Egypte

Assouan et la Nubie

Assouan et la Nubie

Le khédive Ismaïl, qui a gouverné l’Egypte de 1863 à 1879, était fasciné par l’Occident et tentait de s’en inspirer. On lui attribue cette phrase audacieuse : « Mon pays n’est plus en Afrique. Nous faisons partie de l’Europe. » C’était sans doute un souhait, peut-être un projet, mais certainement pas une réalité. Il suffit d’observer les habitants d’Assouan pour s’en assurer. Ici, nous sommes bel et bien en Afrique. Qu’elle se soit appelée Sount (du temps des pharaons), Syène (à l’époque ptolémaïque), Souan (en copte) ou Assouan (en arabe), cette ville quasi-tropicale a toujours été la porte du Sud. Au-delà, c’est la Nubie, le Soudan... Une ville de garnison, donc, mais aussi un marché où s’échangeaient les produits de la Méditerranée et ceux de l’Afrique. Le souk actuel qui s’étire parallèlement à la corniche donne une petite idée de ce que pouvait être, au temps des caravanes, les étalages d’ivoire, d’ébène, de gomme,  d’épices, de bijoux, de peaux de gazelle ou de crocodiles.

 

bras d'un homme qui travaille sur un bateau

 

On vient à Assouan pour reposer ses yeux et son esprit, digérer en quelque sorte toutes les merveilles de pierre qui nous ont éblouies à Louxor. Nul grand temple ici. Pas de tombe rutilante. Le monument le plus émouvant est un obélisque inachevé, de 42 mètres de longueur, couché sur le sol et encore relié au roc. Curieusement, le petit mausolée de l’Aga Khan, chef d’une secte ismaélienne sans vraies racines dans la vallée du Nil, s’est parfaitement fondu dans le décor. En souvenir de leur lune de miel, passée dans ce cadre enchanteur en 1937, sa veuve, la Bégum, y faisait déposer chaque jour une rose rouge dans une flûte de cristal…

 

détail du Sofitel Old Cataract

 

Assouan n’appelle pas les levers au petit matin, les empressements touristiques. Ici, il faut se laisser vivre, dans la magie solaire et la douceur du climat hivernal. L’activité la plus recommandée est de rêvasser devant le Nil. Ou d’y naviguer lentement, sur une felouque, parfois immobilisée au milieu du fleuve, faute de vent. Patience ! Rien ne presse. Il sera toujours temps de déambuler dans le souk, ouvert jusque tard dans la soirée.

 

 

Les secrets d’Assouan

Autour du fleuve

 

Sur la rive Est

Le musée de la Nubie a été construit pour accueillir les pièces découvertes lors de la campagne de fouilles « Sauvetage de la Nubie » organisée par l’UNESCO lors de la construction du haut barrage d’Assouan. Il permet  de découvrir l’histoire et la culture d’un peuple dont les villages furent submergés lors de la mise en service du barrage.

 

Les îles

L’île éléphantine, palmeraie surgie des eaux, abrite un grand champ de ruines dominé par le temple de Khnoum, datant de la période gréco-romaine. Le Nilomètre est un grand escalier descendant dans le fleuve, qui permettait de mesurer les crues. L’île aux fleurs a été aménagée en jardin botanique par Lord Kitchener à la fin du XIXème siècle. Un court trajet en bateau permet de rejoindre l’île de Philae sur laquelle, au milieu des bougainvillées, le temple surnommé par Pierre Loti « la perle d’Egypte » apparaît tel un mirage. Son environnement aquatique, sa façade monumentale font de cet édifice tardif, érigé à l’époque romaine, l’un des plus beaux d’Egypte.

 

Sur la rive Ouest

Traversez le fleuve en felouque pour rejoindre la rive ouest.  Vous pourrez y admirer le mausolée de l’Aga Khan, bel exemple d’architecture islamique moderne, non loin des Tombes des Princes. 

 

 

Les bonnes raisons d’aimer Assouan


 

  • Se balader en felouque, voiles blanches déployées sur le fleuve, pour sillonner le Nil comme aux temps anciens
  • Admirer la beauté des berges du fleuve-roi, ses dunes ocres et ses villages nubiens
  • Profiter de la sérénité de la ville, contrastant avec l’agitation du Caire
  • Déambuler dans le souk où les couleurs de l’Orient se mêlent à celles de l’Afrique
  • Explorer le  temple de Philae
  • Se balader sur l’île aux fleurs le vendredi, quand les familles y emmènent leurs enfants et les amoureux s’y donnent rendez-vous
  • Boire un jus de mangue à la terrasse du mythique Old Cataract.

 

 

 

Par

ROBERT SOLÉ

 

Photographies

OLIVIER METZGER