Le premier contact avec Bali se noue dès la sortie de l'aéroport, l'air est chaud, on pourrait dire chaleureux et les visages souriants... Les Balinais sont ouverts et bienveillants, le visiteur est un hôte, un invité.
Les Balinais se doivent de partager ce qu'ils ont reçu car, selon la tradition, l'île, sa terre fertile et sa végétation luxuriante n'appartiennent pas aux hommes, mais aux divinités et aux ancêtres qui les ont rejoints. Comme ils sont avides de beauté, en dansant, en peignant, en sculptant, on les honore tout autant que par la prière et l'île a su rester ce lieu exceptionnel où tous les habitants sont artistes. Les œuvres sont éphémères, les femmes tressent des offrandes vouées à se faner, les hommes sculptent dans des matériaux qui ne dureront, au mieux, que le temps de transmettre leur talent à la génération suivante. C'est dans la beauté du geste que réside son essence, qu'est transcendée l'impermanence.
UBUD
La route nous mène vers Ubud, la capitale culturelle de l'île. C'est un lieu effervescent, où se rejoignent le meilleur de deux mondes, la modernité et les traditions ancestrales. Les hôtels sont à la hauteur de cette fusion parfaite, confort et raffinement s'intègrent dans des paysages de jungle luxuriante ou des jardins tropicaux. Les piscines en pierre naturelle sont des bassins émeraude. Le luxe est dans l'harmonie.
Les environs d'Ubud se découvrent en vélo, en rafting, ou plus simplement par des marches de funambules d'une terrasse à l'autre, sur les étroits rebords des rizières. L'eau et la terre s'y rejoignent pour refléter le ciel et faire pousser le riz, dont la culture est un hommage à Sri, sa déesse. Le climat humide magnifie en les couvrant d'une mousse douce aux couleurs fluorescentes les bas-reliefs qui ornent les murs d'enceinte. Au cœur du village, se trouve la forêt des singes, où ils règnent en maitres absolus.
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Si Bali est l'île aux mille temples, Ubud en abrite des centaines. Certaines festivités les concernent tous, mais ils ont aussi leurs propres dates anniversaire, les Odalan. Toute la communauté reliée au temple célèbre l'évènement. Il est donc impossible de ne pas voir, au moins une fois, s'avancer au rythme des percussions, les processions de femmes portant sur le sommet de leur tête de magnifiques offrandes pyramidales, où s'empilent fruits, fleurs, œufs et poulets grillés. A la tombée de la nuit, dans la plupart des banjars, ces lieux de réunion, les formations d'hommes et de jeunes s'exercent au gamelan. Comme dans toute activité artistique sur l'île, c'est par le groupe que jaillit l'unité. Le son est envoutant, hypnotique, il tourbillonne. Les pensées, s'éclairent, comme les lucioles au-dessus des champs. Au retour, quelques accords suffiront à replonger dans l'atmosphère envoutante de l'île, aussi sûrement que l'odeur épicée des kreteks, les cigarettes au clou de girofle.
On pourrait s'éterniser à Ubud, mais la route nous conduit vers une autre version du paradis... À Munduk, on vit dans le Bali rural, inchangé depuis des décennies. De la terrasse en bois de l'hôtel, la vue plonge vers des plantations de giroflier, l'horizon est bordé de montagnes, dont la beauté s'amplifie en fin d'après-midi, lorsqu'elles prennent des reflets bleutés. Aux alentours, on se perd dans des forêts denses, abritant des cascades, des sources, sanctuaires naturels dont les fougères tamisent l'atmosphère. Ici, c'est la paix absolue des sens, une fraîcheur bienfaisante s'installe dès que tombe la nuit.
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Plus à l'est, s'étend une autre terre féérique, la région de Sidemen. C'est là qu'ont été sculptées les plus prodigieuses rizières en terrasses. Le Mont Agung, le plus haut sommet de l'île, sublime ce paysage. Face à la puissance de son relief, on comprend pourquoi les Balinais y voient le berceau des dieux. La force qu'ils lui prêtent les conduit à orienter leur tête de lit dans sa direction, où qu'ils se trouvent sur l'île. Les plus sportifs pourront faire son ascension de nuit, afin d'atteindre son sommet au lever du jour. Mais on pourra préférer glisser en rafting sur la rivière, ou simplement partir à la rencontre des paysans dans les champs, les vergers environnants. Tout porte à la contemplation, le vent qui balaie les tiges de riz, la course des nuages... On laisse filer les heures, les journées, au rythme du soleil.
En quittant Sidemen en direction de la mer, le temple de Besakih, bâti sur les flancs d'Agung, culmine jusqu'à 1000 mètres d'altitude. Avant même l'émergence des courants hindouistes, sa localisation était considérée sacrée, mais depuis que l'irruption du volcan l'a épargné en 1963, il est encore plus vénéré.
Countryside Sidemen
Et puis l'on atteint Amed. On pourrait être sur une autre île, la terre est sèche, aride. Ici, les algues sont les principales cultures. Le temps semble s'être arrêté. La mer caresse doucement le rivage, et les fonds coralliens multicolores se révèlent en transparence. La route vallonnée qui longe la côte jusqu'à Tirta Gangga et ses jardins inondés est une merveille. Le bord de mer abrite des fabriques de sel dont les cristaux scintillent entre des troncs de bois grisés. En remontant vers Tulamben, les amateurs de plongée en bouteille pourront explorer une épave de bateau.
On file vers l'ouest, et le parc national de Bali Barat, une réserve naturelle qui abrite des centaines d'espèces d'oiseaux multicolores. En logeant au cœur de la mangrove, on se trouve aux premières loges pour voir s'ébattre les singes et les coqs sauvages.... Et l'on réalise des rêves d'enfant, vivre dans une cabane à ras de l'eau, pagayer en kayak, et galoper sur des pur-sang au coucher du soleil. La plongée au masque et au tuba au large de la minuscule île de Menjangan est une révélation. La profondeur de la fosse marine permet, en dérivant à quelques mètres du rivage, d'observer des fonds dignes d'un film du commandant Cousteau.
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Et puis vient le moment où le retour approche. En revenant vers le sud, une halte s'impose sur la plage de Balian. La large baie de sable noir aux reflets d'or, où ont échoué d'énormes roches sombres est digne d'un tableau de Dali. On s'attend à voir surgir des dinosaures, mais les grottes n'abritent que des chauves-souris. La route file jusqu'au temple de Tanah Lot, bâti sur un minuscule îlot. La silhouette ciselée de ses merus, se découpe à l'horizon. De là, on peut continuer jusqu'à la péninsule du sud, le Bukit, une immense falaise calcaire, bordée de criques de sable blanc dont les vagues ont assuré la renommée auprès des meilleurs surfers. Ou se poser à Umalas, tout près de Seminyak, et se laisser hypnotiser une dernière fois par les rizières, tout en renouant avec le monde moderne. Les meilleurs restaurants, bars, les boutiques les plus créatives de l'île sont regroupés là. L'occasion de ramener des merveilles, même si les plus beaux souvenirs de Bali sont ceux qui restent gravés non seulement dans les esprits mais dans les cinq sens... Et ils sont nombreux !
LOMBOK
Vite ! L'île, dont le nom signifie "piment" est encore telle qu'elle était il y a 30 ans... À une exception près : en bordure de plages paradisiaques se sont implantés quelques hôtels qui allient confort, raffinement et élégance à un service de rêve...
S'il y a urgence, c'est parce que de grands projets de développement portent sur des sites féériques.
À proximité de Sengiggi, le Jeevaklui est une petite structure qui privilégie l'intimité. Tout est là: couchers de soleil éblouissants sur la mer et les volcans de Bali, baignade en eau calme, rencontres avec les pêcheurs... Les amateurs d'œuvres d'art préfèreront le Tugu, un somptueux hôtel musée, conçu par un grand collectionneur indonésien. Situé à proximité d'un golfe réputé, il est bordé par une longue plage. Au loin, l'image spectrale du mont Rinjani apparait. Dans la même région, le très bel hôtel Oberoi, baigne dans un lagon d'eau turquoise. C'est le point de départ idéal pour une excursion en bateau vers les Gili, ces petites îles que leurs fonds marins exceptionnels ont rendu célèbres auprès des plongeurs.
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On pourrait se laisser bercer par le doux murmure des vagues et ne pas s'éloigner, mais, plus méconnu, le sud est incontournable. Selong Belanak est la plage "idéale". Son sable blanc est si fin, qu'on le qualifie de "farine". La mer ne se retire jamais très loin dans la baie qui s'étend sur plus de 4 kms.
À l'une des extrémités, un village de pêcheurs, à l'autre, quelques bungalows de rêve arrimés à une falaise... Entre les deux, l'horizon, l'infini, et quelques dents rocheuses coiffées de yukkas sur lesquels se perchent les oiseaux. On éprouve ici un sentiment d'absolu, de luxe, dans la plus pure simplicité. On s'initie au surf, sans risque, le fond est un doux matelas de sable, on part en mer sur un bateau de pêcheur. Le jour s'étend au rythme des marées, la nuit est suspendue sous une pluie d'étoiles. En suivant la route vallonnée qui longe la côte vers Kuta, la douceur de vivre est encore magnifiée par la force vigoureuse des montagnes. Les reliefs s'écartèlent et laissent entrevoir des baies de sable fin. Chacune a son charme propre, ses attraits. On cède la place à un enfant qui mène un troupeau de buffles vers les versants escarpés, des singes sont embusqués dans les talus. Juste avant d'atteindre Kuta, le point de vue est irréel: une dentelle de rivages dorés, bordée de cocotiers est plongée dans un ruban d'eau cristalline. Quelques îlots arrondis ponctuent l'horizon. Le village, les boutiques, les restaurants, sont en bambou, recouverts de chaume sèche, posés à même le sable. À la sortie, s'étendent de vastes cocoteraies, des mangroves, quelques monticules doux, que l'on peut parcourir à cheval, ou en sidomo, la traditionnelle carriole, enlevée par des petits chevaux à la crinière ornée de pompons. Le temps s'est arrêté, on aimerait qu'il se fige.
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La côte de Lombok éclipse la beauté inaltérée des paysages ruraux, la richesse de la culture de ses habitants. Impossible, néanmoins de ne pas évoquer le volcan Rinjani, le berceau de la déesse Anjani. Balinais et Sasaks le considèrent comme sacré. Le trek dure trois jours, il est éprouvant, mais l'effort est récompensé. Des reliefs époustouflants succèdent à des mers de nuages. Le grand lac de la caldera est une émeraude sertie dans une anse rocheuse. Des sources d'eau chaude alimentent des bassins naturels. L'une d'elle aurait des vertus curatives, une grotte serait propice à de profondes méditations...
On l'aura compris, à Lombok, la rencontre avec la nature est d'une intensité stupéfiante. Difficile de ne pas s'attacher à chaque région, plus encore de s'en arracher. À moins d'être sûr d'y retourner...
LES PETITES ILES DE LA SONDE
Chacune est un joyau... Un bijou, oublié des touristes mais béni des dieux. Pour les découvrir, mieux vaut être accompagné d'un guide, car on n'y pratique peu l'anglais.... À moins de les aborder au cours d'une croisière sur un magnifique Pinisi, ces longs vaisseaux en bois de fer construits par les Bugis, il faudra parfois renoncer au confort qu'offrent Bali et Lombok. Peu importe, leur magnificence terrestre et maritime et la rencontre avec des cultures extraordinaires suffisent pour s'y sentir infiniment privilégié ...
Au large de Florès, le parc national de Komodo, regroupe des îles dont les fonds marins et les plages de sable blanc sont exceptionnels. Mais surtout, il héberge un hôte remarquable, un varan qui peut mesurer plus de 3 mètres de long, bondir de 2 mètres et courser une chèvre. Pour le débusquer, on accoste sur l'île de Rinca, où, accompagné d'un guide armé d'un bâton fourchu, on parcourt la savane. Après le grand frisson de la confrontation avec ce géant d'une autre ère, on fait halte sur la célèbre Pantai Merah de Komodo. Au large, la baie abritée par de douces pentes vallonnées, ressemble à l'oeil d'un cyclope. Le sable rose trempe dans l'eau turquoise, et, à quelques mètres du rivage, les fonds sont inouïs.
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Puis on regagne Florès, dont la diversité de paysages est stupéfiante. Des criques de sable blanc, noir et même des plages de galets bleus émaillent ses côtes. L'intérieur des terres réserve d'autres surprises. Uniques au monde, aux alentours de Ruteng, des rizières découpent la vallée sous forme de gigantesques toiles d'araignées. Un trekking superbe mène à Waerebo, un village Manggarai, où l'on dort dans les huttes rondes de la tribu, dont les toits vont presque jusqu'au sol. L'île est en grande majorité catholique, mais la religion transmise par les missionnaires portugais, cohabite et se mêle au culte des ancêtres. On vit avec ses morts. Dans les régions urbanisées, les tombes jouxtent les maisons. Dans les villages Ngada, les toits en forme de chapeau, sont répartis de part et d'autre d'un carré central. C'est là qu'ont lieu les cérémonies rituelles. Les Ngadhus, ces grands parasols en chaume, symboles masculins, font face aux Bhagas, des maisons miniatures qui symbolisent le féminin, derrière eux, des édifices mégalithes voisinent des pierres tombales surmontées de croix. La route monte en serpentant vers Moni. Surgies de nulle part, entre deux halos brumeux, des femmes, chargées de paniers d'osiers, laissent deviner des hameaux. Il fait frais, le village est une halte vers le volcan Kelimutu. Juste avant le jour, l'ascension facile et rapide ne laisse rien présager de l'éblouissement qui nous saisit au sommet, baptisé "meditation point". Avec le soleil apparaissent trois lacs de couleurs différentes, un vert acide, un rouge foncé et un noir d'encre, qui reflètent les nuages.
Putu Sayoga/Redux-REA
Et puis on vogue vers Sumbawa. Ses plages translucides et ses spots de surf ont fait sa réputation. Pourtant la culture des Dou Donggos, ses vestiges du néolithique et ses paysages volcaniques méritent d'être explorés. Sa voisine, Sumba, l'île aux chevaux, est une terre sèche, aride. Ici, les villageois portent encore un sabre à la ceinture. Leurs rites funéraires leur valent le titre de mégalithes modernes. Anciens guerriers, une fois l'an, ils s'adonnent à une grande fête, la Pasola. Des joutes à cheval opposent les membres de clans opposés. On l'aura compris, même si ses eaux claires et la blancheur de son sable auraient pu suffire, l'île est un univers à part entière...
Chacune des îles de la Sonde donne un goût d'aventure, pourquoi ne pas pousser l'exploration jusqu'en Irian Jaya ? Dans la vallée Baliem, les papous nous y attendent, sourire aux lèvres, vêtus de leurs seuls étuis péniens...
LE PETIT + VOYAGEURS
A Bali, où la tradition du cerf-volant est immémoriale, les cieux se colorent de poissons et de dragons multicolores. Passez l’après-midi chez Mr Made, créateur de cerf-volant, pour qu’il vous initie à son art - et faites voler votre « œuvre » avec les enfants du village.
Visitez la Green School, une école qui initie les enfants à une conscience et à des pratiques écologiques. Potager bio, pépinière de bambous, production d’électricité via des panneaux solaires, l’école est un véritable laboratoire pour le développement durable !
Rencontrez un prêtre hindouiste qui vous expliquera le système des castes et la société indonésienne. A Lombok, faites l’ascension du mont Rinjani, l’un des plus hauts volcans d’Indonésie – il culmine à près de 4000 mètres d’altitude. Sur la route, pêche, cueillette et baignade dans les sources d’eau chaude. Un voyage !
Dormir à Ubud, au Como Shambala Estate Une retraite à Bali. Une qualité de soins exceptionnels, des cours de yoga et de méditation, dans un cadre somptueux, au cœur de la forêt tropicale. Une adresse prestigieuse, entièrement tournée vers le bien-être.
LES 7 BONNES RAISONS D’AIMER BALI
A Seminyak, louer une maison face aux rizières, pour se rêver chez soi à Bali.
Plonger à Menjangan : napoléons, requins, barracudas et crabes de porcelaine.
Buller entre mer et mangrove.
Célébrer la grande fête de Nyepi : les Ogoh Ogoh, monstres géants de papier mâché, portés à bras d’hommes, défilent dans les rues.
Passer la nuit dans un ancien grenier à riz en lisière du parc national de Bali Barat
A Ubud, suivre une procession pour l’anniversaire d’un temple, percussions, offrandes de fruits et de fleurs – et chaque matin, se délecter du raffinement des offrandes de fleurs composées par les Balinaises
A Sidemen, se balader dans les rizières en terrasse, des dégradés de vert à l’infini !
Par
SANDRINE SOIMAUD