Josef Schovanec et la thérapie par le voyage
Docteur en philosophie et en sciences sociales, polyglotte passionné de langues anciennes, écrivain, grand voyageur, et … autiste, Josef Shovanec a longtemps passé ses journées dans sa chambre, restant parfois des mois sans en sortir. Et pour cause : atteint du syndrome d’Asperger, diagnostiqué tardivement, à l’âge de 22 ans, et considéré par erreur comme schizophrène, il a été maintenu sous camisole chimique pendant des années - « ça avait mal commencé : pour moi il y a quelques années, le grand voyage, c’était de parcourir trois stations en bus ». Invité à l’étranger pour intervenir sur l’autisme à l’occasion de colloques ou de cours, il a pris goût au voyage. Et le voyage a changé sa vie.
Aujourd’hui, de l’Ethiopie à l’Arménie, du Japon à l’Iran, Josef Shovanec - qui aime à se décrire comme « saltimbanque de l’autisme » - parcourt inlassablement le monde. Et s’affranchit de son état par le voyage : « en France, je suis autiste, à l’étranger, je suis occidental», dit-il simplement.
Il vante les bienfaits thérapeutiques du voyage pour tous, « face aux petites et grandes névroses de la modernité, beaucoup plus efficace que les bla-bla de divan ». Mais, délaissant les destinations de masse (« entre Barcelone et Ispahan, choisissez Ispahan ! »), il ajoute « le voyage ne vaut que s’il porte un risque, le voyage est un lent apprentissage » On partage sa conception: « le voyage n’est pas là pour satisfaire les désirs immédiats, mais pour les transformer, pour nous transformer».
A lire :
Eloge du voyage à l’usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez Plon, 2014
Voyage en Autistan. Chronique des Carnets du Monde, Plon, 2016