Population

1 102 677 habitants (2010).

Langue officielle

Le grec et le turc.

Langue parlée

78% des Chypriotes ont le grec pour langue maternelle et 18%, le turc. L’un et l’autre, comparés au grec et au turc continentaux, présentent des archaïsmes lexicaux, des emprunts mutuels et une certaine perméabilité au latin et à l’italien. Dans la petite communauté maronite, se trouvent encore quelques locuteurs du syriaque (araméen). Les Arméniens ont encore une pratique courante de leur langue. L’anglais est assez généralement parlé sur tout le territoire contrôlé par la République de Chypre.

Peuple

Des Chypriotes grecs (78%), turcs (18%), maronites, arméniens et des Anglais sur les bases souveraines d’Akrotiri et Dhekelia.

Religion

95% des Chypriotes grecs appartiennent à l’Eglise orthodoxe grecque de Chypre (qui a le statut d’Eglise d’Etat). Les Chypriotes turcs sont pour la plupart des musulmans sunnites. Maronites et Arméniens maintiennent les rites qui leur sont particuliers. Petites communautés catholique, juive, bahaïe, protestante…

Fête Nationale

1er octobre : jour de l’Indépendance (1960).

Calendrier des Fêtes

1er janvier : jour de l’an. 6 janvier : Epiphanie. Mars-avril : Pâques. 25 mars : Annonciation. 1er avril : jour des Grecs chypriotes. 1er mai : fête du Travail. 19 mai : commémoration d’Atatürk (fête turque). 15 août : Assomption. 1er octobre : fête nationale. 24-26 décembre : fêtes de Noël. Les fêtes religieuses musulmanes (fête du Sacrifice, nouvel an, clôture du ramadan…) ont leur calendrier propre, elles changent de date chaque année.

Histoire

L’arrivée des hommes sur l’île au début de l’Holocène a sonné le glas des hippopotames et des éléphants nains : exit Hippopotamus minor et Elephas cypriotes. Des villages permanents sont établis dans le courant du neuvième millénaire. L’UNESCO a classé à son patrimoine le village néolithique de Khirokitia (début du septième millénaire). Pendant l’âge du bronze, Chypre appartient à l’empire hittite. Des marchands mycéniens s’y installent vers 1400 avant JC. Les Grecs viennent plus nombreux au cours du XIe siècle et implantent leur culture. Des colonies phéniciennes apparaissent sur la côte sud au siècle suivant. En 708, l’Assyrie prend les choses en main, puis viennent l’Egypte et la Perse achéménide. Sous Alexandre le Grand (règne 336-323), les Chypriotes retrouvent un pouvoir grec. Dont héritent les Lagides. En 58 avant JC, Rome s’impose. Par sa situation, l’île du cuivre (aes Cyprium) appartient au périmètre de toutes les dominations dans l’est de la Méditerranée. La période byzantine, à partir de 395 après JC, renforce et christianise l’ancrage grec de la culture chypriote. Entre le VIIe et le Xe siècle, les raids des pirates levantins mettent à mal la population et l’économie de l’île et ébranlent le pouvoir que Byzance exerce sur elle. La situation est rétablie en 965 par l’empereur Nicéphore II Phocas. Pendant la Troisième Croisade, pour libérer sa sœur et sa fiancée, prisonnières du potentat local Isaac Doukas Comnène, Richard Cœur de Lion conquiert Chypre (1191), qui devient une base logistique importante pour les croisés. Elle échoit bientôt au Poitevin Guy de Lusignan, roi de Jérusalem (règne 1186-1192), qui la lègue à son frère Amalric, lequel en est reconnu roi par l’empereur Henri VI (règne 1191-1197). Les Lusignan vont occuper le trône jusqu’en 1473. Venise entre alors dans la danse et fortifie Nicosie. La Sérénissime tient les rênes cent ans. En 1570, soixante-mille soldats ottomans envahissent l’île. Quatre siècles de pouvoirs latins n’ont pas détourné les Chypriotes de l’orthodoxie grecque. Les Turcs introduisent le système du millet : les Grecs sont administrés par le clergé orthodoxe et soumis à un impôt confessionnel. L’Eglise a dès lors une fonction d’intermédiaire entre la population et les autorités ottomanes. Elle apparaît aussi comme le ciment de l’identité chypriote. La seconde nouveauté est démographique : le sultan distribue des terres à ses militaires, à condition qu’ils fassent souche dans l’île. Au cours du XVIIe siècle, la population turco-musulmane croît rapidement : immigration et conversions à motifs fiscaux (ce qui suscite un crypto-christianisme non négligeable). Les révoltes sont réprimées. Chypre connaît plusieurs statuts sous la domination ottomane ; des projets d’amélioration raisonnables sont régulièrement contrariés par l’avidité des officiers en poste dans l’île. Le XVIIIe siècle, rude à tous égards (peste, mauvaises récoltes…), est marqué par une forte émigration. La dégradation des conditions de vie et une exploitation éhontée font naître dans une partie de la communauté turque un esprit chypriote (rébellion de Khalil Agha). La pauvreté provoque des révoltes tant des Turcs que des Grecs. L’indépendance de la Grèce (reconnue en 1830) et les appels à l’union (l’énosis) inspirent ces derniers. A la veille du Congrès de Berlin (1878), qui va confier Chypre (qui reste de jure une possession turque jusqu’en 1914) à la Grande-Bretagne, les Turcs sont un peu plus de 30% des habitants de l’île. L’Union Jack provoque peu de départs. Les Anglais ont désormais dans l’est méditerranéen des positions clés. La route des Indes est assurée. Londres ne parvenant pas à fermer la Porte à l’Allemagne, Chypre est annexée au début de la Première Guerre mondiale ; elle devient une colonie de la Couronne en 1925. Pendant les années vingt, de nombreux Chypriotes turcs rejoignent la nouvelle République de Turquie de Mustafa Kemal. Après la Seconde Guerre mondiale, l’idée d’union avec la Grèce réapparait. L’EOKA, l’Organisation nationale des Combattants chypriotes, prend les armes pour l’indépendance et l’énosis. Parallèlement, la TMT, l’Organisation de Résistance turque, prend les armes pour l’indépendance et la partition du pays. Les uns et les autres veulent voir partir les Britanniques, qui réagissent violement. En 1960, la Grande-Bretagne, la Grèce et la Turquie sont pourtant les garants de l’indépendance de Chypre (16 août). La souveraineté sur les bases d’Akrotiri et Dhekelia est concédée à la première. Des violences intercommunautaires, alimentées sinon provoquées par le nationalisme des motherlands, éclatent trois ans plus tard, entrainant une intervention militaire de l’ONU. Les Américains contiennent l’élan de la Turquie. La situation est stabilisée, mais les Chypriotes turcs sortent du jeu institutionnel. En 1974, la Grèce des colonels pilote à Nicosie un coup d’Etat pro-énosis (15 juillet). L’armée turque intervient (20 juillet, opération Attila) « pour restaurer l’ordre constitutionnel » et établit une tête de pont à Kyrenia. Le coup d’Etat fait long feu. Ce qui n’empêche pas la Turquie de reprendre son offensive militaires et d’occuper 37% du territoire chypriote. La pression internationale impose un cessez-le-feu, le nord-est de l’île demeure sous le contrôle des forces turques. Le partage ethnique s’ensuit de part et d’autre de la ligne verte. Depuis, condamnations et efforts de conciliation ont échoué à restaurer l’unité politique du pays.

Politique

La République de Chypre est une république présidentielle. Son autorité s’étend de droit sur l’ensemble de l’île. Cependant, l’intervention turque de 1974 a provoqué une partition de fait. La proclamation en 1983 d’une République turque de Chypre du Nord (3 355 km², capitale Lefkosa) a été reconnue par la seule Turquie. Le président de la République, chef de l’Etat et du gouvernement, est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans (la constitution de 1960 prévoyait qu’un Grec occupe le siège présidentiel et un Turc celui de vice-président - chacun élu par sa communauté). C’est le parlement qui détient le pouvoir législatif : la Chambre des Représentants est à 56 membres élus à la proportionnelle, plus 3 observateurs (pour les communautés maronite et arménienne et pour l’Eglise catholique). 24 sièges sont réservés aux représentants turcs : inoccupés depuis 1964. L’indépendance du pouvoir judiciaire est garantie. La République de Chypre est membre de l’ONU (1960), du Commonwealth (1961) et de l’Union Européenne (2004).

Célébrité

Zénon de Cition (335-264) est le fondateur de l’école stoïcienne (du Stoa Poikilè, le Portique peint d’Athènes). On n’a plus de ses livres que les titres et de sa doctrine que des bribes. « Le bonheur réside dans le cours régulier de la vie. » C’est un penseur de la lignée socratique, qui a croisé les cyniques et les logiciens mégariques. Cition est aujourd’hui Larnaka. Mikhail Khristodoulou Mouskos (1913-1977), primat de l’Eglise orthodoxe de Chypre sous le nom de Makarios III, fut président de la République de 1960 à 1977. Attaché à l’indépendance du pays (dont il a fait un non aligné), il a œuvré avec persévérance en faveur de la cohabitation dans un même Etat des communautés grecque et turque. Moshé Michaël Brand (1947-1975). La naissance à Famagouste du futur Mike Brant, chanteur israélien, fils de Bronia Rosenberg (de Lodz) et de Fichel Brand (de Bilgoraj), refoulés de Palestine mandataire, illustre bien le fait que l’histoire européenne est souvent en transit à Chypre. Marcos Baghdatis (né en 1985) est l’un de ces joueurs de tennis professionnel dont la renommée est tissée de défaites méritoires : une finale (inattendue) contre Roger Federer en 2006 à l’Open d’Australie, un second tour de l’US Open contre Andre Agassi la même année (le dernier succès d’Agassi sur le circuit)… Mais il y a aussi des victoires méritées : au tournois de Stockholm (2009) ou au tournoi de Sydney (2010)… Alkinoos Ioannidis est né à Nicosie en 1969, c’est un représentant respecté de l’entekhno, la chanson intello, qui combine influences occidentales et motifs traditionnels pour porter des textes qui aillent un peu plus loin que a wopbopaloopbopalopbamboom.

Savoir-vivre

Le pourboire est laissé à votre appréciation. Pour toutes les personnes intervenant dans le cadre des prestations achetées par notre intermédiaire, vous avez l’assurance qu’il ne se substituera jamais au salaire. Néanmoins, il est d’usage dans la quasi-totalité des pays au monde de donner un pourboire lorsque l’on a été satisfait du service. En règle générale, le mieux est d'aligner votre pourboire sur l'économie locale : les prix d’une bière ou d’un thé, d’un paquet de cigarettes, vous donneront un aperçu du niveau de vie et vous permettront, comme vous le faites naturellement chez vous, d'estimer son montant. Dans la plupart des cas, au restaurant, le pourboire (de l’ordre de 10%) est inclus dans l’addition. Une tenue correcte est généralement attendue de tout un chacun et en toutes circonstances, mais elle est exigée lors de la visite de monastères ou de sanctuaires (dont certains sont interdits aux femmes). Dans un espace sacré, on s’abstiendra de prendre des photos sans autorisation. On ne refuse pas à qui propose quelque chose à boire (c’est un devoir d’hospitalité). Certains commerçants font ainsi leur communication. En revanche, le marchandage est peu pratiqué. De part et d’autre de la ligne verte, « l’autre côté » est un sujet sensible.

Achat

Parmi les productions artisanales, la dentelle (celle de Lefkara en particulier) tient le premier rang. La broderie vient juste après. L’une et l’autre permettent la confection de splendides ensembles de linge de table. La poterie a ses lettres de noblesse : elle est l’une des plus anciennes activités techniques de l’île. Le travail du cuir ou du cuivre, la vannerie, la sculpture sur bois (sur les coffres de mariage, par exemple) comptent d’excellents ouvriers. Leur inspiration puise volontiers dans des traditions de motifs qui remontent à l’Antiquité. Les boutiques du Service de l’artisanat chypriote proposent des pièces de bonne qualité.

Cuisine

Le fonds de la cuisine chypriote est grec. Les Turcs ont apporté leur art et leur manière. Des influences anglaise ou italienne se descellent ici et là. On cuit au four et on grille au charbon de bois. Du poisson d’abord et des fruits de mer : rouget, bar, poulpe, calamar, mais aussi morue et hareng salés. Le porc est la viande la plus commune (sauf en milieu musulman, bien sûr), puis viennent le poulet, l’agneau, la chèvre, le bœuf. Au sud, les viandes sont volontiers marinées au vin rouge, épicées, fumées, séchées (loukanika - saucisses marinées, hiromeri - jarret de porc mariné, lountza - filet de porc séché…). Ofto kleftiko, un ragoût d’agneau au laurier est très populaire. Très populaires sont aussi les mezzés, ces petits plats en ribambelle, qui sont normalement des entrées, mais dispensent bien souvent du reste. Mezzés viande, poisson ou mixte, c’est selon. Des légumes ? Pomme de terre, courgette, chou-fleur, betterave sont quotidiens. La mongette, le gombo ou l’artichaut violet, fréquents. Les aubergines sont l’un des ingrédients de l’inévitable moussaka. Les tomates, bien sûr les tomates ! Des fromages ? Halloumi (lait de chèvre, thym), feta (lait de brebis), anari (lait de chèvre ou de brebis)… Le premier se mange souvent grillé. Les fruits produits dans l’île se sont acquis depuis longtemps une solide réputation d’excellence. Quant aux pâtisseries et aux friandises, elles doivent de nombreux traits à l’empire ottoman.

Boisson

En principe, l’eau du robinet est potable mais, pour éviter tout tracas, on boira de l’eau minérale en bouteille, des sodas, de la bière (la Keo est une lager brassée à Limassol), du thé ou du café (à la turque, allez…). La tradition viticole de l’île est très ancienne. On produit aujourd’hui des blancs, des rouges, des rosés, mais le plus fameux des vins chypriotes est la Commandaria, un vin doux muté produit à partir de raisins en partie déshydratés de cépages xynisteri et mavro. L’ouzo et la zivania, une eau de vie de raisin, ouvrent et ferment les repas.

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