Perdu en plein Centre Rouge, seul face à Uluru, posé en équilibre au-dessus de l’océan, niché dans la forêt primaire ou sur un grain de corail de la Grande Barrière : à pays hors-norme, hébergements d’exception. Petit tour d’horizon.
La respiration littéralement suspendue, le regard filant à l’infini sans rencontrer aucun obstacle jusqu’à l’Antarctique 6000 kilomètres plus bas, on découvre la vue de sa chambre. Du sol au plafond d’immenses baies vitrées laissent planer le doute : sommes-nous dedans ? Sommes-nous dehors ? Sur terre ou toujours en l’air ? Derrière ses parois de verre, la salle de bain elle aussi gomme tout repère, exposant aux quatre vents (et à eux seuls) les corps éblouis, au-dessus des déferlantes qui bouillonnent en contrebas. C’est finalement la vue aérienne qui éclaire le mieux sur les lieux. Une ligne de 21 suites discrètement tracée par l’architecte Max Pritchard au sommet des falaises d’Hanson Bay, au sud–ouest de Kangaroo Island, cette île arche de Noé, émergeant à 150 km d’Adélaïde. Cultivant à la perfection l’équilibre entre luxe et environnement, le Southern Ocean Lodge fait partie des adresses exceptionnelles de l’Australie. Des hébergements qui ont misé sur l’ultime richesse de leur pays : l’espace. Ici, le luxe émane avant tout de l’ampleur des paysages, et de l’ingénieuse idée de s’y être glissé. Un luxe qui se mérite. Il faut en effet couvrir pas moins de 50 kilomètres de piste ou affréter un jet privé, pour rejoindre le rêve suspendu d’Hanson Bay.
Southern Ocean Lodge
Ailleurs, en plein Centre Rouge, rendez-vous dans une autre adresse qui n’en a pas : Longitude 131°. Une simple coordonnée géographique désignant le site d’Uluru, cœur aborigène sacré. Là, plantées aux premières loges dans le sable ocre de l’outback, 15 tentes sorties de nulle part font face au plus grand monolithe de la planète. Cette fois la vue est obnubilée par l’énorme masse rouge d’Ayers Rock, symbole de tout un pays. Omniprésent, de la piscine aux terrasses privées, de la salle de bain au lit : le spectacle de la roche caméléon, arrosée de lumière si dense qu’elle paraît palpable. Après un dîner à la table commune du Dune House, au cours duquel la beauté se passe de grands discours, on rejoint la canopée de toiles blanches tendues sous un ciel outrageusement constellé. La tente est en réalité une capsule de confort et de charme épuré, cruel hommage aux pionniers qui osèrent s’aventurer dans ce désert hostile. Un siècle plus tard, les « campeurs » vernis s’endorment encore bercés par le silence assourdissant de l’outback.
SWAG DE LUXE
Swagman, backpacker, appelez-le comme vous voudrez, l’Australie est le pays du voyageur itinérant. Celui qui aime les nuits à la belle étoile, loin du monde. Nombreux voyageurs partageant cette belle idée sans pour autant vouloir abandonner le confort, la déclinaison chic de la toile de tente s’est ainsi développée à travers le continent. Des cabanes du Paperbark camp – perchées sous les eucalyptus de Jervis Bay au sud de Sydney – aux neuf tentes safaris du Sal Salis – miraculeusement posées sur une plage sauvage de la côte ouest, face à Ningaloo Reef, (l’autre Grande Barrière de Corail derrière laquelle on part saluer le requin-baleine, en trois coups de palmes) – l’Australie collectionne les plus belles réussites du « glamping ».
Archie Sartracom
WILDERNESS AND WELLNESS
Plus au nord, dans la région de Kakadu, les grandes plaines rappellent la savane africaine. Parti de Darwin, le petit coucou se pose sur un trait de piste, dans la brume matinale. On rejoint alors la zone semi-submersible de Mary River. Là, entre les grandes herbes et l’eau, flottent les neuf bungalows du Bamurru Plains. Un bush camp de luxe, installé au cœur d’une nature endémique. L'airboat file sur les billabongs (marais), débusquant kookaburras, wallabies et parfois crocos. On suit ensuite le rythme des buffles en se glissant dans la piscine, puis après un magnifique dîner, on rejoint son nid, dont les parois ne sont que moustiquaires filtrant les bruits de la nuit.
Bamurru Plains
Conscients de la richesse du patrimoine naturel dont ils profitent, ces hébergements s’intègrent dans leur environnement en veillant à le préserver au maximum. Panneaux solaires, collecte de l’eau de pluie, compostage, matériaux, artisanat et produits locaux sont utilisés. Télévision et internet oubliés. La nature comme principale distraction. Le bien-être est lui aussi cultivé avec soin. Les spas profitent des produits naturels et toujours d’un cadre grandiose, à l’image du Silky Oaks lodge perché dans la Daintree forest ou du Lizard Island Resort, nid paradisiaque caché sur la Grande Barrière. Une façon supplémentaire de retrouver l’harmonie naturelle et de mieux se fondre dans le décor.