Capitale
Madrid.
Climat
Le climat de l’Espagne se rattache au domaine méditerranéen (été sec et chaud, hiver doux et humide), mais avec les nuances qu’apportent une façade atlantique et un relief élevé et compact. Néanmoins, l’aridité doit être reconnue. Elle gagne en intensité selon un axe nord-ouest (un petit mois en été) sud-est (cinq à six mois). Sinon dans le nord-ouest sous influence océanique, les précipitations sont irrégulières et souvent brutales. Une gestion rationnelle de l’eau est dès lors impérative. L’Espagne verte n’atteint pas la Meseta. Laquelle marque des nuances continentales : hiver froid et sec, été torride, les pluies étant surtout printanières. Le littoral oriental est le plus typiquement méditerranéen, avec une augmentation de la température et de l’aridité du nord au sud. Il y fait chaud, voire très chaud, et longtemps chaque année, mais l’Andalousie reçoit aussi des pluies abondantes. Celles-ci décroissent sans surprise d’ouest en est, jusqu’à une situation quasi désertique entre Almeria et Murcie.
À Barcelone, les températures moyennes sont en janvier de 9°C ; en mai, de 18°C ; en août, de 15°C ; en novembre, de 13,5°C. À Saint Jacques de Compostelle, elles sont respectivement de 8°C ; 14°C ; 19°C ; 10°C. À Madrid, de 6°C ; 17°C ; 26°C ; 10°C. À Séville, 11°C ; 21°C ; 28°C ; 15°C.
Géographie
SUPERFICIE : 505 983 km².
POINT CULMINANT : le stratovolcan Teide, sur Tenerife (Canaries), 3 715 mètres.
PAYS LIMITROPHES : Portugal, France.
Comme la France ou le Maroc, l’Espagne touche à la fois à l’Atlantique et à la Méditerranée. La meseta Central, l’ensemble des plateaux médians, d’une altitude moyenne de 660 mètres, est son trait morphologique principal. Cette formation (socle hercynien) est solidement encadrée de montagnes. D’assez loin par les Pyrénées, au nord, et la cordillère Bétique, au sud ; plus étroitement par les monts Cantabriques, nord-ouest, les monts Ibériques, nord-est, et la sierra Morena, sud. La sierra de Gredos et celle de Guadarrama passent au travers. Les paysages de la Meseta sont plats, avec d’abruptes levées de roche. Le point culminant de l’Espagne continentale ne se trouve pas dans les Pyrénées, mais dans la sierra Nevada, qui appartient au système bétique. C’est le mont Mulhacén, 3 482 mètres. Des plaines plus ou moins profondes tournent autour de tout cela. On note les vastes dépressions du Guadalquivir, au sud-ouest, et de l’Ebre, au nord-est. Fleuves et rivières sont une ressource importante. Le Minho, le Douro, le Tage et le Guadiana sont partagés avec le Portugal. L’aridité marque le régime des cours d’eau du versant méditerranéen. Ce à quoi échappent ceux du versant atlantique. Les archipels espagnols se trouvent l’un en Méditerranée, les Baléares, l’autre dans l’Atlantique, au large du Maroc, les Canaries.
Faune et flore
Distinguons, très schématiquement, une Espagne verte et une ocre, selon une orientation grossière nord-ouest sud-est. La première étant occidentale septentrionale et arrosée, la seconde orientale centrale-méridionale et sèche. À celle-ci, maquis et garrigue (steppe dans La Mancha et le bassin de l’Ebre), olivier sauvage, yeuse, chêne-liège, pins d’Alep et parasol, genévrier, jusqu’à des palmiers, garrics et pistachiers lentisques dans le coin sud-est. À celle-là, la plus belle part du couvert forestier, constitué de chênes – gravelin et rouvre – de hêtres, ormes, frênes, noisetiers, bouleaux, de sapins blancs et de pins noirs. Le chêne tauzin marque la transition entre les deux zones ; son cousin à galle étant le plus généralement distribué. Des plantes en grand nombre sont associées à ces arbres. Vous n’avez pas l’occasion d’aller au Japon éprouver le mono no aware, l’émotion de l’éphémère ? Qu’à cela ne tienne ! Les cerisiers fleurissent par centaines de milliers en Extrémadure de février à mars. Et, un mois plus tôt, la floraison des amandiers pare de ravissante façon Majorque et Gran Canaria. Les archipels ont leur profil botanique propre. Symbole d’amour et de mort, l’œillet rouge est la fleur nationale.
L’isard et la marmotte sont pyrénéens. Le bouquetin ibérique se rencontre plus au sud. Le bouquetin à manchettes, tout au sud. Le cerf, le chevreuil, le renard ou le sanglier sont très répandus. Le loup est épars. Et l’ours brun habite la cordillère Cantabrique. Le lynx pardelle est méridional et refait lentement son effectif. La baleine de Biscaye, qui est une baleine franche et un considérable réservoir d’huile, a été chassée jusqu’au point critique d’extinction. Ceux-ci cachent beaucoup de ceux-là. De la cigogne blanche, qui éprouve de moins en moins la nécessité de migrer jusqu’en Afrique, au puissant et rare aigle ibérique, l’avifaune est riche, mais fragile. Parmi les oiseaux les plus communs sont le chardonneret élégant, la huppe fasciée, la linotte mélodieuse ou le cochevis huppé. L’agrobate roux, le courlis cendré, la pie-grièche à poitrine rose, la caille des blés ou le martin-pêcheur naufragent. Ce qui ne parle pas en faveur de la conservation des milieux. En revanche, des actions déterminées ont tiré d’affaire le vautour moine et le gypaète barbu. Sensibles aux variations climatiques, mobiles, les libellules sont de bons marqueurs du réchauffement. Des espèces africaines, comme le trithémis pourpré, le gomphe de Géné ou l’orthétrum à taille fine, ont gagné la péninsule ibérique.
Quoi qu’on pense par ailleurs de la corrida, le toro de lidia, taureau de combat, est emblématique de l’Espagne. Les plus aptes font l’objet d’un élevage ad hoc ; les autres fournissant prosaïquement de la viande et du cuir. La vache morucha (région de Salamanque) est de même origine. Disons qu’elle est une version travail du toro de lidia. L’Espagne est une grande terre bovine et les races y sont nombreuses : tudanca grise et blanche (Cantabriques) ; l’élégante pyrénéenne ; la minorquine ; la petite cachena aux grandes cornes (Ourense) ; l’andalouse berrenda en colorado, blanche et caramel, antique. Pour n’en citer que quelques-unes. Les chevaux sont un autre symbole. On mentionnera seulement le poney montagnard pottok dans les Pyrénées et le pure race espagnol, de vieille origine andalouse. Un chien ? Pourquoi pas l’intelligent et fidèle berger de Majorque ? Une poule ? Celle de Minorque, qui fait de gros œufs. Et un mouton : le roya bilbilitana, pour son beau brun-noir-blanc et l’allure de ses béliers (Aragon).
Situation environnementale
La transition écologique est au programme du Plan de récupération, de transformation et de résilience adopté en 2021 afin d’engager les 70 milliards d’euros attribués à l’Espagne par le Plan de relance européen. La situation commande. Le trafic routier et l’industrie sont les principaux responsables de la pollution atmosphérique. Question d’énergie. Celle de l’eau est tout autant préoccupante : raréfaction, répartition, qualité dégradée, rejets polluants de la désalinisation de l’eau de mer, irrigation intensive. Un Plan hydrologique national a frayé des voies en 2000 pour améliorer la répartition des eaux à l’échelle nationale et rationaliser l’irrigation. Le pays importe dans les 75% de l’énergie qu’il consomme, l’ambition affichée étant de ramener ce taux à 50% en 2030. La politique de développement des énergies renouvelables a connu des hauts et des bas. En 2023, la part de ces énergies dans la production électrique nationale a été de 50% (objectif 74% en 2030) : hydroélectricité, 9% ; éolienne, 23% ; solaire, 16% ; biomasse, 2%. La biomasse est mise à contribution pour produire aussi des carburants. La mobilité verte a été l’objet d’investissements conséquents mais patine encore. L’Espagne est signataire du Protocole de Tokyo et elle s’en engagée, lors de la COP21, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030. Elle entretient une trentaine de réserves de biosphère et compte un nombre remarquable de sites Natura 2000.
L’Espagne compte seize parcs nationaux. Voyons les quatre classés au patrimoine mondial : Donana, Teide, Garajonay et Monte Perdido. Le premier se trouve en Andalousie, le delta du Guadalquivir en est la formation cadre. Humide, donc, mais pas que. Réserve de biosphère et site Ramsar (zone humide d’importance internationale). Deux animaux sensibles et symboliques y vivent, le lynx pardelle et l’aigle ibérique, mais on le visite surtout pour les foules d’oiseaux d’eau dont c’est le site d’hivernage. Le parc national du volcan Teide, sur Tenerife, îles Canaries, a une valeur archéologique forte : on y trouve de nombreux vestiges guanches. Les Berbères guanches étaient les premiers habitants de l’archipel. Des plantes rares y sont encore présentes, comme le pin des Canaries et la vipérine de Ténérife, à la spectaculaire inflorescence vermeille. Et des oiseaux, parmi lesquels le canari, la fauvette, le pinson bleu. Ce sont des forêts reliques humides qui ont valu son classement au parc de Garajonay, sur La Gomera, Canaries aussi. Les lauriers sont les plantes caractéristiques de ce milieu. Et deux colombidés s’y distinguent : le pigeon des lauriers et celui de Bolle. Le parc national pyrénéen d’Ordesa et du Mont-Perdu est un monument géologique, qui culmine à 3 348 mètres. L’ampleur des paysages est impressionnante. La faune typique de la montagne : marmotte, isard, gypaète barbu, lagopède des rochers. On y trouve également le desman, ou rat-trompette, petit animal amphibie, insectivore et sympathique.
Economie et tourisme
IDH en 2021 : 0,905 / France, 0,903.
PIB par habitant en 2023 : 32 677,00 dollars US / France, 44 460,80.
En 2024, demande intérieure et exportations soutiennent une croissance supérieure à celle de la zone euro prise dans son ensemble. Après la crise sanitaire mondiale, l’économie espagnole est repartie du bon pied et, malgré les aléas, se montre dynamique et performante. Le secteur primaire participe à ces bons résultats : 1er producteur mondial d’huile d’olive, par exemple, fruits et légumes andalous, viticulture, tabac, etc. ; l’industrie minière n’est pas sans arguments (cuivre, fer, pyrite, étain, plomb), mais elle manque de ressources énergétiques conventionnelles – situation de dépendance énergétique, 7e importateur de pétrole brut et 9e de gaz naturel. La Catalogne, le Pays basque et la région madrilène sont les premiers centres industriels : machines-outils, construction navale, automobile, matériel ferroviaire, aéronautique, électronique, mécanique. Le secteur tertiaire est consistant, dans lequel le tourisme entre pour une bonne part. Le Pays basque, la Navarre, la Catalogne et la communauté de Madrid sont les régions espagnoles les plus prospères. L’Andalousie, longtemps parent pauvre de l’économie, remonte au classement. Ces bons résultats d’ensemble ne peuvent pourtant masquer d’importantes disparités et des fragilités sociales. En 2023, le taux de chômage était de 13,3%, mais de très nombreux emplois sont précaires et mal rémunérés. La pauvreté infantile est inquiétante. Le manque de logements sociaux criant.
Le tourisme est un secteur économique capital, près de 13% du PIB en 2023 (et une croissance de 18,6% par rapport à 2019). S’il porte encore les stigmates du séjour balnéaire de masse promu à partir des années 1960, il s’est diversifié, est monté en gamme et a pris le tournant culturel qu’autorise un patrimoine exceptionnel. Pour autant, le succès comporte des risques et le surtourisme affecte déjà Barcelone ou les Baléares. Quant au changement climatique, son impact est sensible : températures excessives, contraction des plages. Le modèle sol y playa a du plomb dans l’aile. Les autorités et les acteurs du secteur en sont conscients, qui entendent trouver des équilibres conciliant curiosité des voyageurs, vie locale et environnement. Déjà, une trentaine de domaines répondent aux exigences de la Charte européenne du tourisme durable. Le littoral demeure un pôle d’attraction majeur, mais l’Espagne peut aussi s’appuyer sur, par exemple, un ensemble important de sites du patrimoine mondial. Où l’on trouve l’Alhambra de Grenade, le vieux Cordoue, les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, les forêts primaires de Castille et de Navarre, la grotte ornée d’Altamira, la biodiversité d’Ibiza, la cathédrale de Séville, le palais de l’Escurial, le monastère royal de Santa Maria de Guadalupe (en Estrémadure), les œuvres de Gaudí à Barcelone, le Paseo del Prado à Madrid, les mines d’extraction du mercure de Castille et de la Manche, la Serra de Tramuntana aux Baléares, le vieil Avila, le vieux Salamanque, etc.