Etats-Unis

Radio Voyageurs : 100% Californie

Radio Voyageurs : 100% Californie

Valérie Expert reçoit Olivier Bompas, journaliste spécialiste du vin au journal Le Point, Jean-Pierre Chanial, journaliste spécialiste du tourisme au Figaro, Marc-Olivier Préault, conseiller Voyageurs du Monde pour l’Amérique du Nord, Michel-Yves Labbé, spécialiste mondial des Etats-Unis. et président de Départ Demain, et Jean-François Rial, président de Voyageurs du Monde.

 

 

La Californie en hiver

Valérie Expert invite ses invités à vanter les mérites de la Californie en hiver et commence par leur demander pourquoi l’hiver. “L’été aimante la majeure partie de nos voyageurs mais c’est une destination qui gagne à être connue aussi en hiver”, répond Marc-Olivier Préault. Michel-Yves Labbé se montre plus pragmatique en vantant l’excellent rapport qualité prix d’un tel voyage : “Un aller-retour au mois de février coûte 400 euros avec Norwegian et 1100-1200 euros en classe affaire. On peut aussi y aller avec Air France, Air Tahiti Nui qui se livrent une bagarre de prix l’hiver. D’autre part, les hôtels sont en général moins chers notamment dans les sites touristiques. Et puis il y a la fameuse Route 1, que entre San Francisco et Los Angeles. Faites-la en hiver : il y aura beaucoup moins de monde qu’en été : vous savourerez toute l’essence de cette route, qui est l’une des plus belles du monde”.  Jean-Pierre Chanial enchaîne sur cette route mythique, parle de ses très beaux points de vue, de l’accueil des Américains “toujours impeccable” et évoque “le sentiment, unique au monde, que tout est possible”.

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L’argument du climat est également mis en avant. “Il fait souvent meilleur en hiver qu’en été, notamment à San Francisco”, précise Michel-Yves Labbé. Jean-François Rial ajoute qu’en hiver, on peut visiter le désert sublime de la Death Valley en évitant d’être sous 50 degrés de chaleur ! La beauté des moutardiers en fleur dans la Napa Valley touche particulièrement Michel-Yves Labbé qui encense aussi les climats de San Diego et de Palm Springs en hiver, “où on peut combiner ski et soleil”.

Jérôme Galland

Climat à part, Jean-François Rial cherche à encourager les voyageurs à partir en dehors des mois où tout le monde s’en va et à sortir des sentiers battus : “De toute façon, il faut pousser les gens à aller dans des endroits où ils n’ont pas l’habitude d’aller parce que le nombre de touristes explose dans le monde”, analyse-t-il. “La Californie en hiver, c’est voyager à contre-courant, c’est le leitmotiv de cette émission”, conclut Michel-Yves Labbé.

 

Le vin en Californie

La conversation évolue vers un des produits forts de la Californie : le vin. “C’est le premier état à produire du vin aux Etats-Unis avec 90% de production des volumes du pays, explique Olivier Bompas, il y a cinq grandes zones viticoles sur une quinzaine de comtés. La Napa Valley est la plus connue car dans les années 70, ils ont eu la chance que Robert Mondavi s’associe avec Philippe de Rotschild pour créer un vin mythique : l’Opus One, dans la Napa Valley”.

Cependant, Jean-François Rial est un sceptique du vin californien. “Je suis allé plus de 20 fois en Californie et je n’ai jamais bu un bon vin californien”. “Il faut dire que les Américains et les Français n’ont pas les mêmes goûts”, rétorque Olivier Bompas. “On a quelques siècles d’avance”, surenchérit Jean-François Rial. “Sauf qu’ils nous ont pris nos meilleurs oenologues”, se plaint Michel-Yves Labbé…

Avant que la conversation tourne gentiment au vinaigre (de vin), Olivier Bompas reprend les rennes en partageant son savoir sur les vins californiens “bien riches, plutôt concentrés, bien mûrs, avec un caractère confituré et du bois”. Les Américains aiment les vins puissants tandis que les Français font plus dans la finesse et la fraîcheur. Cependant, il note une évolution du goût des Américains qui développent une culture de la dégustation, notamment liée aux vins de la Sonoma Valley. “Tandis que les vins de la Napa restent opulents, riches, démonstratifs, côté Sonoma, on profite de la fraîcheur de l’océan, on a des pinots noirs, on fait des vins dans la dentelle, très délicats que de plus en plus de palais apprécient”, explique-t-il. Autre changement remarqué par Olivier Bompas : on est passé de la notion de cépage à la notion de terroir. Les Américains sont en train de mettre en valeur les savoir-faire des vignerons au lieu de valoriser les cépages.

Michel-Yves Labbé et Jean-Pierre Chanial prennent le relais en donnant aux auditeurs quelques tuyaux. “Aux Etats-Unis, le vin américain est cher. Mais ils ont toujours des cartes de vin formidables. Ils ont des bourgognes, des bordeaux… et ils ne changent pas les prix sur les cartes. Alors, quelques fois, vous arrivez dix ans après, les prix sont toujours les mêmes et vous faites des affaires formidables”, conseille Michel-Yves Labbé. Jean-Pierre Chanial, lui, donne l’exemple de villes comme Santa Barbara ou Carmel qui ont compris l’importance de la dégustation : “Elles se sont dit que plutôt que de visiter des domaines, il serait plus astucieux d’installer des bars qui les représentent dans un quartier de la ville. Ils vous proposent des dégustations domaine par domaine. La bagarre entre les différents domaines se passe aussi dans ces bars puisque chacun fait appel à un architecte pour être le plus beau…”

 

Los Angeles

Des bars à vin, la discussion évolue vers Los Angeles que Marc-Olivier Préault adore et décrit avec passion : “une ville tentaculaire, immense, une agglomération de plein de communautés, une ville qui n'a pas une image aussi claire et limpide que San Francisco - ville au format plus européen -, mais qui a une énergie dingue, une attractivité, une économie fantastique à bien des égards”. Jean-Pierre Chanial insiste sur l’immensité de la ville, sur ses 120 km de long et sur le temps perdu dans la circulation, “c’est un océan d’automobiles. Du coup, on découvre que les Angelinos vivent dans leur quartier. Et je conseillerais au visiteur de faire la même chose, de se limiter à un, deux ou trois quartiers maximum”.

Sceptique sur le vin, Jean-François Rial l’était aussi sur Los Angeles, jusqu’à ce qu’il y aille pour la première fois l’an dernier. “C’est une ville très complexe. J’ai adoré. Mais j’ai eu un mal fou à choisir où dormir. En fait, il n’y a pas de réponse absolue. Je conseille un seul endroit en fonction de votre sensibilité. C’est là que la valeur ajoutée d’un conseiller Voyageurs du Monde est intéressante. On m’a dit : “Vu ce que tu es, il faut que tu ailles là”.

Mais “où là” ? Cela peut être Hollywood, Downtown LA, qui monte en puissance avec ses murals, son central market où l’on peut déjeuner à des prix dérisoires, Venice Beach… Marc-Olivier Préault ajoute : “Il faut prendre le temps d’absorber l’énergie de cette ville, de la comprendre. Souvent les gens la voient comme un passage obligé, une contrainte et veulent y passer un minimum de temps. C’est bien d’avoir le temps car il y a une inertie, des bouchons.” La conversation s’oriente alors naturellement sur la question des déplacements dans LA. “Plutôt que la voiture de location qui coûte cher quand on s’arrête, précise Michel-Yves Labbé, optez pour le Uber Pool, c’est génial, vous faites la moitié de Los Angeles pour 4$. En plus, tu discutes avec des gens, c’est vachement marrant”.

Ludovic Jacome

Désormais fan de LA, Jean-François Rial en est persuadé : “La Californie en hiver, cela peut être un voyage à Los Angeles. On reste 8-10 jours à LA, je peux vous garantir que vous n’allez pas vous ennuyer, entre les musées, les restaurants fantastiques, l’intérêt de cette ville, sa variété, son architecture, c’est extraordinaire”. Michel-Yves Labbé surenchérit :”Imaginez que vous y alliez à la fin de l’hiver , vous pouvez aller un peu au sud de Marina del Rey, là vous avez un petit bled qui s’appelle Rodondo Beach et vous pouvez mélanger le balnéaire et vous êtes à 30 min de Hollywood ou Downtown”. Pour Marc-Olivier Préault, on peut aussi pousser jusqu’à la Vallée de la Mort : “C’est absolument envoûtant et au retour, on peut revenir sur Palm Springs et Joshua Tree, cela fait un beau triptyque”.

Jean-Pierre Chanial, lui, est un fan de Santa Barbara, “la station mythique de la Californie pour les Américains, où l’on peut croiser des célébrités les jours de marché, c’est la belle vie à l’américaine”. Marc-Olivier Préault en profite pour parler de Laurence Hauben, qui oeuvre pour Voyageurs du Monde “like a local” à Santa Barbara et qui a initié le concept “Farm to table” qui connecte les petits producteurs locaux aux marchés. “On travaille avec elle de manière privée, elle nous amène sur les marchés, vous vivez avec une Californienne”, explique Marc-Olivier Préault.

Steffen Foerster

Michel-Yves Labbé profite de la diversion sur les marchés et pour évoquer petite ville d’Ojai, “à 20 km à l’est de Santa Barbara. C’est la Mecque du éco-friendly. Tu n’as que des producteurs qui vendent directement. Pas de Wallmart, pas de chaînes, tout est sustainable…D’ailleurs, on pense que les Américains bouffent des trucs bidons. C’est faux, en Californie, ils sont très en avance. Il y a des producteurs qui font des produits d’extraordinaire qualité, des huiles d’olive, des fraises. Vous avez des restaurants qui cuisinent ces produits. On trouve un rapport qualité-prix extraordinaire”.

 

San Diego

De Los Angeles, cap vers le sud et San Diego, dont Michel-Yves Labbé est fan. Il ne manque pas d’éloges sur la ville : “C’est la capitale de la bière. Il y a des brasseries artisanales partout en ville. Il y a le quartier historique Gaslamp, un parc avec plein de musées intéressants. On peut aussi visiter un porte-avion, c’est marrant ! Vous avez le fameux hôtel Coronado, magnifiquement situé, sur la plage d’une presqu’île. Il vient d’être repris par Waldorf Astoria. On imagine qu’il va être d’un luxe parfait. Mais vous avez aussi dans le nord de San Diego le quartier de La Jolla, la station balnéaire. C’est extrêmement agréable. Vous pouvez faire 15 jours à San Diego l’hiver… sans oublier une journée shopping à Tijuana au Mexique !”

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San Francisco

Destination le nord de la Californie et une autre mégalopole : San Francisco. Michel-Yves Labbé adore aussi San Francisco en hiver, sa lumière, son ambiance… Un sentiment partagé par Jean-Pierre Chanial pour qui, “San Francisco l’hiver, c’est San Francisco sincère”. Il s’explique : “Passé de tous ses attributs touristiques, on est entre soi, souvenez-vous que depuis une cinquantaine d’années, San Francisco a fait naître les plus grandes révolutions sociales que nous avons connues, celles qui ont commencé sur le campus de Berkeley, et qui, aujourd’hui se terminent par la voiture électrique en passant par les révolutions sexuelles, écolos… Tout vient de ce creuset absolument extraordinaire, tourné vers le grand Pacifique…”

Thierry L-Sturm

Du coup, pourquoi ne pas aller faire un tour à la Silicon Valley, essayer de visiter Google, Apple et des campus ? Jean-François Rial encourage fortement cette virée et fait le lien avec Los Angeles. “San Francisco c’est la créativité digitale, internet. Et Los Angeles, c’est la créativité artistique”.

 

La carte postale de Michel-Yves Labbé : Palm Springs

Avec brio, il décrit l’arrivée sur Palm Springs à 1h30 de Los Angeles : “Là, l’horizon s’ouvre. A gauche, des collines, celles du Joshua Tree National Park, et à droite, une sublime chaîne de montagnes, les monts San Jacinto qui sont un peu l’épine dorsale de la Baja California. Ils culminent à 3300 m. Alors en hiver, c’est absolument sublime parce que la vallée est gorgée de soleil et les montagnes couvertes de neige, comme un grand gâteau couvert de sucre glace”… Une fois à Palm Springs, il conseille de grimper en téléphérique pour une vue magnifique sur la vallée de la Coachella, “celle où Palm Springs est installée, c’est immense, le soleil inonde Palm Springs, Indian Wells, Rancho Mirage, il y a le vert des golfs qui contraste avec le rouge du désert, jusqu’à un grand lac de retenue et, tout au fond, la ville de Mexicali, vous êtes déjà au Mexique”. Il conseille ensuite de descendre sur Palm Springs, la capitale du vintage et du modernisme.

C.Lambrecq

Puis, il raconte l’histoire de la ville : lieu de résidence de stars du cinéma, de riches familles du nord des Etats-Unis en hiver, “auxqelles il faut rendre grace car elles commandèrent aux meilleurs architectes du pays des demeures grandioses et surtout modernistes, l’avant-garde de l’époque”. Il dresse aussi un tableau du lieu dans les années 50 : “Rien n’était trop beau. Les stars et les mafieux se côtoyaient. Et Frank Sinatra menait le bal. La liste des célébrités est interminable. On vous montrera même le banc où Einstein théorisait la relativité ou, relativisait sa théorie !”

C.Lambrecq

Après un petit creux dans les années 80, Palm Springs redevient à la mode au début des années 2000, grace à l’engoûment pour le vintage années 50 et l’architecture moderniste. “Palm Springs c’est un inventaire d’architecture unique au monde, confirme Michel-Yves Labbé, chaque année en février, il y a une semaine du modernisme avec la possibilité d’aller visiter des maisons qui d’habitude ne sont pas ouvertes. Tous les architectes les plus branchés du pays s’y retrouvent”. Quant à l’hébergement, il conseille l’Orbit Inn, “un motel façon Spoutnik années 50 entièrement rénové. A l’intérieur vous avez un mobilier ultra chic vintage. et une vue exceptionnelle sur la chaîne de montagnes San Jacinto. Sinon, vous avez le Parker, la grande dame de l’hotellerie de Palm Springs dans un jardin d’Eden. Là, vous y croiserez peut-être Polnareff qui vient, en voisin, prendre son brunch le dimanche.”