Une Amérique exubérante, clinquante et surprenante. Bordée de palmiers, réputée pour ses plages, ses parcs naturels et de loisirs, la Floride étonne par sa créativité. À la fois terre d’asile et d’histoire, d’arts, de luxe et de mode, elle montre que les tendances surgissent aussi sous le soleil.
Les conquistadors espagnols ont, les premiers, imaginé y trouver la fontaine de jouvence. La Floride a toujours joué les terres promises. Cela vient de son allure. Ce bras tendu dans la mer des Caraïbes s’interprète comme une ouverture. Quand Juan Ponce de León débarque sur ce bout de terre en 1513, il se met ainsi en quête d’un élixir sacré. En vain. L’homme trouvera seulement des fleurs à perte de vue qu’il décidera de faire siennes. La Florida est née lors des Pâques fleuries : Pascua Florida est le premier territoire colonisé du continent nord-américain. St. Augustine, la plus ancienne ville des États-Unis, située au nord-est de la Floride, témoigne de ce passé. Mais la cité qui ne voulait pas faire son âge, s’est aussi entichée, au fil du temps d’atours extravagants, qui divisent.
C’est le seul problème des terres promises, elles cristallisent beaucoup d’attentes, et donc de critiques. Trop excessive ou trop simple. Toutes ces fleurs, ce soleil permanent et ces personnes qui courent sur ces plages donnent souvent une image de légèreté à la Floride, tout comme Miami peut avoir l’air superficiel. En réalité, on y trouve des gens qui ont su donner vie à leur rêve. En quelques décennies, la péninsule, peu convoitée, a renversé la tendance, en attirant par sa douceur de vivre incarnée par sa plage de Miami Beach. Mais outre ses treize kilomètres de sable fin, la ville regorge de bien d’autres attraits, avec un goût prononcé pour le luxe, l’architecture, la fête et la santé – “Healthy !”, disent d’emblée ses habitants pour la désigner. Et le corps n’est pas le seul en question. Toujours à la pointe des tendances artistiques, Miami accueille chaque année, en décembre, Art Basel, le rendez-vous incontournable du marché de l’art contemporain, dont elle s’est fait une spécialité.
Une immersion dans la culture latino
L’art est aussi dans la rue, avec ces édifices de style Art déco, des années 1930 à 1940, au sud de Miami Beach. Ici, les fenêtres et les balcons imitent les hublots et les terrasses des paquebots. Pour boire un verre, danser, s’amuser, une immersion dans la culture latino-américaine s’impose. Calle Ocho, qui traverse Miami d’est en ouest, est l’artère principale de Little Havana, où les premiers Cubains sont arrivés dans les années 1960. Près de la moitié des habitants de Coral Gables sont également d’origine hispanique. Animé par des chutes d’eau, des ponts en pierre et des tunnels végétaux, ce quartier est l’un des plus charmants de Miami.
Cultura Creative / Gallery Stock
Le goût du voyage
Fort Lauderdale. Surnommé “la Venise de l’Amérique”, Fort Lauderdale est le deuxième port de croisière du monde après Miami. De nombreux canaux, creusés au début du XXe siècle, servent d’attache à plus de 42000 yachts.
Tallahassee. C’est depuis 1824 la capitale de l’État de Floride. En séminole (tribu indienne), son nom signifie “vieux champ”, et prouve bien que la région était déjà habitée avant l’arrivée des conquistadors.
Silver Springs. Les sources argentées, près d’Ocala, sont les plus grandes sources artésiennes du monde. Ouvertes au public, elles déversent 2 000 millions de litres d’eau par jour pour alimenter la rivière Silver.
Sirènes. Vivant dans l’embouchure des fleuves et des canaux de la Floride, les lamantins sont très protégés. Appelés aussi vaches de mer, ils furent pris pour des sirènes par les premiers conquistadors.
Ocean Drive. La mythique avenue de South Beach, quartier Art déco par excellence, réunit à elle seule tous les symboles de Miami Beach - plage, excès, paillettes, bars, hôtels de luxe… À parcourir en décapotable, cheveux au vent…
« Oiseaux, serpents, ours, panthères et lynx : difficile d’imaginer une telle faune à si peu de kilomètres des boutiques de luxe de Palm Beach. »
Au pied des gratte-ciel de Brickell, un cercle d’artefacts datant de deux mille ans joue les trouble-fête. Il aurait été conçu par la tribu nomade des Indiens Tequesta, dont tous les membres ont été décimés. À quelques encablures seulement de la frénésie de Miami, le parc naturel des Everglades recèle une biodiversité unique. Sa faune est la mieux préservée du continent, avec pour chef de fi le l’alligator américain, qui peut atteindre 4,5 mètres de longueur et vivre cent ans. Au cœur des marais et de la mangrove, des terres fermes, recouvertes d’une forêt impénétrable, abritent d’autres espèces animales, comme les oiseaux, les serpents, les ours, les panthères et les lynx. Il est souvent difficile d’imaginer une telle faune à si peu de kilomètres des boutiques de luxe de Palm Beach.
Andrew Hetherington/REDUX-REA
Du Gulf Stream à Cap Canaveral
Bordant les réserves naturelles, les plages de sable fin s’y prêtent davantage. Elles s’étendent à perte de vue jusqu’aux Keys. Au sud de la Floride, ces 1 700 îlots s’égrènent sur plus de 300 kilomètres de lagon bleu turquoise. Quarante-deux ponts ont été construits pour former le Seven Mile Bridge qui mène du continent à Key West, le site le plus méridional de la péninsule. Des écrivains comme John Dos Passos, Tennessee Williams, Jim Harrison et Harry Truman avaient pris l’habitude d’y séjourner. Quand il ne pêchait pas dans le Gulf Stream, Ernest Hemingway aimait de son côté boire au comptoir du bar Sloppy Joe’s. Sa maison de Whitehead Street expose aujourd’hui ses livres et sa machine à écrire.
Aux îles, les passionnés de cosmos préféreront la base de lancement de Cap Canaveral. Les plus joueurs se rendront près d’Orlando pour une immersion dans l’univers de Walt Disney. Mais la plupart, à l’instar des “Snowbirds” canadiens (ils sont tous les ans plusieurs millions – des retraités pour bon nombre – à migrer vers le sud afin d’échapper à l’hiver), y verront surtout le meilleur moyen de tester chaque été leur aptitude au bonheur.
In the mood
Un voyage en Floride pourrait se résumer en trois mots : sea, sun and fame. Commencez donc par un bain de soleil et de foule sur South Beach ou Lummus Park. Après cet ajustement de teint, place à un autre must de Miami : son patrimoine Art déco. On peut bien sûr flâner seul sous les façades colorées, mais aux côtés d’un spécialiste de la période, la balade prend une autre dimension. Poursuivez par Wynwood Walls, véritable galerie de street art à ciel ouvert. Les artistes, les vrais, mais aussi les collectionneurs ont rendez-vous, eux, en décembre pour la grand-messe Art Basel, qui réunit les 250 galeries les plus en vue de la planète. Qui dit visiter Miami dit aussi design, la ville y dédie même un temple, le Design District, réunissant les dernières tendances, de la mode au mobilier. Après ce grand shot contemporain, un peu de sens et d’histoire s’imposent : direction un ancien monastère espagnol du XIIe siècle, le romantique Coral Castle, l’étonnant Jewish Museum ou encore Little Havana pour la culture cubaine. Au nord, l’ambiance kids friendly de St. Augustine, Cap Canaveral ou Orlando vous attendent. À l’ouest, les Everglades, l’inattendue Naples et le Dalí Museum de St. Petersburg. Au sud, les Keys pour un retour à la plage, plus sauvage et floribéenne.
Jérôme Galland
Place to be
Belle adresse colorée sur le front de mer de Miami Beach, le Faena se distingue par son raffinement, son côté arty et ses intérieurs glamour. Entre deux plongées dans les eaux claires des Keys, vous bronzez au Moorings Village, une robinsonnade de charme installée au cœur d’Islamorada.
The Moorings Village
Photographie de couverture : Cultura Creative / Gallery Stock