Population
5 683 733, en 2024.
Langue officielle
Bokmal et nynorsk.
Langues parlées
Bokmal, langue des livres, et nynorsk, nouveau norvégien, sont les deux formes d’un norvégien plutôt écrit. Les Norvégiens parlent en général d’autres variantes encore. Tout cela restant mutuellement intelligible. On peut donc considérer que plus de 83 % des Norvégiens ont le norvégien (80 % bokmal et 20 % nynorsk) pour langue maternelle. Ce qui fait un pays linguistiquement homogène. Les langues sames et celles de quelques minorités – Tsiganes (romani), Kvènes (kvène), Skogfinn (finnois), Juifs (yiddish) – ont un statut garanti par la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Néanmoins, le polonais, le lituanien ou le somali ont plus de locuteurs que le same du nord, la première langue des nasjonale minoriteter. L’anglais est largement pratiqué.
Peuples
Les Norvégiens sont, de loin, les plus nombreux. Plus de 83 %. Les Sames, peuple autochtone, sont autour de 80 000. Ils vivent en Laponie, Sapmi, dans le nord du pays, surtout dans le comté du Finnmark. Les Kvènes et les Skogfinn, qui parlent des langues finnoises, sont respectivement de 10 000 à 15 000 et quelques centaines. Les Juifs se situent entre 1 500 et 2 000. Et les Tsiganes dans les 3 000. En outre, on trouve un large échantillon d’immigrants, allant de 118 000 Polonais aux quelque 3 000 Français.
Religions
L’Église protestante-luthérienne de Norvège, Den norske kirke, a été Église d’État de 1537 à 2012. Sa fonction référentielle demeure importante, même dans un contexte où les pratiques s’érodent et se relativisent. Seule la moitié des enfants d’une génération est baptisée désormais. Le catholicisme (autour de 5 % des Norvégiens) ou l’islam (autour de 4 %) – portés par l’immigration – montrent un dynamisme plus ferme que le vieux luthérianisme. En fait, comme un peu partout en Europe occidentale, la religion est écartelée entre l’inquiétude identitaire et un certain décloisonnement individualiste : l’offre religieuse est diversifiée et ouverte au butinage spirituel. Comme toutes les institutions, les structures religieuses sont challengées par la libéralisation de l’information et des décisions.
Fête nationale
17 mai : Grunnlovsdag, jour de la Constitution, 1814.
Calendrier des fêtes
1er janvier : jour de l’an.
Mars ou avril : jeudi et vendredi saints, dimanche et lundi de Pâques.
1er mai : fête du travail.
Mai : Ascension, dimanche et lundi de Pentecôte.
17 mai : fête nationale.
25 et 26 décembre : Noël.
Politique
La Norvège est une monarchie constitutionnelle. Certes révisée plusieurs fois, c’est la constitution de 1814 qui donne le la. Le roi a une fonction surtout symbolique (ce qui n’est pas rien), mais sa signature marque le terme de certains processus politiques. Il est en outre le chef de l’Église de Norvège. Premier ministre et gouvernement sont nommés par le monarque après accord du parti ou de la coalition majoritaire au Parlement. Ils sont responsables devant ce dernier. Le Parlement, le Storting, détenteur du pouvoir législatif, est monocaméral à 169 députés élus à la proportionnelle pour un mandat de quatre ans. Juges de paix, tribunaux ordinaires, cours d’appel et Cour suprême constituent le dispositif judiciaire. La Norvège n’est pas membre de l’Union Européenne, mais elle a accès à l’Espace économique européen.
Histoire
Si l’espace norvégien a connu des peuplements anciens, ce sont les Vikings qui en inaugurent l’histoire moderne. Du IXe au XIe siècle, ils étendent leur influence aux îles du nord de l’Atlantique. Partis des fjords scandinaves, leurs drakkars les emportent en Irlande, aux Orcades, aux Shetland, en Islande, au Groenland et, probablement, sur la côte américaine. Fameux navigateurs. Ce sont des gars costauds et vindicatifs, mais également des commerçants avisés et des administrateurs pointilleux. Volontiers ravageurs, ils fondent aussi souvent. Dublin, par exemple. Vers 885, Harald à la Belle Chevelure aurait, pour la première fois, unifié le pouvoir à l’ouest de la Scandinavie : il réunit sous son autorité les vingt-neuf fylki, petites principautés traditionnelles. La couronne est trop grande pour son fils, Erik Hache sanglante. Si bien que, vers l’an mille, les Danois Sven et Knut ont pris la main. Apparaît alors Olaf Haraldson. C’est l’alliance de la hache et du goupillon : il s’impose par les armes et impose le christianisme (auquel, jeune et fringant Viking, il s’était intéressé en Angleterre). Il poursuit ainsi l’œuvre missionnaire de son prédécesseur Olaf 1er, mort en 1000. Haraldson est couronné en 1016 et, roi Olaf II, donne au pays une structure politico-religieuse « romane » : la Norvège devient européenne de plein droit. Il meurt en 1030. L’Église fait de la couronne une auréole. Et la morue séchée s’exporte bien. Au XIIIe siècle, la Norvège médiévale atteint son apogée. Le Groenland et l’Islande sont annexées. La Grande-Bretagne est en partie sous tutelle. L’Islandais Snorri Sturluson écrit alors L’Histoire des rois de Norvège. Au début du XIVe siècle, Oslo est élevée au rang de capitale. Las ! En 1380, le jeune roi Olaf IV est mis sous l’éteignoir par sa mère danoise, la reine Margrete. En 1397, l’Union de Kalmar, pilotée par le Danemark, réunit celui-ci, la Norvège et la Suède.
La fin de la Kalmarunionen au XVIe siècle (départ de la Suède) ne met pas un terme à la dépendance de la Norvège envers le Danemark. Premier régime d’union personnelle. Cela va durer jusqu’en 1814. La Réforme luthérienne est introduite via Copenhague. Le hareng et, surtout, le bois, font flamber l’économie. Au XVIIe siècle, l’absolutisme royal s’essaie en Scandinavie. Les guerres avec la Suède coupent la Norvège en deux ; puis en reconstituent la continuité territoriale. Au XVIIIe, une conscience patriotique norvégienne s’appuie sur l’idée renouvelée de nation. À la fin du siècle, on se veut neutre, mais on penche du côté de Napoléon (contre la Grande-Bretagne). L’université d’Oslo est fondée en 1811. En 1814, pourtant, il ne fait pas bon s’être rangé derrière l’Empereur des Français. La Suède, qui n’a pas fait le choix corse, réclame que le Danemark lui cède la Norvège. Laquelle proclame alors son indépendance et adopte une constitution (17 mai 1814). Le prince-héritier de Suède envahit séance tenante et impose un nouveau régime d’union personnelle à la Norvège. Celle-ci a préservé l’essentiel. Mais elle se provincialise. Le siècle est aux identités nationales et l’union est dissoute par referendum en 1905. Les Norvégiens appellent Charles de Danemark à ceindre couronne chez eux : vive Haakon VII ! L’économie se cherche un peu. Néanmoins, le pays prend une part déterminante à l’exploration des pôles. Et reste neutre pendant la 1ère Guerre mondiale. Ce qu’on ne saurait lui reprocher. Pendant la 2nde, il n’a pas le choix. Il est envahi par l’Allemagne en avril 1940 (opération Weserübung). La victoire anglo-française de Narvik, avril et juin 1940, pour le contrôle du fer suédois, n’y changera rien. Le roi et son gouvernement s’exilent à Londres. Cinq ans plus tard, les Allemands ont fait table rase de l’appareil industriel norvégien. La reconstruction est à l’ordre du jour. On s’y attelle avec détermination et, sous houlette travailliste, le pays devient un modèle de démocratie sociale. L’économie connaît cette fois un développement vigoureux. La Norvège a adhéré à l’ONU en 1945 ; elle a même fourni à l’organisation son premier secrétaire général, Trygve Lie (1896-1968). Rendue prudente à l’égard du neutralisme, elle rejoint l’OTAN en 1949. La découverte de gisements pétroliers et gaziers (mer du Nord, puis mer de Barents), à la fin des années soixante, donne un coup de fouet supplémentaire à l’économie et ouvre une ère de prospérité. Si l’harmonisation des procédures économiques et administratives avec la CEE puis l’UE se poursuit, les Norvégiens ont refusé par deux fois, en 1972 et 1994, d’intégrer formellement la structure européenne. Et, pendant tout ce temps, les Sames ont défendu, préservé, fait évoluer et, enfin, valorisé leur mode de vie et leur culture. Le renne broute encore.
Personnalités
Olaf le Gros, 993-1030. Sait-on assez que le drapeau de Normandie est à croix scandinave et qu’on l’appelle drapeau de saint Olaf. Le saint, c’est Olaf II le Gros, roi et protecteur de la Norvège. Au Moyen Age, et avant p’têt ben qu’oui p’têt ben qu’non, le terme normand – homme du nord – a signifié Viking. La Normandie fut alors administrée, fort adroitement, par les marchands aventuriers scandinaves.
Sonja Haraldsen, née en 1937, est l’épouse du roi Harald V, né lui aussi en 1937. Les activités caritatives de leur souveraine lui valent le respect des Norvégiens. Lesquels, d’ailleurs, sont attachés à une monarchie de tradition libérale. Ils apprécient également son intérêt pour les arts plastiques et la musique. La reine elle-même pratiquant la technique de l’estampe. The Queen Sonja Art Stable est la salle d’exposition du palais royal d’Oslo.
Edvard Munch, 1863-1944. Les Nazis ont jugé son œuvre entartete, dégénérée, ce qui est, après tout, un gage de qualité. Par la suite, des tableaux comme Le Cri, 1893, ou Anxiété, 1894, sont devenus à la fois des cartes postales et des jalons de l’art moderne. Munch eut apprécié : une exigence plastique largement diffusée allant dans son sentiment.
Thor Heyerdahl, 1914-2002. Il fit de l’aventure un système de pensée : théories hors des voies frayées sur le peuplement de l’Amérique et du Pacifique et voyages à vocation démonstrative. Comme celui du radeau de balsa Kon-Tiki, en 1947, destiné à prouver la théorie par l’action. Quant à l’expédition Râ II, 1969, elle voulait envoyer les anciens Égyptiens en Amérique. Si les sciences n’ont pas confirmé, l’aventure, elle, est restée.
Jostein Gaarder, né en 1952, est l’auteur, très célèbre dans son pays, d’un étonnant succès de librairie : Le monde de Sophie – Sofies verden – a renouvelé le genre introduction à la philosophie. À la lecture de ce livre, on s’est senti devenir intelligent à travers le monde. Et même les plus ombrageux gardiens du temple obscur de la Sagesse n’y ont pas trouvé grand-chose à redire. Une sacrée performance.
Ole Einar Bjorndalen, né en 1974. Heureusement, il y a eu Raphaël Poirée. Sinon, la domination de Bjorndalen sur le biathlon eut été si complète pendant si longtemps qu’elle aurait fini par lasser. Fondeur d’exception, tireur précis et régulier, il a donné à cette discipline nordique par excellence une visibilité nouvelle. Les Norvégiens, fins connaisseurs, ont fait de lui un héros. Et les biathlètes chinois, un entraîneur.
Sonja Henie, 1912-1969. Son visage poupin cachait un tempérament volontaire et exigeant. C’est sans doute la combinaison des deux qui séduisit tant, au-delà même d’un palmarès impressionnant : dix fois championne du monde, trois fois médaille d’or olympique. Elle devint américaine, passa par Hollywood et les spectacles on ice. En tout cas, le patinage artistique avait eu son étoile norvégienne.
Liv Ullmann, née en 1938. C’est sa collaboration avec le grand réalisateur suédois Ingmar Bergman qui a assuré la notoriété internationale de Liv Ullmann (Cris et chuchotements, 1972 ; Scènes de la vie conjugale, 1974). Pour être plus confidentiel, son travail personnel de mise en scène tant au théâtre qu’au cinéma n’en est pas moins de grande qualité. D’ailleurs, cet indice qualité est applicable à toute sa carrière.
Gro Harlem Brundtland, née en 1939, fut la première Norvégienne ministre d’État – premier ministre, travailliste. Elle fut aussi la cheville ouvrière de la formalisation du concept de développement durable, dans le cadre de la Commission mondiale sur l’Environnement et le Développement (rapport Brundtland de 1987, Our Common Future). Et, pour faire bonne mesure, elle a dirigé l’Organisation mondiale de la santé, de 1998 à 2003.
Julie Ege, 1943-2008. Candidate au titre de Miss Univers en 1962, elle a ensuite une carrière cinématographique étrange. On relève sa participation à Creatures the World Forgot (Don Chaffey, 1971) ou Legend of the Seven Golden Vampires (Roy Ward Baker, 1974). On se la rappelle surtout (ou pas) pour avoir donné la réplique à George Lazenby / James Bond dans On Her Majesty’s Secret Service (Peter Hunt, 1969). L’anti Liv Ullmann, en somme.
Savoir-vivre
Le pourboire est à l’appréciation des clients. Pour toute personne intervenant dans le cadre des prestations achetées par notre intermédiaire, il ne se substitue jamais à un salaire.
Néanmoins, il est d’usage un peu partout dans le monde de verser un pourboire lorsqu’on a été satisfait du service.
En ce qui concerne le personnel local – serveurs, porteurs, etc. – les usages varient. Le mieux est d’aligner votre pourboire sur le prix d’une bière, par exemple, ou d’un thé, d’un paquet de cigarettes. Il vous donne un aperçu du niveau de vie et vous permet, comme vous le faites naturellement chez vous, d’estimer un montant.
Une certaine retenue dans les effusions est de mise : ainsi, on ne s’embrasse pas pour se saluer, on se serre la main. Le tutoiement, en revanche, est immédiat et universel.
Cuisine
La mer a fourni à la Norvège de grands produits de négoce. La morue séchée d’abord, dont le rôle alimentaire et culturel depuis le IXe siècle ne peut être sous-estimé : l’Europe doit une fière chandelle au stockfisch. Autre mode de conservation, le fumage a permis d’exporter le saumon, rokelaks. Néanmoins, que serait tout cela sans le hareng, sild, modeste mais quasi universel pourvoyeur de protéines ? Le tonneau - la caque - en a autorisé le commerce au long cours. Bien entendu, les Norvégiens mettent sur leur table ces fleurons de leurs côtes. Par contre, les fruits de mer ne sont l’objet d’une consommation régulière que depuis peu.
Le gibier est l’un des traits distinctifs de la cuisine norvégienne. Élan, cerf, chevreuil ou perdrix se mettent volontiers en sauce et baies. Le renne fait charnière entre gibier et élevage. C’est une viande maigre à la saveur tonique. L’agneau est l’autre étoile des prairies. Dans pinnekjott, il entre salé et séché, avec du chou rave. Fenalar est un gigot d’agneau sec. Quant à la viande de baleine, sa consommation baisse.
Les produits laitiers font partie de l’alimentation norvégienne. La crème entre dans la préparation des sauces, ou celle des desserts. Le rommegrot, par exemple, crème réduite sucrée, est un classique populaire. Si le brunost n’est pas à proprement parler un fromage, le gammelost en est un, et un puissant ! Govbrod, à la farine complète, ou knekkebrod, sans levain, le pain ne doit jamais manquer. Le sandwich fait fréquemment fonction de déjeuner. Les légumes et les fruits frais, les pommes notamment, renforcent leur présence.
Des fast-foods internationaux aux tables étoilées, le Norvège présente une large gamme de restaurants. Les premiers font comme ailleurs. Les autres - tous les autres serait-on tenté de dire - ont une démarche de base un peu similaire : ils sont attentifs à la qualité des ingrédients et sans préjugés envers les formules à adopter. Une liberté que l’on retrouve dans les sandwiches aussi bien que dans la cuisine savante. Le degré d’élaboration change, mais l’attitude de base est partagée. Et la cuisine familiale se pratique dans les familles. L’époque facilite la circulation des pratiques culinaires : les Norvégiens ne se font pas faute de manger empanadas, momo, kimchi ou ceviche.
Street food : le poisson se taille, c’est entendu, la part du lion, si l’on ose s’exprimer ainsi. Du hareng mariné aux fiskeboller - les boulettes de poisson blanc - en passant par lutefisk, la morue à la soude qui accompagne très bien la bière. Polse est la version norvégienne du hotdog, ubiquitaire (et un must dans les stations-services). Sur le pouce aussi, la crêpe de pomme de terre lefse. Les gaufres sont des en-cas sucrés très appréciés (éventuellement avec le fromage brunost et de la confiture de fruits rouges). A Oslo, des halles dédiées permettent de goûter plein de petits plats exotiques.
Boissons
Avec du café et de la bière, les Norvégiens peuvent voir venir. Le premier est un véritable rituel social. Lorsqu’on reçoit, il est servi avec des gâteaux. La seconde est généralement de type pils, blonde et légère. Le mouvement craft beer n’a pas oublié la Norvège, en conséquence de quoi l’offre s’est diversifiée. Le glogg enfin hésite entre grog et vin chaud. Quelle qu’en soit la base, l’hiver est sa saison.