Population

46 600 500 habitants (2019).

Langue officielle

La langue officielle est le castillan (l’espagnol). Certains idiomes ont un statut officiel régional (garanti par la constitution) : basque, catalan, galicien, valencien.

Langue parlée

73% des Espagnols ne parlent que le castillan. A cela, on en ajoutera 10% qui parlent aussi le catalan (ce qui représente 60% de locuteurs en Catalogne) ; 8,2%, le galicien (55,7%, en Galice) ; 1,5%, le basque (40%, au Pays basque) ; 1,5% le romani, (la langue des Gitans) ; 0,5%, l’asturien…

Peuple

L´Espagne est une mosaïque de peuples, dont certains ont gardé une identité très forte, bien que la Péninsule ait pu être considérée comme un creuset. Récemment un sondage montrait que 80% des Basques et 75% des Galiciens se sentent plus Basques ou Galiciens qu´Espagnols. Mais, ces tendances centrifuges ne sont pas perceptibles partout et, en Andalousie côtière, par exemple, vous ne les percevrez pas. Dans toute l´Espagne pourtant, un peuple a gardé une identité singulière : les Gitans. Par leur musique (le flamenco), par la corrida, ils en sont arrivés à représenter une Espagne archétypique et, aujourd´hui, être Gitan n´est plus une tare, bien au contraire. Pour beaucoup, y compris dans l´aristocratie, être admis à une fête gitane est un sujet d´orgueil.

Religion

95% des espagnols sont catholiques. Il n´y a quasiment plus de juifs et les protestants pourraient presque se compter sur les doigts de la main. Restent les musulmans et quelques églises d’importation récente, comme les Pentecôtistes (qui prennent une place dominante dans les communautés gitanes). Le catholicisme est partout, dans les églises et les musées, bien entendu, mais surtout dans la vie quotidienne, rythmée par les fêtes religieuses et patronales, que l´on appelle ferias et romerias (pèlerinages). En Espagne, on fête tout : le saint patron du quartier, de la ville, de la province, de la nation (Saint Jacques, le 29 juillet), plus toutes les fêtes de la Vierge et de beaucoup d´autres saints qui n´existent même pas au calendrier. Attention ! ces fêtes se traduisent par des quantités de jours fériés locaux.

Fête Nationale

12 octobre : jour de l´Hispanité.

Calendrier des Fêtes

Les jours fériés nationaux sont les suivants :
1er janvier : Jour de l´an.
6 janvier : Epiphanie.
Fin mars – début avril : Pâques (comprend le Vendredi Saint). Lundi de Pâques férié en Catalogne, en Navarre et au Pays basque.
1er mai : Fête du travail.
11 juin : Corpus Christi.
15 août : Assomption.
12 octobre : jour de l’Hispanité.
1er novembre : Toussaint.
6 décembre : fête de la Constitution.
8 décembre : Immaculée Conception.
25 décembre : Noël.
 
En plus, chaque région a un jour férié que l´on appelle le « jour de la Communauté Autonome » :
Andalousie : 28 février.
Aragon : 24 avril.
Asturies : 8 septembre.
Baléares : 1er mars.
Canaries : 30 mai.
Cantabrie : 28 juillet.
Castille, la Manche : 31 mai.
Castille et Léon : 24 avril.
Catalogne : 11 septembre.
Communauté Valencienne : 9 octobre.
Estrémadure : 8 septembre.
Galice : 17 mai.
La Rioja : 9 juin.
Madrid : 2 mai.
Murcie : 9 juin.
 
Enfin, une ville ou un village peut avoir un jour férié propre, sachant que le nombre maximum de jours fériés par an est de 15.

Histoire

Lorsqu’ils débarquent, au IIIe siècle avant JC, les Romains trouvent la péninsule peuplée de Celtibères. Il faudra 200 ans pour les soumettre, mais l’Espagne sera une province clé de l’Empire. Tandis que Rome agonise, les Wisigoths (entre autres barbares) bâtissent un château en Espagne. Ils gèrent bien les affaires et font leur pelote, D’abord adeptes de l’arianisme, ils passent au catholicisme (à partir de 589). Bientôt, au Maroc, l’expansion musulmane vient buter sur l’Atlantique. Il faut réorienter les énergies. En 711, Tariq ibn Ziyad, donnant au passage son nom à Gibraltar (Jabal Tariq), vient en Europe à la tête d’une armée berbère. Sept ans plus tard, ils sont à Barcelone. Et les Arabes en Espagne pour sept siècles. L’Espagne (Al-Andalus) participe alors à la brillante civilisation musulmane. Les traces s’en trouvent partout. Les échanges entres maîtres musulmans, juifs et chrétiens sont féconds. La fiscalité religieuse sait raison garder. L’hydraulique arabe est adoptée (certains réseaux d’irrigation fonctionnent encore). L’architecture est adaptée… Pourtant, la Galice et les Asturies ont résisté à la poussée arabe (bataille de Covadonga, 722).
 
Charlemagne essaie quelques piques ; il y perd Roland, au col de Roncevaux. La Reconquista balbutie. Les seigneurs du nord mènent des opérations de brigandage patriotique. A la bataille de Clavijo (844), Saint Jacques (Santiago Matamoros, « tueur de Maures ») intervient miraculeusement au côté des chrétiens. Il est fait patron de l’Espagne séance tenante et l’on découvre son tombeau, à Saint-Jacques-de-Compostelle, dans la foulée. Les idées sont en place, le front est constitué, le pèlerinage lancé. La Reconquête peut véritablement commencer. Les rois catholiques grignotent les positions musulmanes dans la vallée de l’Ebre. Le pape proclame la croisade. En 1212, le roi de Navarre remporte la bataille de Las Navas de Tolosa (dans la province de Jaèn). Al-Andalus est réduite à… l’Andalousie. Castille, Navarre et Aragon se partagent le reste. En 1492, Grenade tombe. La Reconquête est terminée. Une ère nouvelle commence.
 
En 1469, Isabelle de Castille a épousé Ferdinand d’Aragon ; chacun reste roi chez soi. L’Inquisition est mise en place. Les Maures et les juifs sont chassés. En 1516, Charles Quint (de Habsbourg), petit-fils de Ferdinand, devient le premier roi « des Espagnes » (sous le nom de Charles 1er). Il annexe la Navarre à ses possessions. L’exploitation de l’Amérique a commencé ; l’or, l’argent, les épices sont débarqués des caravelles. La Castille produit de la laine, que transforment les Flandres espagnoles. Les tercios semblent invincibles. La Réforme s’affirme, l’Espagne devient une citadelle catholique. Elle détruit la flotte turque à Lépante (1571). Philippe II poursuit la politique de son père Charles. Le commerce, la spiritualité, les arts, tout fleurit. Mais la France s’émeut de cette puissance. Elle n’aura de cesse qu’elle soit rabaissée. Mais les Pays-Bas ont entamé un long combat pour l’indépendance, qui aboutira en 1648. Mais trop d’excès nuisent à une saine gestion. Les fleurs fanent. Le Portugal se détache (1640).
 
A l’aube du XVIIIe siècle, Charles II meurt sans héritier. Exit les Habsbourg. La Guerre de succession d’Espagne met un Bourbon sur le trône. Le pays voit son influence se réduire comme une peau de chagrin. La France et l’Angleterre imposent leurs différents. L’Espagne est à la remorque. Quelques tentatives de réforme échouent à redresser la situation. L’outremer paie les échecs continentaux. La monarchie se délite au point d’en appeler à la France (Charles IV). Plutôt que choisir entre les prétendants, Napoléon simplifie : il installe sont frère Joseph à la tête du pays (1808). L’aristocratie s’incline, le peuple se soulève. La guerre sera féroce. Les paysans et l’armée britannique chassent les Français (1813). Ferdinand VII, le fils de Charles IV, remonte sur le trône et remet de l’ordre. Rudement. Sans héritier mâle, la loi salique (qui écarte les femmes du trône), le gêne. Il l’abolit. Ce n’est pas du goût de son frère Carlos qui, à sa mort (1833), lève des troupes. Première guerre carliste et coup d’envoi d’un siècle de troubles. Entre temps, en Amérique, les colonies obtiennent leur indépendance les unes après les autres.
 
L’Espagne manque le train de la révolution industrielle. L’hispanophilie romantique la montre pour ce qu’elle est : une contrée pittoresque et pauvre. Sur place, un Nord plutôt libéral (ce que le pays compte d’industries est là) s’oppose à un Sud agricole et conservateur. En 1902, Alphonse XIII monte sur le trône. L’Espagne est neutre pendant la Première Guerre mondiale. En 1923, à la suite d’un coup d’Etat, Miguel Primo de Rivera (1870-1930) institue une dictature à visée sociale. Il est contraint de se retirer sept ans plus tard. En 1931, les élections donnent le pouvoir à une coalition antimonarchiste. Le roi abdique, la République est proclamée et entreprend la transformation du pays. Les élections de 1936 sont favorables au Frente popular, de gauche. Mais les institutions demeurent fragiles et faibles face à la violence politique. Avec d’autres généraux, Francisco Franco (1892-1975) fomente un soulèvement militaire, qui rallie quelques régions. La guerre est engagée contre la République. Elle sera impitoyable, prototype de la guerre européenne à venir. En 1939, les Républicains sont vaincus. Ils fuient la répression par milliers.
 
Suivent 36 ans de dictature. Le pays reste à l’écart de la Seconde Guerre mondiale. Il reste aussi à l’écart de la reconstruction politique et économique qui la suit. Le régime s’empoussière. ETA (Euskadi ta Askatasuna, Pays basque et liberté) prend les armes. Au début des années 70, une partie de l’Eglise passe à l’opposition. Franco remet ses pouvoirs au roi Juan Carlos de Bourbon (né en 1938), qu’il a mis en selle (1974). Il meurt l’année suivante. Le nouveau monarque ouvre les fenêtres : les langues minoritaires sont officialisées, les Autonomies installées, les mœurs libéralisées… De nouvelles institutions sont mises en place, que le roi défend avec vigueur lors de la tentative de coup d’Etat militaire de 1981. A cette occasion Juan Carlos gagne ses peuples. Le pays rejoint le concert des nations. Il intègre la CEE en 1986. L’économie fait un bond. L’Espagne compte à nouveau.

Politique

Monarchie parlementaire. Le roi nomme le président du gouvernement (premier ministre) et ratifie les lois ; il est obligé de signer, mais dispose du « délai », ce qui lui permet, théoriquement, de bloquer celles qu´il désapprouve. L´héritier du Royaume porte le titre de Prince des Asturies. Le pouvoir législatif est détenu par les Cortes Generales, deux chambres : un Sénat de 259 membres (208 élus au suffrage universel et 51 désignés par les Autonomies) ; une Chambre des députés de 350 membres, élus à la proportionnelle. Les 50 provinces espagnoles sont regroupées en 19 « Autonomies », disposant d´une large liberté d´action. Les principaux partis politiques sont le Partido Popular (PP), conservateur ; le Partido Socialista Obrero de España (PSOE) ou Parti Socialiste ouvrier espagnol ; Izqierda Unita (IU), qui regroupe les communistes et les Verts. Dans certaines régions, les partis régionalistes ont un poids important : BNG en Galice (Bloc nationaliste galicien), PNV (Parti nationaliste basque) en Pays basque et CiU (Convergence et Union) en Catalogne.

Célébrités espagnoles

  1. Averroès (Abdu’l-Walid Muhammad ibn Rouchd, 1126-1198), médecin et philosophe cordouan, commentateur d’Aristote. Son œuvre, l’une des plus belles illustrations de ce que l’Espagne musulmane a apporté à la culture européenne, sera transmise aux scolastiques latins par des traducteurs juifs.
  2. Ignace de Loyola (1491-1556), basque, militaire converti et fondateur de la Compagnie de Jésus. Parmi d’autres (Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, François-Xavier…), il est l’une des grandes figures de la Renaissance espagnole et de l’Eglise catholique.
  3. Guernica (1937). Ce tableau de Pablo Picasso, est l’une des œuvres les plus célèbres du XXe siècle. Hommage à la ville basque bombardée par l’aviation allemande pendant la guerre d’Espagne, il n’est exposé à Madrid que depuis 1981 (musée de la Reine Sofia).
  4. Manuel Benitez Pérez, « El Cordobés » (né en 1936), ne fut certes pas un torero classique et certains répugnaient à son style quelque peu baroque. Mais l’hérésie, parfois, touche au cœur du grand art. L’Espagne sait admirer ces choses-là.
  5. Julio Iglesias (né en 1943) est-il l’Espagnol universel ? Il incarne, en tout cas, un certain tact dans le mauvais goût, une certaine délicatesse dans la muflerie, une certaine tenue dans la savonnette, qui en font le latin lover quintessentiel.
  6. Périclès, dit « Pépé » (né en 1969). Le fils du chef Soupalognon y Crouton (Astérix en Hispanie) est fier, pugnace, capricieux et charmeur ; il a l’admiration sobre et le sens de la fête. A côté, les Gaulois semblent un peu flottants. C’est l’Espagne, vue d’ici.
  7. Pedro Almodovar (né en 1951) a mis dans des films pétaradants et colorés la renaissance post-franquiste, de la Movida à un certain spleen européen. 
  8. Coco Capitán (1992). La mode se l’arrache – Gucci en premier avec qui elle collabore très tôt. Artiste pluridisciplinaire et engagée, cette native de Séville compose des images doucement subversives, et ses aphorismes publiés sur Instagram sont plus qu’inspirants.
  9. Salvador Dalí (1904-1989). “Je suis fou du chocolat Lanvin !” n’est pas la meilleure formule qu’ait prononcée Dalí, mais elle témoigne de son sens du contre-pied dans un monde où l’art allait, en partie de son fait, s’identifier au marché.
  10. Cristóbal Balenciaga (1895-1972). Né à Getaria, le jeune Cristóbal, initié par sa maman, est un couturier précoce. À 22 ans, il crée sa marque à Saint-Sébastien, avant de s’installer à Paris. Toujours prisée, la maison Balenciaga continue d’habiller actrices et autres célébrités.
  11. Miguel de Cervantès (1547-1616). L’auteur de Don Quichotte a tout simplement révolutionné la littérature. Véritable succès de librairie, son roman connut cinq réimpressions dès l’année de sa parution, en 1605.
  12. Marguerite-Thérèse d’Autriche (1651-1673). En robe bleue (1659), grège (1657) ou rose (1654), l’infante d’Espagne eut l’honneur d’être immortalisée par l’un des maîtres de la peinture universelle, Diego Vélasquez.
  13. Paloma Picasso (1949). Créatrice de mode franco-espagnole et jet-setteuse, elle est la fille des peintres Françoise Gilot et Pablo Picasso. Ce dernier réalise le dessin de La Colombe de la paix l’année de naissance de Paloma, qui signifi e “colombe” en espagnol.
  14. Luis Buñuel (1900-1983). Des scandales ayant ponctué son œuvre surréaliste et souvent insaisissable à l’Oscar de 1973 pour Le Charme discret de la bourgeoisie, le cinéaste n’a eu de cesse d’ébranler les bonnes consciences.
  15. Rafael Nadal (1986). Palmarès épais comme un bottin, prédilection pour la terre battue, rendez-vous épiques avec Roger Federer, lift phénomène : le Majorquin ne laissera pas une trace dans l’histoire du tennis, mais un cratère.
  16. Javier Bardem (1969). Né à Las Palmas (Canaries), Javier Bardem obtient son premier rôle en 1990. Depuis, une carrière internationale, moults prix (Goya, Oscar, Golden Globe…) et un mariage avec Penélope Cruz ont suivi.

Savoir-vivre

Le pourboire est laissé à votre appréciation. Pour toutes les personnes intervenant dans le cadre des prestations achetées par notre intermédiaire, vous avez l´assurance qu´il ne se substituera jamais au salaire. Néanmoins, il est d´usage dans la quasi-totalité des pays au monde de donner un pourboire lorsque l´on a été satisfait du service. Pour les chauffeurs, en cas de transfert, 1 à 3 euros par personne (pas plus de 10 euros par voiture). Pour les guides, 10 euros par jour et par personne. Au restaurant, le pourboire se pratique comme en France. A l’hôtel, 1 euro par bagage au bagagiste. En règle générale, le mieux est d’aligner votre pourboire sur l´économie locale : les prix d´une bière ou d´un thé, d´un paquet de cigarettes, vous donneront un aperçu du niveau de vie et vous permettront, comme vous le faites naturellement chez vous, d’estimer son montant.

Achat

Vous rapporterez broderies et dentelles d´Andalousie ou de Galice, des toiles de lin, mais, surtout, des comestibles : le jambon est partout délicieux et bon marché, les miels sont d´une étonnante diversité, etc. N´hésitez pas à fréquenter les monastères : presque tous vendent des produits élaborés par les religieux (poteries à Leyre, vin de messe à La Oliva…). Dans les grandes villes, cherchez les magasins monastiques, vous y ferez de surprenantes découvertes.

Cuisine

La cuisine de la péninsule est l´une des plus savoureuses d´Europe. Les cuisiniers espagnols sont très attentifs à la qualité de leurs produits. Poissons et fruits de mer sont omniprésents, même au cœur de la Castille. Les légumes sont abondants et bon marché. Des spécialités locales à foison : tripes (callos), à Madrid ; merlu à la biscayenne, au Pays basque ; paella, dans la région de Valence ; fabada (sorte de cassoulet), dans les Asturies… Partout, griller est un art. On trouve, dans les grands restaurants, une cuisine « nouvelle », assez sophistiquée, mêlant viande et poisson, sucré et salé. C’est parfois très réussi. Les tapas (en Andalousie) ou pintxos (au Pays basque) sont des mini-plats, que l´on mange au comptoir, en buvant un verre de vin. La capitale en est sans conteste Saint-Sébastien : nulle part, on n’en trouvera une telle variété (du requin à l´œuf de caille). Ailleurs, il s´agit plutôt de croquettes, canapés, fruits de mer, omelettes… Les cazuelas sont des « plats du jour », généralement servis au comptoir. Les plus populaires sont les albondigas (boulettes de viande hachée), le poulpe, les calmars frits. Les platos combinados (« plats combinés ») ont pour ingrédients de base les œufs, le jambon, les pommes de terre… Charcuteries.
 
Le jambon de montagne (jamon serrano) est un grand classique. Il en existe des dizaines de variétés. Le jambon de Salamanque peut se manger après un an de séchage. Trop vieux ou trop dur, on l´utilise pour parfumer la potée (cocido) ou le bouillon (caldo). Le chorizo est un autre classique : saucisson de porc, parfumé et coloré au piment, plus ou moins épicé. Multiples variantes régionales : celui de Pampelune est haché « gros », celui de Salamanque, haché « fin ». Le lomo est moins connu, il s´agit de filets mignons de porc, séchés et légèrement fumés. Servi avec des œufs frits, c’est l’un des plats les plus populaires du pays. La cecina de Leon est comparable à la viande des Grisons. La morcilla de Burgos ressemble à du boudin ; elle contient du riz (dosage délicat).
 
Poissons et fruits de mer. Les produits de la mer sont une religion et de nombreux transporteurs acheminent quotidiennement le poisson dans les villages les plus reculés. Les berberechos de Cantabrie sont des coques au naturel. On n´imagine pas un bar espagnol sans une assiette de berberechos (ou de navajas, les couteaux) sur le comptoir. Les chipirones de Gipuzkoa sont de petits calmars farcis et cuits à l’encre. Les Espagnols ont une grosse tendresse pour le poulpe. On le mange frit au piment ; avec un filet d’huile d’olive aillée ; froid, en salade ou en escabèche… Les moules sont préparées de toutes les façons possibles. L´anchois est un poisson-roi. Il arrive dans le golfe de Biscaye en avril, où il annonce les sardines et les thons. D'avril à août, il est consommé en friture, mais les prises sont si abondantes qu´il faut en mettre une partie en conserve : légèrement salé, on le garde une semaine ou deux (ces anchois salés sont appelés boquerones) ; à la saumure, il reprend son nom d´ « anchois » et sert à tout parfumer, y compris les laitues.
 
Légumes. Grande tradition maraîchère dans la vallée de l´Ebre, en Navarre et Rioja, ainsi que dans la région de Valence. Les cogollos de Tudela (les sucrines de Tudela) se mangent traditionnellement à la croque-au-sel, avec un filet d´huile d´olive et deux anchois. Les guindillas d´Andalousie sont de petits piments verts, plus ou moins piquants, mis au vinaigre (ancêtres des pickles britanniques). Les piquillos de Lodosa sont des poivrons doux que l’on peut farcir à la morue. Les artichauts de Navarre sont tout petits. Les Navarrais les préfèrent poêlés avec de fines lamelles de jambon. Les câpres d´Andalousie (caporones) sont nettement plus grosses que les nôtres ; elles peuvent avoir la taille d'une olive. Il y a peu, c´était encore la nourriture de base des journaliers andalous, avec l'oignon blanc et l´ail. L´Espagne est le premier producteur européen d´olives. En Catalogne, mais surtout en Andalousie, autour de Jaèn, les oliveraies s´étendent à perte de vue. Le voyageur qui traverse la province de Jaèn en voiture est surpris par l´entêtante odeur d´huile d´olive qui flotte partout. L´olive est consommée verte et, souvent, farcie d´un filet d’anchois ou d´un bout de piment. Fromages.
 
Le manchego est le fromage de brebis traditionnel de la Manche (on en parle dans Don Quichotte), on le trouve partout en Espagne où il est devenu synonyme de fromage de brebis. L´idiazabal de Gipuzkoa est considéré comme le roi des fromages de brebis. Tous les ans, pour la fête de la Vierge, en septembre, les bergers basques se retrouvent dans le petit village d´Ordizia pour élire le meilleur fromage de l´année, qui est ensuite mis aux enchères. Jadis, les notables se battaient pour acquérir ce champion et honorer leurs invités. Aujourd´hui, ce sont les supermarchés qui se le disputent… Le cabrales des Asturies est fait d’un mélange de lait de vache et de lait de brebis, c’est un fromage… puissant. Pâtisseries. L´influence arabe se fait sentir dans la double utilisation du miel et de l´amande. Là-dessus, les conquistadors ont apporté le chocolat, dont les Espagnols sont des consommateurs impénitents. Les tartes de Santiago réconfortent les pèlerins depuis longtemps. Le touron renvoie au début du paragraphe.

Boisson

La bière est ordinaire en tous les sens du terme. Sachez que « cerveza » désigne la bière en bouteille et « caña », le demi-pression. En Asturies, on ne boit pratiquement que du cidre, acide et désaltérant. Si vous demandez « un » cidre, on vous en servira une bouteille. La horchata (qui a donné le français « orgeat ») est l´une des plus vieilles boissons espagnoles, inventée ou introduite par les Arabes dans la région de Valence. Elle est élaborée à partir du broyage des racines d´une sorte de papyrus, qui pousse dans les canaux d´irrigation des huertas. Très rafraîchissante, on la boit dans toute l´Espagne du sud.
 
Mais, avant tout, l´Espagne est un pays viticole : sol calcaire, soleil omniprésent, tradition et main d´œuvre qualifiée ont permis le développement de nombreuses zones de production : Duero, Valdepenas, Rioja, Navarre, Andalousie… Quelques pistes… L’Albarino de Galice. « Albarino », en vieil espagnol, c´est le « blanc du Rhin », issu de cépages bourguignons que les bénédictins replantèrent autour de Santiago. Les blancs de Galice s´apparentent aux vins d´Alsace. Les vignes sont palissées, face aux embruns de l´océan. La production n´est pas mécanisé (et l’on comprend facilement pourquoi quand on voit la taille et la situation des parcelles). Le canyon du Sil, dont les pentes abruptes sont cultivées en terrasse, est l’un des plus beaux paysages d’Europe. Chaque terrasse est occupée par un seul rang de vigne ! Txakoli de Gipuzkoa : vin blanc, rare, astringent et perlé, qui est une vraie relique. Il est issu d'un vieux cépage romain, le même que pour le Jurançon ou le Gaillac, mais conservé inchangé depuis vingt siècles. Le Tempranillo de Rioja est un autre vin créé par les bénédictins sur le chemin de Saint-Jacques. Il existe plusieurs types de vins de Rioja, dont les mieux élaborés peuvent rivaliser avec bien des Bordeaux. Pas très étonnant : lors des guerres carlistes, de nombreux viticulteurs de Rioja ont émigré dans le tout proche Bordelais et en ont rapporté techniques de culture et de vinification.
La vigne est cultivée non palissée, en buissons, afin de la protéger des effets desséchants du vent. Les fino d´Andalousie : xérès, manzanilla, montilla-moriles, il existe de nombreuses variantes des vins blancs secs d´Andalousie. Le xérès est le plus connu, il vieillit bien (les Anglais ont fait sa réputation sous le nom de sherry). Les vermouths sont indissociables des bars espagnols. Il en existe des dizaines, cuits et aromatisés. Chaque producteur affirme que sa recette est la meilleure, la plus ancienne, celle qui a le plus de vertus thérapeutiques. Le vermouth se boit « al grifo », au robinet, coupé d´eau gazeuse, légèrement mousseux et très frais. Le goût dépend donc du producteur, de l´eau choisie par le bistro et du réglage de la pompe qui mélange eau et vin. On trouve, en général, trois types de vin : les primeurs (tintos jovenes), les crianzas (vins élevés), résultant d´un mélange soigneusement conduit et avec peu de garde, et les reservas ou gran reservas, avec une garde plus longue. Enfin (car on ne boit pas que du vin), si vous ne précisez pas « café solo », on vous servira automatiquement un café au lait.

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