Région pontificale, les Marches rayonne aussi et avant tout par la beauté de ses paysages. Collines harmonieuses, campagne bucolique et petits ports le long de l’Adriatique en témoignent.
À les regarder de l’ouest, de l’Apennin, on voit un vieux pays rural, bosselé et compartimenté comme un rêve de phrénologiste. Les Marches sont une terre d’ancienne agriculture. Là aussi, on fait pousser des oliviers. Là aussi, on cherche des truffes. Là aussi, on fait rôtir la porchetta (le cochon farci). Des chantiers navals d’Ancône - avez-vous vu ce genre d’installation ? - aux ateliers de fabrication d’accordéons de Castelfidardo, la mécanique est petite ou grande. Le bord de la mer ? On y vient : des plages tout au long, des falaises blanches, des petits ports, des terrasses ombragées où siroter à la brise en lisant la Gazzetta dello Sport.
Il y a cinq provinces dans les Marches. Choisissons, pour en donner le goût, un élément dans chacune d’elle. À Ancône, le Lazzaretto, centre de quarantaine de 1732 recevant aujourd’hui un festival de cinéma en été. Le 7e art a d’ailleurs honoré la ville, qui a servi de lieu de tournages pour Les Amants diaboliques de Luchino Visconti (1943) ou La Chambre du fils de Nanni Moretti (Palme d’or en 2001). Pour Ascoli Piceno, on hésite entre les olives farcies à l’ascolane et son baptistère. En revanche, à Fermo, allez directement à la pinacothèque : les scènes de la vie de sainte Lucie de Syracuse, par le peintre Jacobello del Fiore (actif entre 1394 et 1439), sont admirables. Cingoli, dans la province de Macerata, est le belvédère des Marches, d’où, par temps clair, on embrasse toute la région et jusqu’aux ultramarines montagnes croates. Reste Pesaro et Urbino. Renata Tebaldi, dont on peut penser qu’elle chantait mieux que Maria Callas, est née à Pesaro en 1922.
Quant à la casciotta, fromage de brebis, elle contribue puissamment à la réputation d’Urbino depuis au moins la Renaissance. Le palais ducal d’Urbino, Renaissance lui aussi, est une merveille. Si toutes ces choses illustrent la richesse des Marches sans l’épuiser, il ne faut pas oublier que cette région est avant tout une nature. À cet égard, le parc national des monts Sibyllins, dans l’Appenin, partagé avec l’Ombrie, présente des paysages spectaculaires dans lesquels la randonnée trouve un terrain particulièrement favorable. En cheminant, on peut croiser un lièvre, apercevoir un isard ou un aigle, remarquer un edelweiss ou une anémone. Les Marches : une région “ascensationnelle”…
Photographies
JÉRÔME GALLAND