Kirghizistan

Pourquoi partir au Kirghizstan ?

Pourquoi partir au Kirghizstan ?

En ce pays de montagnes et de nomades, les voyageurs occidentaux se font rares. On y arpente pourtant des paysages illimités et on y découvre une culture tissée au fil des siècles sur l’ancienne Route de la soie.

 

Rencontre avec l’hospitalité kirghize

Que vient-on chercher au Kirghizistan ? C’est sans doute l’un des pays les moins connus au monde. On ne peut comparer ses villes, architecture soviétique et lignes droites, aux glorieuses cités de l’Ouzbékistan voisin, Samarcande ou Boukhara. Les amateurs de trekking lui préfèrent le Tadjikistan, avec ses sommets qui culminent à plus de 7000 mètres d’altitude. Mais aucun autre pays d’Asie centrale ne peut rivaliser avec la démesure de ses paysages. Ses montagnes, ses milliers de lacs, ses centaines de rivières et ses dizaines de glaciers dessinent des paysages illimités.

Si on va au Kirghizistan, c’est aussi pour les Kirghizes. Leur culture nomade les rend particulièrement hospitaliers, et bien qu’ils vivent aujourd’hui une partie de l’année dans des habitations fixes, ils accueillent les étrangers aussi chaleureusement qu’à l’époque où ceux-là étaient leur seule ouverture au monde extérieur.

Ben Roberts / Panos REA

 

À peine sorti de Bichkek, la capitale, le regard est aimanté par les sommets enneigés et les corniches couchées sur le vide. Sous un ciel bleu limpide et implacable, la route s’enfonce dans les ravins et serpente sur les flancs de collines saturés de soleil, qui surplombent les steppes qui s’étendent à perte de vue.

On roule plusieurs heures à travers la montagne, en songeant aux caravanes de l’ancienne Route de la soie. Bientôt, le lac Song-Koul se révèle, scintillant et cerclé de montagnes opalescentes. Sur la steppe, quelques yourtes regroupées par famille – c’est l’été, et comme chaque année, les éleveurs transhument avec leurs troupeaux. Moutons, yaks et chevaux paissent l’herbe grasse sur les rives du lac.

 

Horizons et rencontres célestes

Un gamin vient au grand galop au-devant des voyageurs. Autour du campement, les femmes s’affairent, vêtues de robes aux motifs colorés; les vieux sont coiffés du traditionnel chapeau en feutre blanc, le kalpak. La yourte est ouverte au visiteur. On partage le koumis, à base de lait de jument fermenté légèrement alcoolisé. Et une multitude d’assiettes sont disposées sur des tables basses : manty, samsa, plov, lagman, bechbarmark composent une cuisine familiale roborative, faite de viandes de bœuf et de mouton, de laitages, mêlées d’influences chinoise, turque et russe. Après un repas partagé, la nuit sous la yourte de feutre de laine, elle-même sous un ciel blanc d’étoiles, posée à 3000 mètres d’altitude, donne une sensation de bout du monde.

Le lendemain, on chevauche avec nos hôtes à travers les prairies herbeuses. Robuste et docile, le cheval kirghiz sait mettre le cavalier débutant en confiance. Le Kirghizistan offre un horizon et une rencontre. Ella Maillart, première femme occidentale à sillonner l’Asie centrale, et amoureuse des monts célestes du Kirghizistan, le disait : “Lire, c'est bien, mais il est mieux d'aller voir.”

Juliette Robert/Haytham-REA

 

In the mood

De larges allées bien rangées, du vert : Bichkek lance votre voyage par une grande inspiration. Vous déambulez entre les chênes centenaires et les statues de Oak Park, une habitante francophone vous ouvre les portes de ses quartiers favoris et de la vie locale. Vous découvrez les fantômes architecturaux de l’ère soviétique, et le visage d’une jeunesse kirghize à cinq millénaires des collections du State History Museum.

Au Osh Bazaar, vous ne résistez pas plus au naan chaud qu’au chapeau de feutre blanc, comme s’il allait vous fondre dans le décor. Lorsque vous atteignez enfin les rives du lac Song-Koul, le feutre toujours, celui de votre yourte, vous protège de la fraîcheur des nuits cristallines.

Perché sur votre monture, vous apprenez une nouvelle définition de l’horizon. Le terrain est propice à affûter les sens, reconnaître en un coup d’œil l’ibis tibétain, la grue cendrée, l’aigle royal. Plus tard, sentir les serres se refermer sur votre gant de cuir, dans la plaine de Bokonbaevo, où vous recevez les rudiments d’une tradition de chasse ancestrale. Respirez encore, lors d’une randonnée entre les dentelles ocre du canyon de Skazka, effort décuplé entre les cols de Kyzart et de Kilemche.

De retour à Bichkek, après l’effet relaxant d’un banya (version russe du sauna), séquence émotion à l’opéra Maldybayev, quand Le Lac des cygnes résonne avec les souvenirs du Song-Koul.

 

Photographie de couverture : Juliette Robert/Haytham-REA