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Les films à voir avant de partir au Canada

Les films à voir avant de partir au Canada

Marqué par des figures tutélaires telles que Denys Arcand, ou plus près de nous, le frondeur hipster Xavier Dolan, le cinéma québécois entretient des liens étroits avec la cinéphilie française, versant film psychologique. Les grands espaces canadiens cinégéniques appellent eux aux road-movies et autres films contemplatifs. On aime les uns et les autres. Notre sélection de films à voir avant un voyage au Canada.

1

Mommy, de Xavier Dolan (2014)

Avec Mommy, le jeune prodige se penche encore une fois sur une relation mère-fils, traitée avec son  intelligence des méandres de l’âme humaine, sa capacité à mettre les névroses en scène. Les personnages sont désaxés, leurs rapports violents, mais le propos du film – la peur de l’abandon, de la perte – est universel. Le cadre, étroit, ajoute au sentiment de claustrophobie suscité par le récit du quotidien de cette cellule familiale close et dysfonctionnelle ; la B-O flirte avec le mauvais goût, mais de façon très subtile et bien dosé ; la folie des personnages amène le récit à un niveau de fiction dément. Un grand film de cinéma, bouleversant et dévastateur.

 

couverture du film Mommy

2

C.R.A.Z.Y, de Jean-Marc Vallée (2006)

C.R.A.Z.Y est une chronique intimiste au long cours qui met en scène la vie d’une famille moyenne de Montréal, à la poursuite du bonheur,  de 1960 à 1980. Au coeur du récit, Zachary, quatrième d’une famille de cinq garçons, dont le film retrace l’enfance puis l’adolescence, et son parcours pour accepter son homosexualité, face à un père aimant mais homophobe. David Bowie, Pink Floyd et Rolling Stones, pantalons pattes d’eph, la nostalgie fonctionne à plein ; mais au-delà, C.R.A.Z.Y est une comédie humaine, personnages hauts en couleur et émotions vives – oeuvre culte, ce teen movie queer est aussi l’un des plus grands succès du cinéma québécois, avec un million d’entrées au Canada.

 

couverture du film C.R.A.Z.Y

3

Incendies, de Denis Villeneuve (2011)

Adaptation de la pièce du Libanais Wajdi Mouawad, créée à Paris en 2004, Incendies est une saga familiale sur fond de guerre au Moyen-Orient. Montréal, à la mort de leur mère Nawal, Jeanne et Simon sont convoqués par le notaire à qui elle a confié deux lettres, par lesquelles elle demande à l’une de retrouver son père, à l’autre de retrouver son frère. Simon refuse, Jeanne part seule pour ce pays jamais nommé, mais dont l’histoire évoque celle du Liban. C’est le début d’un récit qui va courir sur plusieurs époques et générations. Un grand spectacle tragique, belle puissance de récit et mise en scène brillante.

 

couverture du film Incendies

4

The Revenant, d'Alejandro González Iñárritu (2015)

1824, Hugh Glass (Leonardo Di Caprio) guide une expédition de trappeurs, bientôt décimée par des guerriers Arikara. De retour vers le fort Kiowa avec les survivants, Glass est attaqué par un ours. Ses compagnons le laissent agoniser avec son fils et deux trappeurs. Tourné en plein hiver au Canada, entièrement en lumières naturelles – l’image est crépusculaire, on a froid avec les personnages – The Revenant frappe les esprits d’une scène à l’autre. Avec sa succession de longs plans séquences virtuoses, The Revenant est un film qui montre encore une fois, après Birdman, le génie du réalisateur Alejandro González Iñárritu. Sa dimension épique incarne le mythe de la fondation des Etats-Unis d’Amérique.

 

couverture du film The Revenant

5

Into The Wild, Sean Penn (2007)

Adapté du récit que le journaliste américain Jon Krakauer a fait de la vie de Christopher Mc Candless qui en 1990, fraîchement diplômé, a fait le choix de déserter la bonne société sudiste pour sillonner l’Ouest des Etats-Unis, Into The Wild retrace l’errance du jeune homme, sans argent, sans boussole, à travers l’Amérique, ses grands espaces et ses zones à la marge ; puis sa survie, dans le plus grand dépouillement, en Alaska, où il trouve abri dans un vieux bus au milieu de nulle part, et vit de cueillette et de chasse. Sean Penn prend un plaisir extatique à filmer les paysages américains, et signe là un road-movie politique et lyrique.

 

couverture du film Into The Wild

6

Le Secret de Brokeback Moutain, de Ang Lee (2005)

Jack (Jake Gyllenhaal) et Ennis (Heath Ledger) ont 20 ans quand ils se rencontrent dans une ville de l’Ouest américain, en 1963, embauchés pour garder les moutons qui iront paître sur les terres du parc national voisin. Dans cet nature sauvage et isolée, les deux hommes tombent amoureux. Ils se séparent à la fin de l’été mais vivront pendant toute leur vie une passion amoureuse clandestine. Brokeback Moutain revisite deux genres fondateurs du cinéma hollywoodien, le western et le mélo. Les paysages sont au coeur de ce film contemplatif, tourné dans les somptueuses montagnes de l’Alberta canadien.

 

Couverture du film Brokeback Mountain

7

Les Invasions Barbares, de Denys Arcand (2003)

Le déclin de l’empire américain mettait en scène dans les années 70 un groupe d’amis  intellectuels, qui partageaient les mêmes utopies, et se réunissaient dans une maison au bord d’un lac, pour cuisiner et disserter de la vie comme elle va. Dix-sept ans après, dans Les Invasions Barbares, Rémy, atteint d’un cancer, va mourir, ses vieux amis sont venus le soutenir. Un film gai et triste à la fois, humaniste et féroce. Célébration d’une amitié solide en dépit du temps qui passe, réflexion existentielle, et captation des joies et affres d’une génération.

 

couverture du film Les Invasions Barbares

8

La Grande Séduction, de Jean-François Pouliot (2003)

A Sainte-Marie-La-Mauderne, petit village portuaire de cent vingt-cinq habitants, quelque part dans le nord du Canada, anciens pêcheurs, les villageois sont tous contraints de vivre du « bien-être social », l’équivalent du RSA, sombrant peu à peu dans la morosité et le désespoir. L’un d’entre eux, Germain, décide de prendre les choses en main. Pour répondre aux exigences d’une entreprise qui souhaite implanter là une usine, il tente de convaincre un médecin de s’installer là, loin de tout confort moderne. Galeries de portraits truculents, et fable énergique et drôle, le film a remporté un vaste succès populaire au Québec.

 

couverture du film La Grande Séduction

 

Par

MARION OSMONT

 

Photographie de couverture

SAMANTHA FAIVRE