A l’extrême nord-ouest de l’Espagne, la Galice est une terre fière, rude et vraie – à l’image de ses habitants. Héritiers des Celtes, les Galegos perpétuent leurs traditions entre architecture séculaire, spécialités culinaires et idiome local. Un voyage en Galice s’entreprend comme un pèlerinage, au fil des villages médiévaux, à la recherche d’une autre Espagne, quelque part entre les eaux tumultueuses de l’Atlantique et les immenses forêts d’eucalyptus qui parsèment la région.
1
Muros
Le plus maritime
Dans la ría de Muros et Noia, au pied du mont Louro, le destin de la cité de Muros a, de tout temps, été lié à la mer. A son apogée au XIXe siècle, pas moins de trente exploitations vivent du fruit de l’océan qui vient lécher le village côtier. Ce dernier se développe en conséquence, entre barraques de pêcheurs et demeures nobles. Encore aujourd’hui, la ville – de même que la vie – est tournée vers le port, depuis lequel s’étirent de jolies ruelles pavées aux noms évocateurs. Places, fontaines et moulins ajoutent au charme suranné de la bourgade.
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2
O Cebreiro
Le plus pittoresque
Une poignée de toits de chaume pointus s’élancent vers le ciel, couronnant de larges cylindres de pierre. Du tréfond de ces demeures typiques – les pallozas – proviennent les échos d’une langue chantante, similaire à l’espagnol, bien que pas tout à fait : le galego. Bos días, graciñas : quelques formules basiques qui ne manqueront pas d’impressionner les locaux, habitués au passage des visiteurs. La localité constitue en effet le point d’entrée en Galice des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Comme eux, on suit les filets de fumée des restaurants pour goûter à l’hospitalité légendaire des habitants – sans oublier de repartir avec son cebreiro, le fromage local, sous le bras.
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3
Combarro
Le plus intriguant
Au sud du Cap Finisterre, les eaux des Rías Baixas s’étendent jusqu’à effleurer Combarro. La ville aurait pu se contenter d’être une bourgade côtière. Elle a toutefois refusé, à l’image de sa mère, la Galice, de se prononcer entre terre et mer. Symbole de cette dualité, trente horreos se dressent face à l’Atlantique. Ces greniers sur pilotis typiquement galiciens permettaient autrefois de mettre les récoltes à l’abri de l’humidité. La campagne n’est pas très loin. Entre les deux a été érigé un bourg tout de pierre vêtu. De granit, plus précisément. C’est dans cette roche qu’ont été façonnés les demeures, les balcons. Les cruceiros (calvaires) ne font pas exception, et l’on se plaît à deviner les détails polis par le vent.
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4
Tui
Le plus frontalier
Le fleuve Minho dessine, au gré de ses ondulations, une frontière naturelle entre les terres espagnoles et portugaises. Perché sur une colline côté Galice, Tui a vu défiler, depuis son promontoire stratégique, des siècles d’histoire. Des traces de sites préhistoriques aux invasions du voisin portugais en passant par les incursions vikings, les fantômes de ces épopées riches hantent les rues pavées d’un centre admirablement préservé. C’est toutefois une atmosphère médiévale qui prédomine lorsque l’on passe devant les demeures seigneuriales et églises esseulées pour rejoindre la cathédrale, cœur névralgique de la cité, qui se dresse fièrement en son centre.
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5
Cambados
Le plus noble
Creusée dans le granit, enveloppée par les Rías Baixas, Cambados pourrait se confondre avec ses sœurs galiciennes – à quelques pazos près. Ces manoirs érigés par la noblesse locale sont à la fois imposants et somptueux – ceux de Fefiñáns et Bazan sont immanquables. A l’horizon, l’île d’Arousa se devine, elle aussi tapissée de demeures d’exception. On prend le temps de s’installer en terrasse, le long de l’une des ruelles à l’ombre de peupliers pour déguster l’albariño, « prince doré des vins », ainsi que l’écrivain local Álvaro Cunqueiro le surnommait. Une étape incontournable lors d’un road-trip en Galice.
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6
Baiona
Le plus symbolique
L’enceinte fortifiée de Baiona s’avance plus que de raison dans l’océan. Cette position stratégique permit aux habitants de la localité de devenir, le 1er mars 1493, les premiers Européens à apprendre la découverte du Nouveau-Monde. C’est ici que Martín Alonso Pinzón débarqua à bord de la caravelle la Pinta, trois jours avant l’arrivée de l’explorateur Christophe Colomb à Lisbonne. Une réplique du navire trône aujourd’hui dans le port pour célébrer cette découverte historique. La cité a toutefois bien plus à offrir que ce coup de fortune : un climat agréable, de belles étendues de sable blond, un palmarès d’édifices religieux et même un imposant castillo.
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7
Allariz
Le plus royal
Allariz s'étend le long des courbes de la rivière Arnoia. Si la présence humaine remonte à la Préhistoire, ce n'est qu'au Moyen-Âge que le village se développe véritablement. Hôte de personnalités royales, et notamment d’Alphonse X dit « le Sage », la cité s’abrite tôt derrière de solides remparts. Les vestiges de cette époque sont toujours visibles aujourd’hui, au fil de l’itinéraire qui mène le visiteur des ruines du château jusqu’aux ponts, via des édifices religieux à la conservation remarquable. A l’extérieur des remparts, on ne manque pas le quartier juif, qui s’est développé à partir du XIIIe siècle, et fait partie intégrante de l’histoire de la ville.
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8
Betanzos
Le plus gourmand
Un titre bien mérité d’« ensemble historico-artistique ». Deux fleuves, le Mandeo et le Mando. Trois églises (Santa María del Azogue, San Francisco, Santiago) à l’architecture gothique. On perd rapidement le compte des atouts de Betanzos. La praza dos Irmáns García Naveira accueille les visiteurs au milieu de riches demeures aux galeries vitrées érigées aux XIVe et XVe siècles. Ceux-ci prennent ensuite le chemin de l’une des auberges de la ville pour goûter la gastronomie locale. La spécialité, la tortilla poca hecha (peu cuite), est une affaire très sérieuse – un concours est organisé chaque année pour encourager les locaux à se surpasser.
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9
Monforte de Lemos
Le plus vallonné
La Ribeira Sacra : une région réputée tout à la fois pour sa géographie – d’époustouflantes falaises creusées par les rivières Sil et Miño – et pour sa tradition viticole. Un duo prometteur, dont Monforte de Lemos est reine et capitale. Au cœur de la ville autrefois fortifiée, des vestiges de son passé médiéval : le couvent des Clarisses, le palais Condal ou encore l’ensemble de San Vicente do Pino. Traversée par la jolie rivière Cabe, la cité fut rapidement garnie de ponts – l’un aurait été érigé à la période romaine, avant d’être reconstruit au Moyen-Âge. Une visite hors du temps, rythmée par diverses activités, qui se clôt inévitablement autour d’un verre de vin local.
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10
Ribadavia
Le plus enivrant
Jeunes, légers, délicats et parfumés. La réputation des vins de Ribeiro – destination phare du tourisme viticole – n’est plus à faire. On savoure les cépages en terrasse, dans la douceur du quartier historique de Ribadavia. Plaza Mayor, tour de l’horloge et château dessinent les contours de la ville, stratégiquement traversée par l’un des affluents du fleuve Minho, comme tant de localités galiciennes. Le circuit de découverte emprunte les ruelles pavées, tête baissée sous les arches de pierre, pause fraîcheur sur le bord des fontaines. Fête médiévale, foire du vin, festival international de théâtre – plusieurs fois dans l’année, la ferveur envahit la ville.
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Par
MARION LE DORTZ
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