Kirghizistan

Visiter le Kirghizistan

Visiter le Kirghizistan

Des pays en “stan”, celui des Kirghiz est l’un des plus emblématiques, et des plus énigmatiques aussi. Ce qui n’empêche en rien l’hospitalité, à laquelle habitants, immensités, horizons montagneux, yourtes chaleureuses et shorpo fumant contribuent. 

 

Pays d’éleveurs nomades et de caravansérails, le Kirghizistan semble fait pour les passages. Le voyageur est donc à son affaire entre les montagnes du Ciel et le grand lac Issyk-Koul (villégiature fameuse du temps de l’Union soviétique). Il est reçu naturellement par des gens qui, s’ils ne le font plus forcément, se rappellent avoir arpenté les pistes. Ce qui détermine une hospitalité. Leur chapeau de feutre blanc sur le chef, ils voient venir l’étranger sans appréhension. Ils lui serviront le boorsok (un beignet) et le thé. Cela, même à Bichkek, pourtant si stable en son plan hippodaméen. Nonobstant, c’est une allégorie de la liberté qui a remplacé la statue de Lénine sur la place Ala-Too. La capitale bouge. 

Juliette Robert/HAYTHAM-REA 

 

Des merveilles de nature

Parmi les principaux symboles kirghiz de la vie sans entrave sont l’aigle, le cheval et l’argali. Les deux premiers se conjoignent dans l’image si prégnante du chasseur monté, son oiseau sur le poing. Ce n’est pas ici domestication, mais compagnonnage. L’argali est le plus grand des mouflons, auquel ses cornes donnent une allure folle. Avec l’once, il est l’aristocrate des cimes. Il est possible de le voir dans le parc naturel Chon-Kemin. On descend pour ce faire à l’Ashu Guest House et on enfile ses chaussures de marche. Un spa vous recueillera recru. Et les jeux équestres, comme le kok boru, attendent des spectateurs friands de prouesses de monte. 

 

Juliette Robert/HAYTHAM-REA 

 

Cependant, le lac Song-Koul, à 3 000 mètres dans les Tian Shan, avec sa dispute des bleus entre le ciel et l’eau, son horizon montagneux, les troupeaux éparpillés sur l’estive, est tout autant une merveille naturelle et humaine. Il faut avoir vu les cow-boys locaux évaluant le cheptel debout sur leur selle. Pour prendre la mesure des choses, rien de tel qu’une nuit (ou plusieurs) sous la yourte, confortable et spacieuse. On s’ajuste ainsi au paysage, aux us et coutumes, par le truchement d’une pratique éprouvée : le feutre de laine isole et fait ressentir tout à la fois. La nature, mais aussi l’histoire. On y entre pied droit. 
Le lac est un site Ramsar – zone humide d’importance internationale – au bord duquel se rencontre une foule d’oiseaux, dont la cigogne noire, le tadorne casarca, la grande outarde, le faucon sacre ou le canard pilet. Rentré au camp, on avale un bol de shorpo, le bouillon de mouton et pommes de terre, qui est le plat du jour quotidien sur le plateau.   

 

Par

EMMANUEL BOUTAN

 

Photographie de couverture : Eva Schumacher Wulf/Getty Images/iStockphoto