Oublier Copacabana et Ipanema. Laisser le mythe et le bitume derrière soi et filer vers un autre Rio, celui des édens sauvages, des îles et des villages de pêcheurs.
PLONGER DANS LA MATA ATLANTICA
Avec ses airs de Miami Beach, Barra da Tijuca, quartier florissant à l’est de Rio de Janeiro séduit de plus en plus de Cariocas. 20 kilomètresde sable blanc, et l’océan couleur caipirinha n’y sont pas étrangers. Pourtant, aux envies de nature les immeubles barrent encore l’horizon. Tudo bom : à un jet de tong de là, Prainha et Grumari sont deux écrins de sable, noyés de végétation et caressés par une houle qui redonne le sourire ultrabright aux surfeurs. Les filles sont belles, un vieux poste susurre la samba funky de Tim Maia : « Que Beleza ! ». A l’heure du poisson grillé, direction Marambaia, village de pêcheurs, et contrairement aux apparences, dernier quartier de Rio. Difficile retour à Ipanema, après un voyage de 60 kilomètres et quelques années lumières. Cela donne envie de prolonger l’exploration.
Zoé Fidji
CAP A L’EST
A peine 200 kilomètres à l’est de Rio, ce petit port de pêche vivait tranquille jusqu’au passage de la tornade Bardot en 64. La blonde boudeuse trouve alors dans les maisonnettes colorées et les criques d’Armaçao dos Buzios la réplique tropicale de Saint-Tropez. Et Bardot créa LA destination glamour du Brésil. De ce passage restent une statue de bronze et une promenade dédiées à l’actrice, mais aussi une ambiance jet set qui perdure dans les nuits de la rua das Pedras et les nombreux bars de plage. Des plages (une vingtaine au total) que l’on gagne en scooter, et sur lesquelles plane encore une douceur hippie chic, décontractée et familiale.
Eduardo Leite
A L’OUEST, UN EDEN VERT
A l’opposé, 250 kilomètres à l’ouest de Rio : un autre éden. Le long de la Costa Verde si bien nommée, une végétation tropicale plonge dans l’océan. Pourtant cette Mata Atlantica, « forêt Atlantique » qui jadis bordait toute la côte est du pays, a aujourd’hui disparu à 90%. Grignotée au fil des ans par l’extension des villes, des plantations, des élevages, elle n’est plus qu’une peau de chagrin étriquée entre la sierra et l’océan. Il reste néanmoins quelques noyaux préservés, telle Ilha Grande. Hier pénitencier, cette île abrite désormais une réserve biologique, et offre des plages comme Lopes Mendes sur laquelle on prendrait volontiers perpétuité.
Un autre joyau : Paraty. De ce petit port, partaient au XVIIIe siècle, les galions portugais chargés de l’or du Minas Gerais. Il n’en reste aucun signe extravagant mais plutôt une ambiance paisible, ancrée dans les églises décrépies, les façades pourpres, fauves, turquoise et les rues aux larges pavés irréguliers sur lesquels s’invite la mer lors des grandes marées. « Déjeuner avec les oiseaux, parcourir le village à vélo, se baigner sous une cascade dans la forêt ou se faire déposer sur une île par un pêcheur : on ne s’en lasse pas ! » confie tout sourire, Teresa qui reçoit à la Casa Turquesa.
Emilie Delfaut
UN AUTRE BOUT DU MONDE
La route se rétrécit et glisse le long d’une longue baie sauvage. Après un dernier virage, elle finit sur le sable : plage blonde, mer émeraude, et seulement quelques maisons suspendues à la colline. Bienvenue à Picinguaba. Une communauté de 400 âmes. Des pêcheurs nés ici pour la plupart et quelques exilés : Pascoal, ex-ingénieur de Sao Paolo ; Edival, artiste septuagénaire qui après Gaza, Milan, Rio, a posé sa cabane aux quatre vents et ses œuvres organiques au sommet du village ; la jeune Talia qui a appris la réflexologie au Japon et en Australie, avant de revenir ici « parce que l’endroit est spécial ».
Luchino
Suel, lui, y est né. Pêcheur, surfeur, guide: il a étudié à Ubatuba et visité la France, guitare sous le bras. Emmanuel Rengade, a fait le chemin inverse et ouvert ici une magnifique pousada, parfaitement intégrée au village dont provient l’ensemble du personnel. Une belle façon d’harmoniser, tourisme, environnement et développement social que le jeune entrepreneur applique également à Catuçaba, une fazenda (ancienne ferme à café) perdue dans la vallée du Paraiba, à deux heures de là. Ce lieu unique, enraciné à la terre et la culture brésilienne, dégage une énergie particulière- appelée ici l’Astral- et vous laisse l’impression inoubliable d’avoir découvert un Nouveau Monde.