Au nord de l’Espagne, l’Atlantique rejoint le golfe de Gascogne avant de se faufiler sous forme de rivière jusqu’à Bilbao, l’une des capitales de cœur du Pays basque hispanique. Le réaménagement du plan urbain à la fin du XXe siècle a insufflé un second souffle à une métropole en perte de vitesse. D’ores et déjà dotée d’un joli centre historique parsemé d’échoppes et de marchés, la cité a ajouté à son portefolio des édifices signés des plus grands architectes ainsi que des parcs ingénieusement aménagés. Visiter Bilbao en un jour demeure toutefois possible – dès lors que l’on sait où aller !
9h00
Café avec vue
Parce que l’évidence serait de savourer le petit déjeuner dans les ruelles pavées de la vieille ville, prenez – déjà ! – le contrepied du séjour en commandant votre café para llevar (à emporter). L’élixir fumant à la main, direction le funiculaire Artxanda. En trois minutes seulement, les petits wagons rouges rejoignent le sommet du mont éponyme. D’ici, la vue sur Bilbao et ses alentours est imprenable : l’occasion de jauger votre terrain de jeu de la journée.
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10h00
Virée au marché
De retour au niveau de la mer, ou plutôt de la rive, empruntez la jolie allée piétonne qui borde les eaux du fleuve Nervión. Soudain, un imposant bâtiment Art déco se détache : le Mercado de la Ribeira. Si l’histoire du marché remonte au XIVe siècle, ce n’est qu’en 1929 que l’architecte Pedro Ispizua lui confère son esthétisme actuel : angles cassés, immenses baies vitrées, répertoire géométrique et floral. Avec 10 000 mètres carrés d’étals, il constitue l’un des plus grands marchés couverts d’Europe. Entre couleurs chatoyantes, douces odeurs de produits locaux et ferveur ambiante, l’expérience de shopping y est tout à fait singulière.
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11h00
Vieilles pierres
Les sept rues commerçantes principales de la ville (Siete Calles) débouchent toutes sur la place du marché : une aubaine. Elles s’empruntent indifféremment pour plonger dans le Casco Viejo, quartier historique de la ville. C’est à pied que s’explorent les ruelles pavées où s’amoncellent boutiques, restaurants et bars, la zone étant devenue piétonne en 1979. Amateurs de vieilles pierres, la cathédrale Saint-Jacques (XIIIe) et l’église de San Antón (XVe) sauront vous séduire. Moins médiévaux mais tout aussi superbes, l’hôtel de ville (XIXe) et La Bolsa valent également le détour.
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12h00
Déjeuner basque
L’heure est venue de goûter à la gastronomie espagnole, version Bilbao. Bien ancrée dans les terres et innervée par une vaste ria, la cité excelle tout autant dans les plats à base de viande que de poisson. Mejillones (moules en sauce), albondigas (boulettes de viande en sauce) et ternera guisada (ragoût de bœuf) s’en veulent les témoins. La reine de la ville demeure toutefois la morue, déclinée ici sous toutes ses formes : la version « à la biscayenne » intègre tomates et piments utilisés pour le chorizo tandis que la version « pil-pil » mêle huile et ail.
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14h00
Siesta nationale
Les rideaux des échoppes descendent les uns après les autres. Peu à peu, la ville semble comme désertée. Les visiteurs avertis savent de quoi il retourne : à partir de 14h et jusqu’au milieu de l’après-midi, l’heure est à la sieste espagnole. Instaurée il y a quelques siècles pour éviter aux ouvriers agricoles, notamment, de travailler en période de forte chaleur, l’activité s’est depuis ancrée dans les mœurs. Il est possible de s’y adonner en tant que simple visiteur, sur les douces pelouses du Parque de Doña Casilda de Iturrizar par exemple.
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15h00
Bain de culture
Symbole de la ville s’il en est, le musée Guggenheim abrite 24 000 m² d’espaces dont 9 000 sont consacrés aux expositions. Ouvert en 1977, ce géant de culture incarne le renouveau de la ville, passée d’une zone portuaire et industrielle à un haut-lieu du tourisme européen. Certains lisent dans les courbes de titane du monument la forme d’un navire ou le chatoiement d’écailles de poisson. Difficile de cerner la volonté de l’architecte américano-canadien Frank Gehry qui s’illustre, comme toujours, avec un style déconstructiviste. Au casting cinq étoiles des artistes ici exposés figurent Chagall, Klee, Matisse, Miró ou encore Picasso. L’exposition commence toutefois dès l’extérieur avec, sur le parvis, le gigantesque « Puppy » de Jeff Koons et l’aranéide géante baptisée « Maman » de Louise Bourgeois.
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16h30
Pause sucrée
Pastel de arroz (gâteau de riz), bollo de mantequilla (petit pain au beurre) ou encore pastel russo (gâteau russe) : la gastronomie bilbayenne verse également dans le sucré. La vedette incontestée de cette scène culinaire demeure toutefois la pâtisserie Carolina, une pyramide de meringue recouverte de jaune d’œuf et de chocolat qui repose délicatement sur un fond de pâte feuilleté. À découvrir de toute urgence !
18h00
Golden hour
Après avoir admiré la ville des hauteurs puis de l’intérieur, celle-ci se découvre depuis le fleuve au moyen d’un transport très à-propos : le voilier. Au départ du port de plaisance, l’embarcation file sur la Ria de Bilbao, s’engouffrant au passage sous le pont suspendu de Biscaye, une des grandes prouesses d’ingénierie du XIXe siècle. Le long de l’eau se dressent les vestiges du passé industriel de la ville, musée et chantiers maritimes en tête. Une pause tout en douceur avant d’embrayer sur la vraie journée espagnole : celle qui débute à 19h.
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19h00
Tapas locales
Comme souvent en Espagne, c’est en soirée que la ville s’éveille. À Bilbao, cela sonne l’heure de sacrifier au rituel des pintxos, variété régionale de tapas. À la base de cet incontournable de la gastronomie locale : une tranche de pain. Celle-ci est ensuite garnie d’une préparation chaude ou froide : charcuterie, fromage, fruits de mer, fritures.... L’ensemble est scellé par un pic en bois (d’où l’appellation pintxos qui signifie « piquer »). Ceux du Café Bar Bilbao sont une valeur sûre et les puristes les dégusteront un par un, debout au comptoir. Le tout s’arrose d’un verre de cidre ou de vin local.
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21h00
Dîner étoilé
C’est au Palais Euskalduna que le chef Fernando Canales, originaire de Bilbao, a décroché son étoile. Désormais installé au sein d’une ancienne verrerie du centre-ville dans son nouvel établissement, il continue de convaincre avec sa nouvelle adresse : Atelier Etxanobe. Dans une salle bercée d’élégance, les convives font l’expérience d’une cuisine basque de haut niveau tandis que, en cuisine, les dernières technologies sont mises au service de l’inépuisable créativité du chef. Au menu : thon agrémenté de sumac et de wasabi cultivé localement, crevettes Carabinero cuites dans un bouillon d’umami… Une expérience des plus délicieuses qui clôt admirablement la journée.
Par
MARION LE DORTZ
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