polynésienne. Aussi, la découverte de vestiges archéologiques et de pétroglyphes constitue une excellente raison d’arpenter l’île. Et s’il en fallait d’autres, quelque cabotage en paddle sur le lagon, les allées du jardin botanique ou une randonnée sur les pentes du Mont Temehani seraient autant de raisons tout aussi valables.
Grégoire Le Bacon / Tahiti Tourisme
8
Tetiaora
“More georgeous than anything I had anticipated” (“Plus beau que tout ce que j’avais pu imaginer”), c’est par ces mots que Marlon Brando décrivit Tetiaora dans son autobiographie en 1994. L’histoire est célèbre : l’acteur a découvert l’île en 1960, lors du tournage des Révoltés du Bounty. Tombé amoureux des environs, il achète Tetiaora après quelques péripéties administratives. Revenue aujourd’hui dans le giron polynésien, l’île garde la trace de la star hollywoodienne via l’un des hôtels les plus mythiques au monde : The Brando. Même sans y séjourner, vous saurez apprécier l’atoll de 5 km² devenu un refuge pour oiseaux de première importance. Entouré d’une barrière de corail sans passe, l’endroit semble coupé du monde et constitue le lieu idéal pour déconnecter.
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Rurutu
Quelle île choisir en Polynésie pour un dépaysement total ? Assurément, Rurutu se démarque nettement de ce que vous aurez vu ailleurs dans l’archipel. Son climat subtropical océanique permet la culture de nombreux fruits et légumes, notamment le taro, un tubercule très usité dans la cuisine locale. Aussi les tarodières, dont les cultures sont quadrillées par des chemins et des canaux, constituent-elles un superbe paysage de randonnée. Entre juillet et octobre, l’île accueille des centaines de baleines venues de l’Antarctique pour donner naissance à leurs baleineaux en des eaux plus clémentes. Un spectacle fascinant, depuis un bateau ou même sous l’eau. Enfin, la géologie fragmentée de l’île lui a offert de nombreuses grottes et cavités qui sont autant d’aventures à venir.
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Raivavae
Après Rurutu, voilà une excellente raison de se rendre jusqu’aux îles Australes. Raivavae, ce sont 28 motus, 4 villages, 2 routes et une poignée de pensions de famille pour vous accueillir. C’est aussi une réputation aussi secrète que flatteuse, celle d’être la plus belle île du Pacifique Sud. Une affirmation difficile à vérifier mais qui mérite que l’on essaie quand même. Constatons d’abord que sa nature intacte en fait un écrin verdoyant fort agréable. On le remarque d’autant mieux en grimpant au sommet du mont Hiro au panorama à 360°. Tout autour de Raivavae, les motus sont autant d’extensions esthétiques à expérimenter en bateau. On pense notamment à Vaiamanu qui n’a pas galvaudé son surnom de motu piscine. Le tiki rieur et ses quelques maraes témoignent d’une culture locale encore prégnante.
Emmanuel Bouvet / Tahiti Tourisme
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Nuku Hiva
Plus vaste île des Marquises, Nuku Hiva en est aussi le berceau culturel et administratif. On est là au bout du monde, au milieu d’un paysage grandiose fait de baies bordées de plages, de falaises abruptes et d’un relief verdoyant et escarpé en son centre. Un trésor brut qui se mérite, au fil de routes sinueuses et panoramiques. Pour voir la cascade de Vaipo par exemple, plus hautes chutes d’eau de Polynésie avec leurs 350 m, il vous faudra prendre d’abord un bateau avant de vous enfoncer à pied sur 5 km vers l’intérieur des terres. Son patrimoine culturel est heureusement plus accessible. Avec plus de 700 pétroglyphes, des tohua où l’on chante et danse encore, des tikis sculptés dans la pierre ou le bois, Nuku Hiva offre une intéressante plongée dans la culture polynésienne.
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Hiva Oa
Vous avez forcément entendu parler de Hiva Oa. Jacques Brel et Paul Gauguin avant lui s’y sont installés à la fin de leur vie, rendant célèbres les Marquises dans le monde entier. Pour savoir ce qui a tant plu au chanteur belge et au peintre français, on débarque dans le petit village de Atuona dont la baie est constituée d’une plage de sable noir. En remontant vers le cimetière, on tombe rapidement sur l’Espace Jacques Brel puis le musée Gauguin, avant d’effectuer d’affectueuses révérences sur les pierres tombales fleuries des deux artistes. Mais Atuona abrite également de nombreux artisans talentueux : tiki en bois gravés, pareu (paréo) aux motifs colorés, bijoux en os, leurs produits valent bien une place au chaud dans la valise. Hiva Oa abrite enfin les vallées de Taaoa et de Puamau, où bat le cœur de la culture de l’île avec le site archéologique de Lipona.
Grégoire Le Bacon / Tahiti Tourisme
Par
OLIVIER ESTEBAN
Photographie de couverture : Britney Gill