Plus on va vers l’ouest, plus on s’enfonce dans les ambiances bobos. Au Japon aussi, les créatifs se sont éloignés du centre pour installer leurs studios de design et leurs appartements familiaux dans des quartiers populaires.
A la différence qu’ici, le populaire continue de côtoyer le chic-bohême. Kichijoji, ancienne banlieue-dortoir pour cadres moyens est devenue le rendez-vous d’une certaine intelligentsia tout en gardant sa simplicité, ses vieilles drogueries et ses restaurants populaires. On y croise des artistes, on y fait un shopping très tendance dans de minuscules échoppes de créateurs et le soir on assiste à des concerts de jazz. Shimokitazawa (dites « Shimokita » pour faire local) est un village avec des ruelles et des échoppes. C’est pourtant ce faubourg qu’a élu dans les années 60 le mouvement alternatif Sho-gekijo (« petit-théâtre ») inspiré de la scène du théâtre traditionnel kabuki et nô, mais très revendicatif face à la montée du capitalisme nippon. Les acteurs du spectacle vivant, acteurs, auteurs, chorégraphes, se sont regroupés dans le quartier et continuent de lui insuffler leur esprit libertaire.
©Mamieboude
Les jeunes groupes de rock viennent s’y frotter à la critique dans des salles underground. Plus policé mais follement sympathique, Daikanyama est tout proche de la frénésie de Shibuya, aux portes de Harajuku, le quartier des ados fashionistas. Il ne leur ressemble pourtant pas du tout. Développé autour d’une extraordinaire librairie-concept store « Tsutaya Books », ce village piétonnier est truffé de petites boutiques de designers, de salons de thé adorables, de placettes où les mères de famille promènent chiens et poussettes. On y croise beaucoup d’enseignes écrites en français (Ou presque !). Daikanyama est l’interprétation tokyoïte du charme à la française…Au sud de ce quartier, Nakameguro, voisin d’Ebisu et de Shirokane, est le point de chute de la faune de la mode qui adore venir fouiller dans les friperies, les boutiques d’antiquité et déjeuner dans les restaurants bio. Le soir, les rues affichent complet. Amoureux et tribus d’amis se baladent au bord des rives romantiques du canal Meguro pour finir la soirée en terrasse.
Yokohama
Entre le XVIIe et le XIXe siècle, ce port fut le pivot du commerce, premier à s’ouvrir aux occidentaux. Alors qu’elle beaucoup souffert du séisme de 1923, la ville a retrouvé un second souffle en construisant le quartier spectaculaire et futuriste de Minato Mirai 21. Au pied de ses gratte-ciel, un musée de la marine, un autre de la soie et la plus grande « China town » du Japon, avec ses échoppes, ses restaurants et ses pharmacies traditionnelles. Un grand-écart entre un futur décomplexé et une tradition bien assumée.
©Chris Stowers/PANOS-REA
Kamakura
Cette ancienne capitale politique et culturelle s’est développée à l’époque du Japon médiéval et fut à la fois le fief des samouraïs et le terreau du bouddhisme zen. Aujourd’hui banlieue résidentielle chic à une heure au sud de Tokyo, la cité a tiré de son destin une histoire forte. Célèbre pour son grand Bouddha, la ville possède encore une foule de bâtiments anciens et de temples, une centaine au total. Deux petits bonheurs : la visite des sanctuaires de Kita-Kamakura au petit matin, véritable enchantement, et l’observation des surfeurs dans la baie de Sagami.
©Chris Stowers/PANOS-REA
Nikko
Une nature rude mais grandiose, un lac, une cascade : A seulement 130 km au nord de Tokyo, la région de Nikko est envoûtante. On entre dans ce site classé au patrimoine de l’Unesco par un joli pont laqué en vermillon et l’on se précipite au sanctuaire Togoshu, à l’architecture sophistiquée : le premier Shogun du gouvernement Edo a pris soin des détails avant de s’y faire enchâsser. La ville rassemble un grand nombre de sanctuaires et se situe aux portes d’un parc national : de quoi allier sport et culture.
©Maryline Goustiaux