Terre empreinte de mythologie et berceau des jeux Olympiques, le Péloponnèse est également riche de saveurs ensoleillées et de paysages à se damner.
Le Péloponnèse est un art de vivre. On y entre de plain-pied, à Nauplie, ville populaire et enchanteresse, d’une élégance un peu fanée – sans doute la plus belle des cités grecques. Ruelles étroites bordées de maisons aux façades chaulées, où l’on croise une foule de prêtres orthodoxes et autant de chats ensommeillés, parvis pavés de marbre, terrasses aux chaises dépareillées. Le soir tombé, comme en tous les endroits du monde où la chaleur contraint à passer l’après-midi en sieste, la ville entière défile et se bouscule sur la place principale, tandis que les enfants entament des matchs de football impromptus. On s’en arrache, presque à regret, pour aller assister à Épidaure à une représentation d’Électre (donnée ce jour-là par la troupe de la Comédie Française), dans le théâtre le mieux conservé de la Grèce antique. Acoustique folle et océan d’oliviers.
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Mythe
Le Péloponnèse est un territoire qui encore aujourd’hui garde vives les empreintes d’un temps où les dieux partageaient les faiblesses et les passions des hommes. Mycènes, où Agamemnon, rentrant victorieux de la guerre de Troie, fut assassiné par sa femme et son amant, déclenchant la colère meurtrière de ses enfants, Électre et Oreste. Un peu plus loin, sur les collines nues de Némée, au lac de Lerne, au lac de Stymphale, arènes où Héraclès mena les premiers de ses douze travaux, terrassant un lion, une hydre à cent têtes et des oiseaux anthropophages. À Olympie, où l’on arpente la plaine jonchée de colonnes massives, couchées dans les herbes, vestiges du grand sanctuaire dédié au culte de Zeus, qui accueillit pendant plus d’un millénaire les joutes des athlètes venus de toutes les cités de la Grèce.
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Gastronomie
Simple, ensoleillée. Des plats de partage, que l’on pose au milieu d’une grande table. Pot-au-feu de chèvre, yeux noirs aux épinards, soupe de lentilles, toujours agrémentée d’un morceau de feta et d’olives de Kalamata – reconnaissables à leur couleur aubergine, leur texture charnue, leur goût incomparable. C’est un terroir. En cette région d’abondance, où l’autarcie est un principe, on vit de sa production, on troque entre voisins, miel contre feta, figues contre cédrats. Chaque famille cultive un potager, un verger et un lopin de terre planté d’oliviers, où paissent chèvres et brebis. Chaque famille produit son huile d’olives, autrefois destinée au seul usage domestique, désormais exportée par quelques sourceurs inspirés, prisée des étoilés parisiens. Une marche dans les oliveraies et la visite du pressoir conduisent à l’initiation à la dégustation : un véritable cérémonial où sont évalués les arômes – au nez d’abord, puis en bouche, au verre, et sur du pain blanc, enfin.
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Patrimoine
Monemvasia, ville fortifiée nichée au creux d’un immense rocher nu, au large, reliée au continent par une digue. On n’y pénètre qu’à pied, par un passage voûté. D’un côté, les remparts de la falaise à pic sur la mer ; de l’autre, un lacis de ruelles, maisons de pierres dorées serrées les unes contre les autres, cascade de tuiles rouges. Les Grecs l’ont défendue contre les Francs, les Francs contre les Byzantins, les Vénitiens contre les Ottomans, à deux reprises. Au XIXe siècle, elle est redevenue ce qu’elle a toujours été : grecque, mais enrichie des cultures des conquérants. Puis, Mystras, autrefois éblouissante capitale de palais, aujourd’hui abandonnée, tout comme les églises, les chapelles et les monastères devenus des vestiges byzantins. Leurs fresques vibrent de couleurs. Mais ce qui frappe, c’est la façon dont les peintres ont mêlé quotidien et divin : des scènes tirées des Écritures, où l’on perçoit moins de convention que de joyeuse inventivité.
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Les paysages du Péloponnèse
Des vergers d’agrumes aux fruits gorgés de soleil, des oliviers en pagaille, des cyprès élancés, des mûriers fleuris de mauve. Péninsule du Magne, à l’extrême sud du continent européen – montagnes pelées, collines de pierrailles, chemins rocailleux, troupeaux en liberté. Et quelques minuscules villages de pierres aux allures de forteresses. La route flâne sur les collines à travers des garrigues quadrillées de pierre sèche, serpente dans la montagne. Derrière une succession de vallées mamelonnées, la mer apparaît par intermittence. Puis, à mesure que les kilomètres s’égrènent, les côtes se dessinent, qui tendent les bras à l’Afrique, morceaux de terre qui s’étirent en longueur. Un village assoupi sur ses rêves d’eau turquoise, face à une crique soyeuse. Des grands-mères vêtues de noir assises aux perrons des maisons, comme pour parfaire le décor. Une salade de poulpe égayée d’un ouzo lacté. Et, quand on a trop chaud, on s’en va au bout de la rue, piquer une tête dans l’eau de jade. Le temps s’étire, il se dilate dans ces allers-retours entre l’eau et la terrasse, la terrasse et l’eau.
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Où dormir dans le Péloponnèse ?
Tainaron Blue Retreat
Cap Tainaro, pointe du Magne, une tour de guerre (xemonia) transformée en adresse d’initiés, entre montagne et falaise.
Amanzoe
Néoclassicisme abstrait pour cet écrin de confort à l’intimité préservée, à Kranidi.
Bastione Malvasia Hotel
Un cadre époustouflant pour cet hôtel situé au cœur de la ville-château médiévale de Monemvasia.
Photographie de couverture : Thomas Linkel/LAIF-REA