Les deux villes encadrent le voyage en Californie. D’un côté, celle qu’on dit être « la plus européenne des villes américaines », 870 000 habitants intra-muros, 4,7 millions pour l’agglomération. De l’autre, la géante aux limites toujours repoussées, 120 kilomètres le long du Pacifique, 50 km de large, 4 millions d’habitants au centre, près de 19 millions tous quartiers confondus. La première, militante des grandes causes du siècle passé ou présent et reine de l’informatique, l’autre, sportive, cinéphile et frimeuse. Chacune ses inconditionnels, chacune ses délateurs. Et vous, LA ou SF ?
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Accès
Entre Paris et Los Angeles (LAW), Air France, Delta et Air Tahiti Nui, sans oublier Norwegian la low-cost long-courrier, assurent ensemble plusieurs vols quotidiens directs. Ils durent un peu plus de 11 heures. La délivrance des bagages se fait dans de bonnes conditions malgré la fréquentation dense. Tout comme la prise en main d’une voiture de location à condition qu’elle soit réservée d’avance. Compter deux heures entre l’atterrissage et les premiers tours de roue. Un GPS est indispensable lors d'un voyage à Los Angeles.
Pour un voyage à San Francisco (SFO), voir United, Air France, Delta et Lufthansa qui assurent plusieurs vols chaque jour au départ de Paris. A partir de mai, la low-cost French Blue rejoindra ce quatuor. Compter 11h30 de vol et des prix variables selon dates et compagnies. Egalement deux bonnes heures entre l’atterrissage et la réception d’une clef de contact (réservation quasi obligée). GPS bienvenu.
Verdict : Avantage Los Angeles
©Ronan Guillou
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Météo
San Francisco est réputée pour ses températures frisquettes, même en été. En juillet par exemple, elles varient entre 13 et 20°C pendant que l’océan à 15°C ne séduit que les baigneurs courageux. En revanche, à la même période, Los Angeles enregistre une température terrestre entre 19 et 29°C sous un soleil de plomb avec une eau à 18°C.
Verdict : Avantage Los Angeles
©Zoé Fidji
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Déplacements, circulation
C’est connu, à San Francisco, du moins dans le centre-ville, on se déplace à pied ou en tramway. Local et très spectaculaire lorsqu’il grimpe à l’assaut des collines. On peut aussi utiliser la voiture. Peu de place où se garer le long des trottoirs et tarifs des parcs de stationnement prohibitifs (jusqu’à 20 $ les deux heures). Globalement, circulation assez fluide.
A Los Angeles, la voiture est indispensable. Taxis introuvables mais Uber très accessibles. Réseau d’autoroutes gigantesques, circulation dense tout le long de la journée, risque important de rater une sortie et de devoir récupérer son itinéraire à la suivante, embouteillages monstres fréquents. Hormis le centre-ville et quelques avenues (Hollywood Boulevard, Melrose, etc.) il est impensable de marcher, tant la ville est immense. Prévoir de longues heures passées dans sa voiture.
Verdict : Avantage San Francisco
©Camille Lambrecq
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Ambiance
Los Angeles veut être la capitale Pacifique des Etats-Unis. A New York les gloires et le style d’antan. A LA, la dynamique du futur. Cinéma, services, rap, télévision, musique, mode… Tout ici affiche une longueur d’avance sur le reste des Etats-Unis. Frime en plus, sans doute l’influence du cinéma et de ses stars, jamais en retard d’une villa gigantesque ou d’une fête délirante. Enfin, le culte du corps est un dogme né en Californie, sur Venice Beach en particulier. On mange bio (organic), on court, on écoute son coach, on veille à l’éclat de son sourire. Dommage que les rencontres soient peu aisées pour le visiteur dans une ville dont les habitants passent un temps fou dans leur voiture et cultivent l’entre-soi.
A côté, San Francisco passe pour un repaire d’intellectuels. Il est vrai que la ville conduit toutes les révolutions de ces cinquante dernières années : étudiante à Berkeley en 1967, beatnik et hippie dans la foulée, musicale avec Joplin, Hendrix, Grateful Dead, sexuelle avec les gays et lesbiennes, informatique du côté de Palo Alto, écologique, viticole, etc. Résultat, hipsters avec catogan et barbus à boucle d’oreille et chemise à carreau font bon ménage, chacun sa secte, chacun son clavier. Toujours prêt à échanger dans un Starbucks, ordinateur ouvert.
Verdict : Avantage San Francisco
©Kevin Miyazaki/The New York Times-REDUX-REA
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Vie, visite
San Francisco est relativement homogène, à la manière de Paris ou Marseille, Bordeaux, etc. Certes aller du nord (Golden Gate Bridge et Fisherman’s Warf où on siffle une Budweiser en applaudissant les lions de mer) au sud (marché, restaurants, spectacles le long des quais avant d’embarquer sur le ferry pour Alcatraz), de Haight-Ashbury, mythique carrefour hippie, à Union Square, le cœur vibrant de la ville ou à Chinatown, prend un peu de temps mais demeure aussitôt faisable dès que l’envie se manifeste. Les transports en commun rendent l’affaire très aisée.
Los Angeles compte près de 90 quartiers. Hormis le visiteur qui jette son dévolu sur deux ou trois de ces enclos, le centre, nouveau rendez-vous so trendy, Hollywood Boulevard pour son défilé d’étoiles et Bel Air, histoire de voir la colline magique occupée par les villas de stars, par exemple, l’immense majorité des Angelinos restent dans leur quartier, celui où ils travaillent, font leurs courses et trouvent l’école des enfants. Le moindre déplacement exigeant quelques heures d’embouteillage, on les comprend. En prime, transports publics peu nombreux et taxis défaillants.
Verdict : Avantage San Francisco
©Andreas Teichmann/LAIF-REA
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Etonnements
Aux Etats-Unis, la vie, c’est comme au cinéma. Vérification faite en Californie. Los Angeles dévoile actuellement ses murals, peintures réalisées sur des façades vierges, tout un quartier proche du centre (Arts District). Bluffant. Tout comme l’hôtel ACE, dernier rendez-vous hors sol de LA où l’on croise Vampirella au bras de Lady Gaga, un géant black avec sa poupée Barbie et tous les hipsters ou artistes déjantés de passage. Contigüe, le carré de ceux qui n’ont plus rien, les centres sociaux du coin assurent comme ils peuvent, la police veille sur les promeneurs égarés, les services sanitaires ramassent les seringues, combinaison blanche et masque sur la bouche, en direct chaque matin. Plus graphique, le skate Park de Venice Beach, les ados adorent. Une vingtaine de champions se défient en permanence sur fond de plage immense, de palmiers et d’allées pour bikers ou joggers. This is America.
A San Francisco, l’ébahissement n’est pas moindre quand on traverse le Golden Gate Bridge à pied ou à vélo, quand on s’offre une escapade sous la voile dans l’une des plus belles baies du monde ou quand on joue avec une voiture, capot pointé vers le ciel ou plongeant raide vers l’océan, sur les collines de la ville. Sur un autre registre, un vrai marché paysan (Ferry Plaza Farmers Market), des concerts d’anthologie à l’arrière de bistros oubliés, le SFMoMa, repaire de créateurs et l’Opéra où danse un des meilleurs ballets des Etats-Unis. Garantie d’un séjour réjouissant.
Verdict : Egalité
©Emily Berl/The New York Times-REDUX-REA
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Départ vers…
Nord contre sud. Californie high-tech contre Californie glamour et grand bleu. Au départ de San Francisco, viser Napa, à deux pas, pour explorer sa célèbre vallée viticole ou bien sud (80 km) vers la Silicon Valley où Cupertino, Palo Alto ou San Jose font rêver tous les geeks. Pour des frissons plus touristiques, il faut rejoindre la côte pacifique vers Carmel, splendide petite station balnéaire tirée à quatre épingles de lauriers roses et de pins parasol, ou filer vers l’intérieur des terres sur les pistes du parc national Yosemite. Géant.
Depuis Los Angeles, c’est simple : sud vers San Diego (2 heures de route tranquille) à la frontière mexicaine, superbe centre historique et plaisir d’une centaine de brasseries artisanales ; ou nord jusqu’à Santa Barbara, la Mecque californienne (avec Palm Springs en plein désert) des vacances, ici, pieds dans le Pacifique, avec un seul mot d’ordre, « Trop belle, la vie ». C’est un peu vrai.
Verdict : Egalité
©Frank Rothe/VISUM-REA
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Like a friend
Par son unité géographique et par sa culture militante au profit des grandes causes, San Francisco est évidemment taillée pour la rencontre. D’autant que les campus universitaires ajoutent aux envolées intellectuelles. Ici, on se parle, on échange, on débat. A l’inverse, Los Angeles, si vaste qu’elle tisse ses réseaux sociaux par quartiers et limite ses échanges au voisinage immédiat, devient moins conviviale. Ce n’est pas dans une voiture qu’on fait des rencontres. Pour s’y retrouver, opter pour la proposition de Voyageurs du Monde, « Meet the locals », à San Francisco comme à Los Angeles : rencontrer une personne qui vit sur place, Américain pur jus ou Français installé de longue date, afin d’échanger bons plans et style de vie. Agréable soirée en perspective. Découvrez notre service Like a friend.
Verdict : Avantage San Francisco.
©Hotel Zoe
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Le rêve américain
Laquelle des deux villes alimente-t-elle le plus la magie américaine, celle qui enchante le rêve du voyage en Californie ? Les geeks désignent évidemment San Francisco, creuset actuel des nouvelles technologies et de leurs développements. Savoir quand même que traverser la Silicone Valley où se trouvent Cupertino (siège d’Apple) ou Palo Alto (Tesla, Facebook, université de Stanford, etc.), ne procure pas le moindre frisson visuel, sauf à admirer quelques audaces architecturales.
Los Angeles a le mérite d’être dans la démonstration et l’audace, voire la frime. Paraître est une religion locale, d’où la chirurgie esthétique considérée comme une normalité, les soirées folles, le vêtement qui ne l’est pas moins, tenir un petit cochon en laisse ou rouler Ferrari avec chauffeur. Tout est possible car dans la cité du cinéma, on sait que l’illusion peut être parfaite grâce à quelques menus effets spéciaux. Clairement, LA (èl ay comme il convient de dire) ouvre les portes du rêve et invite à construire le sien. Beaucoup de prétendants, très peu d’élus, mais c’est ça, l’Amérique.
Verdict : Avantage Los Angeles.
©The Line Hotel
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Une solution, la réconciliation
Le voyage en Californie se fait grandiose quand on décide de suivre la route qui relie les deux villes. Moins de 800 kilomètres le long de la US 1, une merveille de décor en bordure d’océan. Alors, prendre son temps. Quitter San Francisco plein sud. Faire une première pause à Carmel-by-the-Sea, enclave balnéaire cossue fréquentée et habitée par les belles fortunes américaines, puis du côté de Big Sur, célèbre pour ses falaises qui dominent le large, sans négliger Santa Barbara, station modèle, pas plus que Santa Monica, plus animée, avant de s’égarer dans les nœuds autoroutiers de Los Angeles. California Dreamin’. Découvrez toutes nos idées de voyage en Californie.
Verdict. Parfaite égalité.
©Zoé Fidji
Par
JEAN-PIERRE CHANIAL