En 1986, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl a figé Pripiat et ses alentours à jamais. Mais la ville, spectrale et d’une étrange beauté, se laisse redécouvrir lors de visites guidées à l’innocuité absolue.
La ville de Tchernobyl, ou Chernobyl, en Ukraine, compte environ un millier d’habitants, et se trouve à l’intérieur du périmètre de sécurité de trente kilomètres établi autour de la centrale nucléaire Vladimir-Ilitch-Lénine, toute proche de Pripiat (ou Prypiat). Depuis le 26 avril 1986, date de la catastrophe, on parle donc de la “centrale nucléaire de Tchernobyl”. De fait, la requête “Tchernobyl” dans un moteur de recherche donne des images post-cataclysme de Pripiat, ville nouvelle construite pour la centrale au début des années 1970. La population y était plutôt bien lotie : piscines, théâtre, écoles, magasins et services, l’atome améliorait le niveau de vie de près de 50 000 citoyens soviétiques. Les photos d’alors oscillent entre idylle bucolique et émulation technique… Dans La Supplication, Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature en 2015, a fait la chronique bouleversante de la catastrophe – ce livre est sûrement le plus essentiel monument élevé à l’héroïsme des pompiers engagés comme à mains nues dans la bataille.
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Un voyage à haute réflexivité
À l’intérieur de la zone d’exclusion, on ne réside, en principe et sous surveillance, que si l’on est requis pour le service du site nucléaire, dont le réacteur 4 et son sarcophage sont confiés depuis 2016 sous une arche de métal. L’accident a vidé les lieux et les a figés dans un délabrement encore évocateur de la vie d’avant – avant la fusion et avant la fin de l’Union soviétique. Pour diverses raisons toutefois, le secteur attire des aventuriers de la radioactivité qui s’installent dans le périmètre interdit pour explorer Tchernobyl. D’autres n’ont jamais voulu quitter leur maison… Des animaux aussi sont revenus. L’optimisme qu’a suscité ce retour doit sans doute être tempéré : il n’y a pas d’innocuité à une exposition prolongée aux radiations. Cependant, en se pliant à des protocoles de sécurité drastiques, il est possible de se rendre à Pripiat. Des visites y sont désormais organisées.
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Visiter Tchernobyl
À parcourir ces places, ces avenues, ces halls, ces pièces, les fantômes du passé ressurgissent. Et c’est une étrange beauté qui se dégage de ces lieux. Mais bien au-delà d’une curiosité malsaine, la visite de Tchernobyl est surtout un moyen de comprendre et de réfléchir, notamment sur le changement d’échelle des accidents industriels. Une réflexion qui peut être menée de la plus inattendue des façons, comme en décembre 2018, lors d’une rave party sur la place principale de Pripiat. Sous des écrans où était projeté le prophétique Stalker d’Andreï Tarkovski, le promoteur de la fête et artiste ukrainien Valeri Korchounov souhaitait sensibiliser les gens sur les enjeux de l’information en lien avec ce type de catastrophe à portée mondiale (après avoir assuré la sécurité et distribuer des tenues de protection aux participants).
Quelque trente années ont passé… La vie reprend à peine et lentement ses droits dans la zone d’exclusion : le retour de la végétation, des animaux, la présence des employés de la centrale, l’organisation de visites et d’un premier événement culturel… Des marqueurs d’un présent, et surtout d’un avenir encore à écrire.
Voyage à Tchernobyl avec Voyageurs du Monde
Nos spécialistes Ukraine vous proposent une visite de la zone d’exclusion de Tchernobyl avec un expert. Un séjour de 4 jours avec hébergement à Kiev, visite de Pripiat et de la centrale nucléaire. Une découverte attentive qui permet de comprendre et ne pas oublier.
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