Etats-Unis

Chicago, Archy Dream

Chicago, Archy Dream

Chicago, c’est la partition inconnue des Etats-Unis. Culture, architecture, business s’y sont donnés rendez-vous pour façonner une ville loin des a-priori dont elle fut trop longtemps affublée. Une ville ultra-moderne. Une ville d’alliances. Ouverte sur les Grands Lacs…

Une ville où se reflète la course de la lumière et des nuages, le duel énigmatique du soleil et du vent, de la chaleur et du froid. Une ville souvent mal aimée, parce que mal connue. Longtemps reléguée, en lisière, entre Grands Lacs, prairie et frontière. Des abattoirs –les plus vastes du monde, de l’acier et des briques rouges. Ses heures de gloires scandées à la mitraillette Sten. Quelques noms au charme violent. Frank Nitty, Al Capone, John Dillinger. La bande son : du blues, évidemment. Une musique âpre et sensuelle à la fois. Un croisement singulier entre les douleurs profondes du Delta, au sud du pays, le chagrin des champs de coton et l’électricité des ateliers, le beat des machines outils. Ces mélodies sont les carnets d’un rude voyage, celui des Noirs du Sud, jetés sur les routes par la Grande Dépression. Leur périple donna quelques modernes troubadours. Muddy Waters, John Lee Hooker, Buddy Guy, Bo Diddley… Une musique, un blues qui ressemblent à la ville.

Un métissage ? Une alliance des contraires. Chicago. Windy Town. Car rien n’arrête le vent ici, comme plus rien n’arrête la ville. Il projette et délivre et voile la lumière. Sur les vitres des gratte ciel, il reprend une toile sans cesse recomposée. Ainsi, le vent, les éléments font de Chicago une ville d’art vivant. Une ville de destins. Qui aura donné aux Etats Unis son premier président noir. C’est à Chicago, dans le quartier de Bronzeville, que Barack Obama, alors sénateur de l’Illinois, a initié ses premières politiques sociales… Il n’est pas de politiques sociales, de politique tout court, sans urbanisme, sans architecture. Les incendies peuvent aider aussi. L’un d’eux a fait de Chicago la capitale mondiale de l’architecture. Une vache irascible, une lampe à pétrole, un coup de sabot capricieux. 300 morts, 18 000 maisons dévastées. 3 jours et trois nuits de brasier. Burn, baby, burn… Nous sommes en 1871. Il faut tout reconstruire. On délaisse le bois pour l’acier. Les premiers gratte-ciel pouvaient s’élever...Ils étaient quatre. Van der Rohe, Wright, Sullivan, Burnham. Architectes, urbanistes. Culture européenne, hommes d’action à l’américaine. Des idées, des principes, théorie et imagination. Pour Sullivan, père de l’Ecole de Chicago, « la forme doit suivre la fonction ». Pour Van der Rohe, inventeur du Bauhaus, « Less is more ».

Wright abolit l’idée de séparation entre intérieur et extérieur. Burnham s’en remet au style néo-classique pour refonder la cité. Chicago est leur ville. Elle est étonnante, magnifique, envoutante. Quatre hommes, des visions singulières. Une ville sans pareille. Il faut tout voir, se promener sur les rives du Lac Michigan et la Lake Point Tower, la Robbie House et le Tacoma Building. L’Art Insitute, le Loop, et le Millenium Park. Lever la tête, les yeux vers la Skyline. Une ville horizontale et verticale à la fois. Goûter ce délicieux vertige. Galeries d’art contemporain et quartier d’affaires,  vastes parcs et clubs de blues graisseux, basket et pizzas. Cité US que l’on parcourt à pied,  historique et déjà du siècle prochain. Mélangée, bouillonnante mais aussi, sereine et apaisée. Chicago ? Une définition du charme absolu. Une affaire de syncope, de rythme. Une question d’alliance.

Mais des plus belles alliances aussi, il faut savoir s’échapper… Prendre l’air et le large… Car les Grands Lacs sont à deux pas. Aller vers eux, c’est aller vers les frontières. Territoires indiens dont ils portent encore les noms (Michigan, Mishi-Gamiing en Objiwé, signifie Grandes Eaux), ils se partagent tous, à l’exception du Michigan, avec le Canada. C’est un voyage au Nord. Vers les grands calmes et les eaux sans limites. Si vastes qu’on ne peut mesurer leurs rives ! Ils représentent à eux seuls 18% des ressources mondiales d’eau douce… Myriades aquatiques. Mers intérieures dont le mouvement sous le ciel fait écho souvent aux mouvements de l’âme. Ce sont des paysages qui bouleversent et apaisent. Où flottent les voix anciennes. Quelque chose de sacré. Une présence. Une mémoire. Qui va se jeter enfin, plus au Nord encore, dans le fleuve Saint-Laurent. Ce sont des noms magiques, des mots qui éveillent. Huron, Erie, Michigan, Supérieure, Sainte-Claire. Ils disent l’Amérique des forêts, des hommes qui y vécurent, des hommes qui y vinrent. Des hommes qui transformèrent la Nature en paysage.

Les bonnes raisons d’aimer ChicagoSentir le vent, surnommée windy town, cette ville connaît tous les nuances et subtilités d’Eole. Observer les nuages sur lesfaçades de The Loop ; flâner dans les rues du Magnificent Mile ; se trouver tout petit au pied de la Willis Tower ; écouter l’autre berceau du blues, électrique ! Voir les maisons d’Oak Park, la Robbie House, la William and Jessie Adams House, toutes réalisées par Frank Lloyd Wright. S’échapper dans la région des lacs ; se promener sur les berges du très très grand lac Michigan ; découvrir Bronzeville, là où Barack Obama a initié sa politique communautaire. Pour Al Capone et Frank Nitty… Parce que vous êtes restés de grands enfants.…

Découvrez également nos idées de voyages à Chicago

 

Photographies

THIERRY L-STURM